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C'est pas mon idée !

mardi 2 février 2021

La fièvre du paiement différé inquiète

FCA
Dans le sillage des pionniers Klarna (en Europe) et Affirm (aux États-Unis), le paiement différé (BNPL, pour « Buy Now Pay Later », en anglais) connaît un engouement massif depuis quelques mois… qui commence à inquiéter sérieusement les régulateurs en raison des risques incontrôlés qu'il engendre pour les consommateurs.

Le boom est en partie dû à la crise sanitaire, à travers la pression qu'elle a exercée sur les revenus des populations fragiles et la transition vers le commerce en ligne où le service est le plus fréquemment déployé. Outre-Manche, notamment, le recours à ces nouvelles facilités, qui se substitue aussi à des options de crédit plus onéreuses (dont les cartes de crédit), a presque quadruplé en un an, touchant désormais 5 millions de personnes pour un montant total atteignant 2,7 milliards de livres sterling.

Alimentant la vague en même temps qu'ils la font croître, une multitude d'acteurs, partout dans le monde, se positionnent rapidement sur le marché, depuis des jeunes pousses, telles qu'Alma, en France, qui vient de lever un peu moins de 50 millions d'euros pour poursuivre son développement, jusqu'aux banques traditionnelles, à l'instar de RBC, au Canada. Les premières sont attirés par un domaine relativement facile à pénétrer tandis que les secondes y voient un vecteur d'expansion de la distribution de crédit.

Dans tous les cas, le concept séduit par ses qualités, surtout en comparaison des alternatives existantes. Pour le consommateur, il constitue un moyen d'obtenir un financement au moment de régler un achat, instantanément, sans frictions majeures, sans complications et avec des conditions généralement avantageuses, Côté marchand, c'est l'assurance de ventes supplémentaires, sans risque financier. Enfin, côté fournisseur, l'analyse de données qui rend possible le modèle garantit une fiabilité optimale.

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Malheureusement pour cette vision idéalisée, les dérives n'ont pas tardé. Selon plusieurs études, les offres de paiement différé entraînent des comportements dangereux. Toujours au Royaume-Uni, plus d'un utilisateur sur dix aurait des arriérés à purger, un tiers parmi les 18-34 ans auraient déjà manqué une échéance, 44% de ceux qui en ont profité pour leurs emplettes de noël (2020) se disent pessimistes quant à leur capacité de remboursement… Il n'en fallait pas plus pour attirer l'attention des autorités…

Après une première anicroche légale en Suède, pays natal de Klarna, le régulateur britannique s'apprête, en dépit de quelques hésitations parlementaires au début de l'année et en réponse à une revue détaillée de la situation menée depuis, à prendre des mesures drastiques dans un secteur où les exigences sont aujourd'hui plutôt légères. Un texte ad hoc, destiné à aligner les pratiques sur celles en vigueur pour le crédit, devrait être préparé en urgence, pour une mise en œuvre sous quelques mois.

Comment a-t-on pu en arriver là, alors que les méthodes d'évaluation de la fiabilité des emprunteurs exploitées par les solutions de BNPL, tellement vantées, devaient éviter tout danger de défaillance et, plus généralement, de surendettement ? Aurions-nous été bernés par ces approches innovantes – par exemple incapables, paraît-il, d'identifier les paiements différés en cours – et faudra-t-il donc rendre obligatoire, comme le suggère la FCA, la vérification des scores de crédit (!) afin d'éviter un désastre en gestation ?

La (triste) réalité est que la promesse des algorithmes n'est pas vaine… mais qu'elle n'est pas à la portée de n'importe qui. Face à une entreprise qui prend le sujet au sérieux (qui, en particulier, se préoccupe de l'équilibre de son modèle économique, incompatible avec des taux de défaut élevés), il en est d'autres qui se lancent trop vite, avec des systèmes approximatifs, et courent à leur perte… et à celles de leurs clients. Alors oui, il faudra une intervention réglementaire. Mais elle ne devra pas se tromper de cible.

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