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C'est pas mon idée !

mardi 3 novembre 2015

La blockchain intéresse la bourse australienne

ASX
Après une première expérimentation du NASDAQ américain visant la gestion des titres de sociétés privées, c'est désormais l'opérateur de la principale bourse australienne, ASX, qui, selon un article de la presse locale, envisagerait sérieusement d'utiliser la « blockchain », de manière à simplifier et fiabiliser son système de compensation.

Les règlements et livraisons de titres (« post-trade ») concernés par cette proposition sont actuellement pris en charge par un dispositif baptisé CHESS (pour « Clearing House Electronic Subrregister System »). Âgé de plus de 20 ans, celui-ci est en voie d'obsolescence et devrait être remplacé à court terme. La bourse pourrait donc saisir cette opportunité pour franchir un bond technologique et passer immédiatement à une nouvelle génération de solutions, rompant avec les habitudes du passé.

Le défi est en effet extrêmement ambitieux, puisque la transition vers la « blockchain » consisterait à abandonner une culture millénaire de gestion des comptes centralisée, au profit d'une approche non seulement décentralisée mais aussi, potentiellement, dépourvue d'autorité de contrôle. Car l'objectif est, dans cette hypothèse, de répartir le registre des transactions sur un réseau d'ordinateurs, dont la coordination et l'intégrité globale sont exclusivement garanties par des algorithmes cryptographiques.

Autrement dit, et pour revenir aux fondamentaux du bitcoin, la « blockchain » représente un logiciel informatique capable de se substituer en partie au concept usuel – en tant que personne ou organisation – de tiers de confiance : en distribuant les données à conserver (et à sécuriser) sur un ensemble de machines indépendantes, assujetties à aucun organe centralisateur (ou autre propriétaire), elle établit un système de confiance quasiment inviolable, reposant sur le consensus de la majorité.

CHESS

Naturellement, cette vision soulève une question sensible : si les algorithmes peuvent remplacer l'intermédiaire, celui-ci est-il donc condamné à disparaître ? Ou, pour être plus explicite, dans le contexte de la bourse australienne, les dirigeants d'ASX sont-ils en train de mettre en œuvre le principe de destruction créatrice de Schumpeter ? Et, dans ce cas, quelle est la perspective pour leur métier de base ? Devenir un simple fournisseur de logiciels de règlement-livraison de titres sur la « blockchain » ?

C'est généralement à ce stade de la réflexion que l'acceptation du modèle atteint ses limites dans les institutions financières. La plupart d'entre elles ne peuvent (logiquement ?) admettre de se voir réduites à un rôle mineur dans un marché que, jusqu'à maintenant, elles contrôlent entièrement, par leur position d'intermédiaire incontournable. Alors, elles dévoient le concept et le transforment en une simple base de données décentralisée (au sens technique), qu'elles veulent administrer elles-mêmes.

Seules quelques initiatives montrent une véritable compréhension de la valeur disruptive de la « blockchain », qui est essentiellement de permettre à deux parties qui ne se connaissent pas de conduire une transaction en toute confiance et en totale autonomie. Ce n'est qu'en acceptant cette idée que les bénéfices recherchés – de réduction de coûts, de meilleur efficacité, d'accélération… – pourront être obtenus. Et, aujourd'hui, cela n'est possible qu'en exploitant l'infrastructure bitcoin existante, en aucun cas avec une solution dérivée purement technique. ASX suivra-t-il NASDAQ dans cette voie ?

3 commentaires:

  1. Que se passe-t-il en cas de crise avec la blockchain?
    Corruption de la base, divergences entre 2 chaînes, contestation de l'opération enregistrée, saut technologique cassant la crypto, etc. ?

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    1. La plupart des réponses sont présentes dans les spécifications de la blockchain. C'est ce qui en fait tout l'intérêt ;-)

      Par ailleurs, pourquoi personne ne se pose les mêmes questions concernant les systèmes existants ? Qui croit vraiment qu'ils sont inviolables, à une époque où les failles de sécurité (y compris dans les institutions financières) font l'actualité quotidienne ?

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    2. Ils ne sont probablement pas inviolable, mais il y a "quelqu'un à faire payer" derrière, et une autorité - aussi arbitraire soit-elle - qui peut mettre fin à des situations equivoques. De même, si la faille est trop ouverte, cette autorité peut changer de système.

      en cas de divergence, la plus longue chaine l'emporte (de ce que je comprends). cela revient à pouvoir annuler une opération que je crois effective. Une instance centrale ferait face à un proces si elle reniait une preuve d'opération.

      Bref en cas de catastrophe, un acteur central met sa peau en jeux. Je ne vois pas où la blockchain crée ce genre de protection extreme.

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