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C'est pas mon idée !

mardi 31 mars 2015

La FBF joue sur la peur face à la modernité

FBF
Depuis que le projet en a émergé en 2013, la prochaine révision [PDF] de la directive européenne des services de paiement (« DSP2 ») – qui devrait être adoptée en 2015, pour une transposition prévue en France vers 2017 – fait grincer les dents des banquiers. A l'approche de l'échéance, leurs arguments se font de plus en plus spécieux.

L'objet du litige est bien connu : selon le texte proposé, les banques auraient l'obligation de mettre à disposition des établissements de paiement – dûment accrédités – un certain nombre d'informations sur les comptes de leurs clients (par exemple la disponibilité des fonds nécessaires à l'exécution d'une opération), sur demande de ces derniers. Naturellement, il est facile de comprendre la nervosité des banques à ouvrir ainsi au monde extérieur le « trésor » que constituent les données de leurs clients.

D'une part, il s'agit d'une vraie brèche ouverte dans leur monopole, alors qu'elles possèdent aujourd'hui un avantage exclusif, notamment dans la gestion de moyens de paiement autres que la carte bancaire (dont les virements). Par ailleurs, la mise en œuvre de dispositifs offrant un accès aux comptes des clients est plus ou moins « contre nature » dans un secteur qui, historiquement, cultive le secret et l'opacité. Enfin, accessoirement (ou pas ?), tout cela représentera une charge nette pour les banques.

Cependant, les institutions financières ne peuvent admettre trop clairement qu'elles souhaitent protéger leur pré carré ni, pire encore, qu'elles pourraient avoir des difficultés techniques à répondre à ces exigences réglementaires additionnelles. Alors, par la voix de la FBF (Fédération Bancaire Française), elles affirment accueillir la concurrence à bras ouvert mais craindre pour la sécurité des données qu'elles devront partager. Voilà le prétexte imparable, qui justifie de se méfier de tout, de la technologie, des nouveaux entrants, des idées originales…

Message de la FBF

La stratégie « FUD » (« Fear, Uncertainty and Doubt ») déployée ici est classique, et, comme toujours, elle n'est soutenue par aucune réalité. Non seulement la directive DSP2 inclut les garde-fous nécessaires pour protéger l'argent des consommateurs, mais, de plus, les données concernées ne sont pas les plus sensibles. En réalité, s'il existe effectivement un risque de sécurité, c'est peut-être plutôt du côté des systèmes des banques qu'il sera le plus critique, en raison de leur nouvelle ouverture sur l'extérieur.

Finalement, là réside probablement la véritable raison du rejet de la directive, effrayante par la responsabilité qu'elle fait porter sur des établissements incapables de se projeter dans le monde moderne où règnent la collaboration et le partage d'information. Qu'adviendra-t-il donc quand la réglementation leur imposera de mettre des APIs à disposition des développeurs (comme l'envisage le Royaume-Uni) au lieu de faire comme si les outils de PFM actuels n'existaient pas, alors qu'ils collectent les identifiants d'accès aux services en ligne de leurs utilisateurs ?

Plutôt que de s'épuiser en arguments stériles, les banques feraient beaucoup mieux de se préparer concrètement à l'inévitable, qui arrive déjà via les concurrents qu'elles disent accepter. Qui sait, elles y trouveraient peut-être même des opportunités insoupçonnées (suivez mon regard vers le CA Store…) ?

lundi 30 mars 2015

Final crée une carte de paiement anti-fraude

Final
Pour les fondateurs de Final, la lutte contre la fraude a une saveur particulièrement amère puisque, à la suite du vol massif de données chez Target en 2013, les désactivations brutales de leurs cartes bancaires les ont laissés, l'un dans l'impossibilité de payer son café, l'autre sans aucun accès à son argent pendant un voyage en Europe.

De cet incident est née leur idée de créer une solution différente, qui éviterait que la défaillance d'un commerçant quelconque n'ait, sur la vie entière de ses clients, un impact aussi dramatique que celui qu'ils ont vécu. Pour ce faire, ils se sont simplement emparés du concept de (numéro de) carte à usage unique, qu'ils ont ensuite complété pour mieux l'adapter aux exigences du consommateur moderne, notamment en termes d'expérience utilisateur et de richesse fonctionnelle.

Sa première originalité est de ne pas se limiter aux paiements en ligne, ce qui était évidemment un impératif dans le contexte de sa création. L'offre comprend donc une vraie carte en plastique – au standard EMV, qui plus est – produisant un nouveau numéro, jetable, pour chaque transaction exécutée. De la sorte, dans le cas d'un piratage dans les systèmes informatiques du marchand, le porteur ne court aucun risque, les données enregistrées ne sont absolument pas réutilisables. L'intégration dans un porte-monnaie mobile (Apple Pay, peut-être ?) est aussi prise en charge.

D'autre part, la protection des opérations réalisées en ligne ou sur mobile est elle-même enrichie par rapport à ce que l'on connaît jusqu'à maintenant. Classiquement, un greffon pour les principaux navigateurs web ainsi qu'une application mobile permettent de générer (et, souvent, de remplir automatiquement) un numéro de carte temporaire, pour un montant plafonné, si nécessaire. Mais il est également possible, avec les mêmes outils, d'associer une carte virtuelle à un commerçant spécifique.

Final

Grâce à ce mécanisme, plus pratique que la génération systématique d'un numéro (en particulier sur les sites qui permettent l'enregistrement des coordonnées bancaires), la protection de la carte devient un jeu d'enfant. Tout d'abord, l'émetteur peut procéder à une annulation lorsqu'il est notifié d'un incident chez un marchand, sans frais et sans affecter globalement la capacité de paiement de ses clients. Et ces derniers peuvent révoquer eux-mêmes, d'un geste, la carte associée à une marque, d'autant qu'ils reçoivent une notification « actionnable » dès qu'une transaction est réalisée.

Les concepteurs de Final sont conscients qu'il n'est pas facile de convaincre les consommateurs de prendre soin de leur sécurité, surtout avec des outils qui restent, malgré tout, contraignants. Ils comptent cependant sur les effets des multiples affaires récentes de vol de données, dont la large couverture médiatique devrait avoir contribué à changer les mentalités. Pour le reste, c'est la qualité de l'expérience offerte qui devra faire la différence et la startup est plutôt bien dotée, sur ce plan.

Bien que le concept soit séduisant, le positionnement de la carte Final est tout de même à contre-courant des tendances actuelles, qui visent à remplacer – au moins dans les porte-monnaie mobiles – la transmission des références de paiement par une solution standardisée d'envoi de jeton (« token ») à usage unique. Elle répond donc bien à un problème immédiat (et sensible), mais son espérance de vie sera intimement liée aux progrès de ces approches de sécurité émergentes.

dimanche 29 mars 2015

Nouveau Facebook, nouvelles opportunités

Facebook
Quelques jours après la présentation de son service de paiement entre particuliers, Facebook profitait de sa conférence développeurs « F8 » pour dévoiler une autre série de nouveautés, qui devraient permettre aux entreprises de mieux capitaliser sur l'immense potentiel du réseau social, notamment en matière de relation client.

Tout d'abord, donnant (enfin !) un sens à la scission de son application mobile en deux, il y a plus de 3 ans, Facebook transforme désormais son outil de messagerie instantanée Messenger en une plate-forme de services. Les développeurs obtiennent ainsi le moyen d'y intégrer leurs propres solutions, de manière à enrichir l'expérience des 600 millions de personnes qui l'utilisent chaque mois. Il devient alors possible d'offrir au mobinaute des options inédites et autres contenus originaux, interactifs et simples d'accès.

Dans la droite ligne de ce premier ajout, Facebook lance – initialement avec quelques partenaires triés sur le volet – une solution spécifique pour les entreprises : Businesses on Messenger. L'ambition affichée est de concevoir un nouveau modèle de service après-vente. Une fois inscrit, après un achat, le client dispose d'un vecteur de conversation directe avec la marque, grâce auquel il peut poser des questions, demander à modifier sa commande… ou, à l'inverse, recevoir des informations, des offres spéciales…

Facebook Messenger pour les entreprises

Les cas d'utilisation exposés sur le site de Messenger manquent singulièrement d'imagination, entre la quarantaine d'applications déjà intégrées dans la plate-forme – qui se contentent, pour la plupart, de jouer sur le type des messages échangés – et la cible, certes évidente, de l'assistance à la clientèle dans le commerce de détail. Si Facebook laisse une certaine liberté aux développeurs, il est relativement facile d'envisager une multitudes d'opportunités pour ces services, en particulier dans le secteur financier.

Des alternatives à l'option de paiement conçue par Facebook pourraient par exemple être mises en œuvre par les banques, en tentant de jouer sur des arguments différents (la confiance ou la sécurité, peut-être ?). Avec un peu plus d'ambition, pourquoi ne pas concevoir un véritable canal de dialogue avec un conseiller financier ou un agent d'assurance (plus riche et plus moderne que le SMS), affirmant de la sorte une présence sur les médias préférés d'une partie (intéressante) de la clientèle ?

Car, si l'enjeu pour Facebook est de retenir ses utilisateurs sur sa plate-forme le plus longtemps possible (en vue de capter un maximum de revenus via leur exposition à ses publicités), les entreprises peuvent également tirer avantage de leur fréquentation massive (qui touche à l'addiction) et de leur fidélité, afin de renforcer le lien qu'elles entretiennent avec leurs clients.

samedi 28 mars 2015

Mobilité bancaire, le match France-Angleterre

U.K. Department for Business, Innovation and Skills
Tandis que, en France, un projet de loi est tout juste en préparation [PDF] afin de faciliter un peu plus le changement de banque pour les particuliers, le Royaume-Uni accueille désormais son premier comparateur en ligne basé sur les données de transactions réelles du candidat à la migration. L'écart de maturité se creuse rapidement…

Ainsi, les dernières propositions du Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) hexagonal évoquent la mise en place – dans le cas d'un transfert de compte d'un fournisseur vers un autre – de méthodes d'échange automatisé des informations relatives aux mandats de prélèvements et autres virements récurrents, ainsi qu'un mécanisme d'alerte sur les chèques présentés après clôture. Bien que le résultat soit presque identique pour le consommateur, cette approche est tout de même en retrait par rapport au service britannique équivalent, notamment en termes de fiabilité.

Par ailleurs, depuis que la procédure de migration de compte a été mise en place, en 2013, le gouvernement de sa majesté a accru la pression sur les institutions financières. L'étape suivante, initiée la même année, consistait – à travers le programme « midata » à inciter ces dernières à offrir à leurs clients un accès à leurs données bancaires. Un an plus tard, les 6 principaux établissements du pays s'inclinaient et acceptaient de participer à l'entreprise. Encore 9 mois et voici donc la concrétisation des efforts.

Présentation de midata par GoCompare

C'est Gocompare.com – comparateur web couvrant une multitude de domaines (argent, assurance, voyage, énergie…) – qui lance ainsi le premier outil de recherche personnalisée de compte courant. Finies les évaluations à l'aveuglette, dans lesquelles l'internaute précise tant bien que mal ses besoins en fonctions de ses habitudes (plus supposées que réelles). Ici, l'utilisateur transmet l'historique de ses opérations, obtenu en quelques clics auprès de sa banque, et le site lui indique l'offre optimale pour le comportement budgétaire déterminé par l'analyse de ces données.

Grâce à ce dispositif, qui n'est certainement pas le dernier qu'engendrera le programme « midata », le changement de banque n'aura jamais été plus simple pour le consommateur britannique, depuis la recherche de la solution qui lui convient le mieux jusqu'à la migration effective de ses comptes. Étonnamment, il n'aura même pas été nécessaire de légiférer pour arriver à ce résultat, au moins pour les 6 enseignes concernées actuellement, qui ont simplement cédé à la menace réglementaire.

Et voilà comment un gouvernement tient sa promesse de stimuler la concurrence bancaire grâce à des initiatives technologiques, en soutenant plus particulièrement les nouveaux entrants (qui se multiplient). Pendant ce temps, en France et dans beaucoup d'autres pays, on en est encore à tergiverser sur les moyens de fluidifier les échanges d'information entre établissements, en vue d'accélérer une mobilité des comptes qui continue à reposer largement sur des procédures manuelles…

vendredi 27 mars 2015

Aspiration, l'investissement avec une conscience

Aspiration
Aidé par la notoriété grandissante de quelques startups à travers le monde, le concept de « conseil financier automatisé » (« robo-advisor ») commence à inquiéter les acteurs historiques de l'investissement. À voir le bouillonnement d'idées qui continue à agiter le secteur, ils ne sont certainement pas au bout de leurs peines.

Ainsi, parmi les dernières nées dans ce domaine (aux États-Unis), Aspiration repousse encore un peu les limites, en adoptant un positionnement citoyen, soutenu par un modèle économique étonnant, une envie de contribuer au bien commun et une volonté de transparence absolue. Pour une entreprise qui se donne tout de même pour mission d'apporter aux classes moyennes la qualité du conseil financier réservé aujourd'hui aux grandes fortunes, le message a de quoi surprendre !

D'un côté, il s'agit donc, dans une approche désormais classique, d'offrir des stratégies d'investissement optimisées, accessibles au commun des mortels (à partir de 500 USD), grâce à une automatisation poussée (mais pas totale). En pratique, cela se traduit initialement par la création d'un fonds mutuel (plusieurs autres viendront compléter le catalogue ultérieurement) promettant, sans grande surprise, un rendement élevé à long terme tout en limitant le risque de pertes en cas de retournement économique.

Page d'accueil Aspiration

En dehors des stratégies mises en place, une spécificité notable d'Aspiration, par rapport à des fonds traditionnels, est que les clients fixent eux-mêmes le montant des commissions qu'ils attribuent à leur gestionnaire. De plus, la société affirme qu'elle reverse 10% de ces revenus à des associations œuvrant pour l'éducation, la lutte contre la pauvreté, l'environnement, les droits de l'homme…, par exemple à travers l'organisme de micro-crédit Accion. Enfin, dans le prolongement de cette logique, elle incite également ses clients à apporter une partie de leurs gains aux causes qu'elle défend.

Dans un métier qui repose sur la confiance, le pari audacieux et inédit que fait la startup est de partager intégralement celle-ci avec ses clients : elle compte, pour vivre et prospérer, sur la bonne volonté de ceux qui lui confient leurs économies. Le principe est particulièrement intelligent pour capter l'attention d'un public qui n'est plus aveuglément attaché aux grandes enseignes – dont la réputation est sérieusement entachée depuis la dernière crise – mais qui n'a, de ce fait, plus beaucoup de critères de choix…

Plus profondément, la stratégie entière d'Aspiration repose sur une idée différente de l'investissement, particulièrement adaptée à sa cible des classes moyennes. En mettant l'accent sur ses actions positives pour le monde, en jouant intensément sur la transparence et l'équilibre du rapport de force avec ses clients, elle donne corps à son modèle de partenaire financier du consommateur. Et voilà une autre forme de disruption majeure à laquelle les établissements en place sont bien incapables de répondre.

Information repérée par Jonathan from Anatec (merci !)

jeudi 26 mars 2015

Visa copie Apple… et rate l'essentiel

Visa
Tout en étant partenaire d'Apple dans la mise en œuvre de sa solution de paiement mobile, Visa n'en cherche pas moins à rester maître du jeu là où il le peut encore, par exemple hors des États-Unis et sur les smartphones Android. Étape importante de cette stratégie, une nouvelle expérimentation est lancée en France, avec 4 grandes banques.

Depuis plus de dix ans, les acteurs historiques du secteur multiplient les tests du genre – notamment à Caen, Strasbourg et Nice – afin de convaincre les consommateurs et les commerçants des avantages du paiement sans contact sur mobile. Jamais ils n'ont réussi. On aurait alors pu imaginer que les résultats prometteurs d'Apple Pay constitueraient une source d'inspiration pour comprendre les raisons de l'échec et aborder la tentative suivante avec un œil neuf. Ce n'est hélas pas vraiment le cas…

En effet, le nouvel essai (mais combien en faudra-t-il, à la fin ?), auquel participent BNP Paribas, BPCE, La Banque Postale et Société Générale, ressemble tant aux précédents qu'on peut se demander à quoi pensent ses concepteurs. Il est vrai que celui-ci introduit deux nouvelles technologies : la « tokénisation » des données de paiement, qui renforce la sécurité des transactions, et l'architecture HCE (« Host Card Emulation »), qui virtualise les cartes dans le « cloud » et a pour but principal d'écarter les opérateurs de télécommunication de l'écosystème.

Fort bien, mais il est connu et reconnu, depuis très longtemps, que le problème de fond du paiement par mobile est lié à son expérience client, souffrant de la comparaison avec l'utilisation d'une carte, qui est, de plus, profondément ancrée dans les habitudes des consommateurs. Que font les nouveautés introduites pour améliorer cet aspect essentiel et corriger les erreurs passées ? Presque rien, au-delà d'une possible simplification du processus d'activation, qui s'affranchit désormais de la SIM. Encore faudra-t-il que les banques ne rendent pas cette étape plus compliquée que nécessaire.

La démonstration magistrale d'Apple, dont la solution permet de payer d'un seul geste de manière 100% sécurisée, reste donc vaine. Ici, entre les achats de moins de 20 euros réglés sans aucune sécurité et ceux supérieurs à ce montant, qui demandent une saisie de code secret (à 5 chiffres !) et 2 « tapes » sur le terminal, l'utilisateur a le loisir d'ajouter d'autres mécanismes de protection qui rendront la transaction toujours plus longue et plus complexe à finaliser. Aucun progrès n'a donc été fait depuis 10 ans !

Paiement mobile Apetiz

Même en dehors de ce sujet crucial de l'expérience client (qui, certes, exige une bonne dose de créativité), il y aurait matière à apporter un service à valeur ajoutée aux adeptes du paiement mobile. Par exemple, Visa indique qu'il est possible de lier plusieurs cartes à l'application : plutôt que de demander d'en choisir une au moment d'effectuer une opération (ce qui nuit une fois de plus à la fluidité d'usage), il faudrait imaginer d'autres manières de faire : sélection a posteriori (à tête reposée) ou options de personnalisation des types de dépenses à affecter à telle ou telle carte.

L'idée vient naturellement à la découverte de l'implémentation proposée par le groupe BPCE, qui intègre ses titres restaurant dématérialisés Apetiz à son porte-monnaie mobile. Là, on se prend même à rêver d'un moyen d'acquitter le prix de son repas d'un seul geste, en optimisant plus ou moins automatiquement la répartition du montant entre la carte bancaire et le solde du compte Apetiz, en respectant les règles en la matière (plafond de 19 euros par jour, interdiction d'utilisation le dimanche et les jours fériés…).

Autre idée qui pourrait (devrait) être développée : profiter de l'utilisation du téléphone comme instrument de paiement pour introduire une gestion des finances personnelles en temps réel, au sein des applications bancaires. Chaque transaction pourrait ainsi être exploitée immédiatement afin d'offrir un suivi rapproché de l'état des comptes, des alertes à l'approche d'un seuil pré-déterminé ou d'un risque de découvert… Et la voie serait alors ouverte aux services prescriptifs tant attendus.

Bien sûr, j'entends d'ici les voix qui s'élèvent pour expliquer que tout cela est impossible. Et si on y réfléchissait un peu, sérieusement, calmement ?

mercredi 25 mars 2015

Quelqu'un peut expliquer le « P2P » à IBM ?

IBM
Le plus sûr signe de l'arrivée à maturité d'une technologie ou d'un concept émergent est l'apparition de dérives marketing et autres tentatives de lavage de cerveau orchestrées par de grandes entreprises. S'il faut en croire les récentes avances d'IBM en direction des banques centrales, le bitcoin est désormais devenu incontournable.

Il n'est plus un secret que, en dépit d'inquiétudes marquées et d'une attitude extrêmement prudente, nombre d'institutions souveraines s'intéressent de très près à la crypto-devise et au concept sous-jacent de « blockchain », ne serait-ce que par le potentiel d'économies qu'ils pourraient représenter dans leurs activités de gestion de la monnaie. Sans grande surprise, ces premières manifestations de curiosité suscitent la convoitise des grands acteurs de la technologie, tels qu'IBM.

Voilà donc Big Blue s'embarquant dans une entreprise de séduction massive, quitte à dénaturer les concepts dont il s'empare pour mieux s'accommoder des réticences des banques centrales. Et de proposer à ces dernières une crypto-devise qui a la couleur et le goût du bitcoin, mais sans ses dangers. Concrètement, l'idée proposée est de mettre en place un système de gestion des monnaies existantes sur un système de « blockchain » centralisé (?!), déployé et administré par IBM (naturellement).

Quelle absurdité ! La « blockchain » est une sorte de livre comptable électronique, conservant une trace permanente des transactions exécutées. La seule caractéristique qui en fait une innovation révolutionnaire – dans la mise en œuvre du bitcoin – est son caractère décentralisé. C'est le fait qu'une multitude d'intervenants différents, indépendants les uns des autres, conservent les informations en parallèle qui en garantit l'intégrité et la sécurité. Gérée en un point unique, il ne s'agit plus que d'une tenue de compte banale à mourir, avec ses risques inhérents de piratage, par exemple.

La nature de la crypto-devise semble toujours difficile à appréhender dans les milieux financiers et technologiques traditionnels. D'ailleurs, IBM n'est pas le seul à se tromper dans ses jugements. Un rapport de Crédit Suisse sur le bitcoin – qui reconnaît tout de même que la décentralisation est son atout majeur – est ainsi prompt à considérer que l'absence d'une autorité centrale de contrôle lui interdit de bénéficier de la confiance indispensable à un fonctionnement économique fiable et sûr. Une perception qui mériterait d'être confrontée aux nouvelles réalités du monde numérique…

Bitcoin
Illustration par Isokivi - CC BY-SA 3.0

mardi 24 mars 2015

BNP Paribas met ses calculateurs au vert

BNP Paribas
Depuis la mini vague verte des années 2005-2007, les rapports environnementaux des grandes entreprises se sont singulièrement appauvris, exposant au grand jour le désintérêt quasi-généralisé de leurs dirigeants pour l'avenir de la planète. Alors, quand BNP Paribas lance un projet, aussi modeste soit-il, il n'en prend que plus de valeur.

Comme il se doit dans une institution financière, dont une part importante des émissions de gaz à effet de serre est due à son informatique, c'est vers les ressources de calcul que les efforts portent en priorité. Plus précisément, une petite portion (5%) des calculs de risques de la banque verte sont désormais déportés sur la plate-forme de la startup française Qarnot Computing, qui adopte une approche originale du « cloud computing » pour limiter ses impacts environnementaux.

En effet, les serveurs de la jeune pousse – installés dans des habitations individuelles, dans des bureaux ou encore dans des bâtiments publics (écoles, universités…) – sont également des radiateurs thermiques, fournissant une chaleur gratuite dans les locaux équipés. Les bénéfices environnementaux sont doubles puisque, d'un côté, l'énergie nécessaire au refroidissement des centres de production informatique est économisée tandis que, de l'autre, les moyens de chauffage traditionnels disparaissent.

Naturellement, le système est moins efficace durant les mois les plus chauds. Cependant, différentes stratégies sont mises en œuvre afin de maintenir une disponibilité constante des ressources pour les clients : un mode « ralenti » permet de faire fonctionner les serveurs sans émission de chaleur notable, des machines sont installées dans des zones situées en altitude (où le chauffage est utile toute l'année) et, surtout, une partie de la capacité de calcul reste en permanence en réserve, offerte à des associations et des instituts de recherche pendant les périodes creuses.

Calculateur Q.rad de Qarnot Computing

En raison de ces compromis, l'affirmation selon laquelle Qarnot Computing permet de réduire de 78% l'empreinte environnementale des entreprises semble malheureusement très exagérée. Le bilan global de l'ensemble est néanmoins indubitablement positif, tout en étant extrêmement attractif pour tous les acteurs impliqués : ceux qui hébergent les serveurs disposent d'un chauffage gratuit (l'électricité consommée leur est remboursée) tandis que les tarifs pratiqués pour l'usage du cloud sont avantageux.

En ce qui concerne BNP Paribas, l'initiative est remarquable à plus d'un titre. Tout d'abord, son volet environnemental n'est pas totalement négligeable, même si l'ampleur du déploiement est aujourd'hui limitée (espérons qu'il ne s'agisse que d'un début). En parallèle, il s'agit aussi d'une étape importante franchie dans l'adoption du « cloud computing », qui reste une exception dans les banques. Enfin, le partenariat avec une startup constitue une autre rareté dans le secteur. La transformation progresse donc, à petits pas…

lundi 23 mars 2015

Les jeunes haïssent les banques

Goldman Sachs
La dernière crise financière étant derrière nous, les banquiers pourraient penser – aidés en cela par quelques sondages récents – que la confiance des consommateurs va revenir à ses niveaux d'antan. Or, en réalité, la défiance se maintient à un niveau élevé parmi les générations les plus jeunes, ce qui n'augure rien de bon pour l'avenir du secteur.

C'est d'abord dans les résultats d'une vaste enquête auprès des jeunes américains – incluse dans un rapport de recherche de Goldman Sachs – que se trouvent les premiers indices forts de l'évolution des mentalités. Ainsi, lorsque un tiers des répondants estiment qu'ils n'auront pas besoin de banque d'ici à 5 ans et quand 50% comptent sur les startups de la FinTech pour se substituer aux établissements traditionnels, il est probablement temps de sonner l'alarme au sein de ceux-ci.

Certes, les membres de cette génération tendent à associer les services bancaires aux seules transactions de la vie quotidienne, ce qui pourrait inciter à modérer les inquiétudes. Ce sont pourtant des signaux forts à prendre en compte, car ils instaurent des comportements nouveaux, par exemple à travers l'utilisation de systèmes de paiement intégrés dans lesquels la banque est invisible (à l'image d'iTunes) ou l'abandon progressif du cash, susceptible d'entraîner une désaffection massive des GABs.

Et qu'adviendra-t-il plus tard, quand ils auront besoin d'un crédit immobilier ou d'une assurance-vie ? N'ayant presque plus de relations avec une institution financière classique, ils se tourneront presque naturellement vers des fournisseurs et services alternatifs (tels que les plates-formes de crowdfunding), qu'ils connaissent déjà, puisqu'ils leur sont beaucoup plus accessibles (14% des entrepreneurs « milléniaux » ont actuellement recours à des sources de financement non conventionnelles).

Enquêtes sur les jeunes et la banque

Dans un tout autre registre, nous avons la Febelfin – fédération belge du secteur financier – qui s'inquiète de l'opinion des enfants vis-à-vis de la banque. Pourquoi ? Tout simplement parce que, pour qu'elle continue à remplir son rôle, elle aura besoin un jour de renouveler ses forces vives et qu'il lui faudra alors conquérir les éléments les plus brillants. Dans une vidéo éloquente (ci-dessous), une poignée d'écoliers sont donc invités à parler du métier de leurs rêves. Ballerine, boulanger, chanteuse, policier…

Banquier ne fait (évidemment ?) pas partie du lot. Alors, la question leur est posée directement et les masques tombent (presque au sens propre !) : l'image qu'ils se font de cette « profession » est absolument désastreuse. Leurs réactions peuvent prêter à sourire mais il est à parier que l'avis qu'ils expriment là restera gravé pour très longtemps dans leurs esprits, peut-être même jusqu'au jour où ils entreront dans la vie active et qu'ils devront choisir leur premier employeur…

Conclusion, il y a urgence à faire évoluer la perception qu'ont les consommateurs – surtout les plus jeunes – des institutions financières. Il en va de l'avenir de ces dernières car, qu'il s'agisse de leurs futurs clients ou de leurs collaborateurs de demain, les entreprises disruptives du secteur (startups et géantes montantes) ont désormais beaucoup plus d'atouts qu'elles pour les séduire.

dimanche 22 mars 2015

Boursorama acquiert la startup Fiduceo

Boursorama
La semaine passée, Boursorama annonçait l'acquisition de la jeune pousse Fiduceo, à l'origine des outils d'agrégation de comptes et de gestion de budget qu'elle intègre à ses services en ligne depuis le début de l'année. L'opération est l'une des premières du genre en France et méritera, à ce titre, d'être suivie à la loupe.

Cependant, en préambule, il est intéressant de s'interroger sur les motivations qui ont pu conduire la banque à internaliser les compétences de la startup. Pour ma part, j'y vois deux raisons possibles, qui se sont probablement combinées pour aboutir à une décision somme toute surprenante. D'une part, il subsiste certainement une tentation de la maîtrise totale des technologies mises en œuvre, incompatible avec le principe d'une collaboration avec une petite structure, dans un domaine considéré comme stratégique.

Mais la principale raison est peut-être une inquiétude de Boursorama vis-à-vis de l'avenir de son partenaire. En effet, le marché de la gestion de finances personnelles (PFM) est aujourd'hui fort encombré dans l'hexagone, entre fournisseurs de solutions aux institutions financières (Moneythor) et acteurs indépendants (Bankin) ou mixtes (Linxo, Budgea). Il est difficile de croire que tous pourront survivre, d'autant que leurs services ne sont pas encore réellement ancrés dans les usages des consommateurs.

MoneyDoc

La quinzaine de personnes qui compose les effectifs de Fiduceo va donc intégrer les équipes de Boursorama et continuer à développer sa plate-forme, quoique pour un client unique, dorénavant. De ce point de vue, il reste beaucoup de chemin à parcourir – notamment en matière de gestion prédictive, puis prescriptive, des finances personnelles – et l'appartenance à un groupe aux moyens relativement importants devrait, en principe, constituer un facteur d'accélération des évolutions.

À l'inverse, il s'agit également du point de risque majeur pour une acquisition de cet ordre : si la startup se retrouve étouffée par les lourdeurs inévitables de sa nouvelle parente, perdant de la sorte les qualités d'agilité, de frugalité et de flexibilité qui justifient l'opération, celle-ci se transformera en un coûteux échec. Heureusement, la filiale de Société Générale est plutôt bien positionnée pour réussir la greffe, avec sa forte culture d'innovation technologique et ses (lointaines) racines entrepreneuriales.

Première acquisition substantielle (à ma connaissance) d'une entreprise de la « FinTech » par une banque en France, cette initiative démontre une fois de plus l'ambition de Boursorama de devenir le leader de la transformation numérique du secteur. Il lui reste maintenant à transformer l'essai, ce que nous devrions pouvoir vérifier rapidement, lorsque sortiront les prochaines versions de ses services en ligne…

samedi 21 mars 2015

Crédit Suisse : la banque privée fait sa révolution

Crédit Suisse
Si la banque privée est toujours le royaume du conseil personnalisé, en tête à tête, ses clients n'en sont pas moins de plus en plus immergés dans le monde numérique, prêts à prendre le contrôle de leur fortune sur leur tablette ou leur téléphone. Pour répondre à ces nouvelles attentes, Crédit Suisse adopte une stratégie parfaitement ajustée.

À l'occasion de la sortie d'une première (!) application mobile dédiée à la clientèle de haut de gamme, une interview de Marco Abele – responsable « digital » de ce segment – éclaire les enjeux et les choix de l'établissement en la matière. Bien qu'il paraisse un tantinet racoleur, en évoquant un « saut quantique », le titre de cet article est bien le reflet d'une réalité indiscutable, même si l'intéressé reconnaît que la route de la transformation numérique sera encore longue pour Crédit Suisse.

Il est vrai que la banque privée constitue un domaine tout à fait spécifique dans l'univers de la finance pour les particuliers. Les riches clients qui la fréquentent peuvent être progressivement attirés par les opportunités de gérer eux-mêmes leurs opérations, où et quand ils le souhaitent, la plupart d'entre eux restent néanmoins attachés à la relation privilégiée qu'ils peuvent entretenir avec leur conseiller individuel, qui connaît et sait répondre à leurs besoins, des plus simples aux plus complexes.

Dans ces conditions, concevoir une expérience numérique trouvant le juste et délicat équilibre entre autonomie et conseil humain tient de l'exploit. La tentative de Crédit Suisse – à travers son application pour tablette, support plus adapté à son ambition, au moins dans un premier temps – est probablement l'une des plus convaincantes à ce jour. Ainsi, au-delà des basiques (consultation des comptes, suivi de portefeuille, réalisation des opérations élémentaires…), elle met l'accent sur la collaboration.

Application Banque Privée Crédit Suisse

La logique sous-jacente est que, quel que soit son degré d'indépendance, l'utilisateur doit pouvoir toujours accéder à un spécialiste lorsqu'il le désire. Pour ce faire, des options de contact sont intégrées au cœur de la plate-forme, par téléphone, évidemment, mais également en visiophonie avec, éventuellement, une fonction de partage d'écran. Cependant, avec cet ajout, le conseiller personnel n'est plus l'interlocuteur unique du client (bien qu'il conserve une vue sur toutes ses interactions), ce qui demande un important changement de culture dans la banque.

Plus disruptif encore, Crédit Suisse met en place un espace de dialogue – qualifié dans l'interview de « Facebook des riches » – au sein duquel ses clients vont pouvoir échanger entre eux et avec des experts, développer leur réseau, partager leurs avis… Bien sûr, cette idée n'a quasiment aucune chance de s'imposer spontanément, aussi des événements de la vie réelle, organisés par la banque, seront utilisés pour en stimuler l'adoption, en offrant la possibilité de maintenir et prolonger en ligne les contacts initiés lors de ces occasions.

Avec de telles innovations, il est aisé de comprendre pourquoi Marco Abele estime que la transformation numérique sera longue à incuber au Crédit Suisse. D'un côté, il est conscient des changements potentiellement inquiétants auxquels devront faire face les collaborateurs, dont, en particulier, les conseillers de clientèle. De l'autre, le principe d'un réseau social pour la clientèle privée est certainement en avance sur son temps et a peu de chances de devenir un succès rapide.

À l'inverse, ce sont ces handicaps qui justifient de lancer les initiatives maintenant, car ils devront impérativement être levés quand la clientèle privée entrera de plain-pied dans la révolution numérique. Et les établissements préparés et acculturés seront plus à même de résister à la tempête qui s'abattra alors sur le secteur.

vendredi 20 mars 2015

« act. », banque activiste

act.
L'australienne Bendigo Bank est décidément portée sur les initiatives en faveur des associations à vocation sociale ou caritative. Dans ce registre, son système de paiement mobile Redy – que je découvrais le mois dernier – fait en effet pâle figure par rapport au compte bancaire « act. », développé avec une organisation à but non lucratif.

À la base, le concept en question est finalement assez proche de celui dont émanent les établissements coopératifs ou communautaires (parmi lesquels compte la Bendigo Bank). La grande différence est que, avec « act. », les profits générés ne sont pas rendus aux sociétaires, ils sont distribués à des projets bénéfiques pour la société ou pour la planète. Pour satisfaire cette ambition, l'approche retenue consiste à combiner offre bancaire (presque) classique, monnaie virtuelle et plate-forme de crowdfunding.

Nous avons donc, d'un côté, les « activistes », clients de la banque accumulant des « impact dollars ». Ces derniers sont des unités de monnaie virtuelle attribuées – selon un barème prédéfini – pour chacune des transactions réalisées, du paiement par carte à l'emprunt immobilier en passant par le prêt personnel, ou encore en fonction de l'encours moyen du compte courant ou d'épargne. En face, les « activateurs » présentent leurs demandes de soutien sous le format habituel de la finance participative.

Accueil act.

Les clients peuvent ainsi contribuer aux projets qui les séduisent, en leur apportant leur pécule virtuel, transformés alors en dollars bien réels (à parité). En complément, tout le monde, « activiste » ou simple « supporter » (sans compte « act. ») peut également verser des fonds directement, avec une carte bancaire. Occasionnellement, un individu ou une organisation a la possibilité supplémentaire de s'associer à une campagne qui lui tient spécialement à cœur et s'engager à doubler les dotations des internautes.

Cette idée originale est issue d'une collaboration elle-même un peu particulière, entre une institution financière, Bendigo Bank, et un regroupement d'associations australiennes, Community 21, dont les 20 membres fondateurs ont chacun investi 20 000 dollars pour lancer l'aventure, en 2001. Outre « act. », le fruit de ce mariage étonnant – baptisé « Community Sector Banking » – met à disposition des organisations à but non lucratif un ensemble de services adaptés à leurs besoins.

La plate-forme « act. » recense actuellement une petite vingtaine d'appels à financement (pour des montants s'étageant de 200 dollars à plus de 5 000 dollars), dont 4 actifs à ce jour. Ce nombre peut sembler faible mais il est à peu près en ligne avec l'objectif, fixé initialement [PDF], de présenter 6 à 8 projets par mois. Sur les campagnes terminées, le taux de succès atteint environ 50%, ce qui semble valider le modèle. Et voilà une banque qui peut affirmer, sans contestation possible, œuvrer pour le bien public

Initiative repérée grâce à J.-M. Pailhon (merci !)

jeudi 19 mars 2015

L'intelligence artificielle attire les hedge funds

Bridgewater Associates
Face à l'arrivée à maturité des technologies et l'émergence de nouvelles méthodes, il est inévitable que les acteurs traditionnels de l'investissement s'intéressent à la « robotisation » de leurs métiers. L'entrée en piste attendue du mastodonte Bridgewater signale certainement le début d'une nouvelle ère…

Selon des informations non confirmées, le fonds alternatif (hedge fund) – le plus important au monde – serait ainsi en train de constituer une petite équipe de gestion automatisée. La demi-douzaine de spécialistes de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle recrutés pour l'occasion seraient chapeautés par David Ferrucci, qui, avant de rejoindre Bridgewater il y a deux ans, dirigeaient, chez IBM, le développement du fameux « calculateur cognitif » Watson. Il ne peut s'agir d'un hasard…

Bien sûr, la technologie, dont, en particulier, le traitement de données, est au cœur des métiers de l'investissement financier de longue date. Ce qui change aujourd'hui, alors qu'on pensait que le concept d'intelligence artificielle était tombé en désuétude depuis quelques années, ce sont les capacités que démontrent certains systèmes d'apprendre et d'évoluer, en toute autonomie, en fonction d'un environnement externe changeant et de l'« expérience » qu'ils ont accumulée.

Pour un investisseur, la promesse associée est séduisante : au lieu de se contenter de modèles mathématiques statiques, qui fonctionnent correctement tant que les marchés se comportent comme ils l'ont toujours fait, historiquement, l'intelligence artificielle va être capable de détecter, en temps réel ou presque, les événements et les conditions qui affectent la pertinence d'appliquer au présent tel ou tel raisonnement qui expliquait une tendance déjà observée dans le passé. Elle va ensuite ajuster automatiquement ses algorithmes pour prendre en compte ces évolutions.

Cependant, avant de pouvoir atteindre ce nirvana du fonds d'investissement, il reste quelques obstacles majeurs à franchir. Et le premier d'entre eux est la rareté des compétences nécessaires à la conception des algorithmes d'apprentissage. Car, comme l'ont notamment constaté les quelques institutions financières ayant expérimenté Watson, l'outil n'est rien sans une mise au point – extrêmement complexe et délicate – des modèles qu'il devra appliquer. La chasse aux talents est donc désormais ouverte…

Accueil Bridgewater

mercredi 18 mars 2015

Facebook casse le jouet du paiement P2P

Facebook
Après des années de rumeurs, Facebook a fini par dévoiler sa (presque) première incursion sérieuse dans le domaine des paiements, avec l'introduction d'une fonction de transfert d'argent entre amis au sein de son application mobile Messenger. Rien de bien extraordinaire en apparence… et pourtant une révolution est en marche.

Le nouveau dispositif, qui sera déployé prochainement aux États-Unis, est d'une simplicité d'accès à toute épreuve. Pour envoyer de l'argent, sans frais, l'utilisateur crée un message à l'intention de son correspondant, presse le bouton « $ », indique la somme à transmettre et conclut la transaction par un appui sur le bouton « envoyer ». Le destinataire est alors notifié et les fonds sont portés directement sur son compte – moyennant les délais habituels des transferts inter-bancaires.

Lors de la première utilisation (à l'émission ou à la réception), une étape supplémentaire est tout de même requise, afin de fournir les coordonnées de la carte bancaire sur laquelle les opérations futures seront imputées. Seules les cartes de débit Visa et Mastercard sont acceptées (dans un premier temps ?), en raison des ambiguïtés que pourraient susciter les éventuels frais encourus par les porteurs de cartes de crédit, alors que le service est présenté comme totalement gratuit.

Car la préoccupation majeure de Facebook dans cette réalisation est d'offrir une expérience utilisateur aussi parfaite et transparente que possible, dans tous ses détails (ambition grandement facilitée par une intégration au cœur du réseau social). Dans ce registre, le résultat est extrêmement convaincant et pourrait aisément inspirer tous ceux qui lancent des initiatives du même acabit. Ces derniers – dont plusieurs banques – n'ont cependant plus grand chose à espérer : le marché est désormais préempté.

Paiement dans Facebook Messenger

Même la sécurité est un volet dans lequel Facebook n'hésite pas à donner des leçons aux « anciens ». Ainsi, l'application permet de protéger les envois d'argent par un code secret ou via Touch ID (sur l'iPhone) mais il ne s'agit que d'une option. En arrière-plan, des mécanismes de lutte contre la fraude – qui démontrent déjà toute leur efficacité dans la gestion des accès – sont actifs en permanence et garantissent l'intégrité des données de paiement, tout en contribuant, là encore, à la qualité de l'expérience.

Avec ce service, Facebook ne cherche pas à prendre pied dans le secteur financier. Sa préoccupation est tout simplement d'inciter ses utilisateurs à rester toujours plus longtemps dans son environnement. Conscient que les partages d'addition, de courses de taxi (ou Uber) et autres petites questions d'argent occupent largement les conversations dans Messenger, le réseau social veut éviter que ces usages entraînent le passage à une autre application, fut-elle celle de son partenaire PayPal.

Grâce à des revenus publicitaires colossaux, la nouvelle fonction peut être proposée gratuitement. Alors, les plates-formes existantes se trouvent exposées à une concurrence extraordinairement puissante qui est, de plus, impossible à contrer, puisque le modèle économique du nouvel entrant n'a rigoureusement aucun rapport avec les paiements. Nous sommes donc là devant un véritable cas d'école de la disruption de la banque, lorsque le produit financier n'est qu'un accessoire d'une solution beaucoup plus vaste (et infiniment plus profitable). Et ce n'est qu'un début…

    mardi 17 mars 2015

    Quand le monde de l'assurance fait l'autruche

    Pôle Finance Innovation
    En arrivant, ce matin, au lancement de le troisième édition du livre blanc du Pôle Finance Innovation consacré à « l'Innovation et la Transformation Numérique de l'Assurance », je pensais naïvement que l'accent serait mis sur l'urgence d'agir qui devrait s'imposer aux acteurs d'un secteur encore trop contemplatif.

    Que nenni ! Au fil des principales interventions (avant la description du contenu de l'opus), c'est plutôt une version revisitée de la fameuse rengaine « tout va très bien, madame le marquise » qu'il nous était donné d'entendre… Ainsi, Bernard Spitz, président de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances, n'hésitait pas à clamer que l'« assurance a intégré la transformation numérique » tandis que la Secrétaire d'État chargée du numérique, Axelle Lemaire, renchérissait en affirmant que « le monde de l'assurance n'est pas en retard ».

    Certes, Bernard Spitz aborde son sujet par un discours offensif, appelant la profession à se placer en position d'attaque, et non en défense, face à la révolution numérique. Mais lorsque, un peu plus loin, il cite, comme exemple d'initiatives innovantes, le Pack de Conformité établi avec la CNIL et la mise en place de « certificats digitaux » dans le domaine de la formation, ou même quand il évoque le besoin de soutenir le tissu de startups, la dite attaque se fait singulièrement molle…

    De son côté, Axelle Lemaire n'est guère plus convaincante. Bien sûr, les 3 thématiques qu'elle positionne au cœur des enjeux du secteur sont incontestables : l'exigence de centrer l'entreprise sur le client et ses attentes, les opportunités des « big data », le nécessaire développement d'un écosystème enrichi. Mais pourquoi continuer à prétendre que les assureurs sont déjà, par nature, spécialistes de l'analyse des données, laissant ainsi entendre qu'ils n'ont rien de nouveau à apprendre ? Je ne vois pourtant pas tant d'innovation dans le domaine qui justifierait de se reposer sur ses lauriers !

    Innovation et Transformation Numérique de l'Assurance

    Et cette idée d'écosystème, qui semblerait, à écouter plusieurs intervenants, être la panacée pour répondre à la menace des « GAFA », odieux géants de l'Internet qui ne respectent rien ? Mettre au pinacle l'innovation ouverte – en la réduisant au passage à la seule collaboration entre grands groupes et startups – est oublier qu'il ne s'agit que d'un outil parmi d'autres. Enfin, suggérer que le prochain défi sera de convaincre et acculturer les consommateurs est une aberration. Non, mesdames et messieurs les assureurs, si les citoyens refusent vos solutions, ce sera à vous d'évoluer, certainement pas à eux !

    Heureusement, le livre blanc du Pôle Finance Innovation, qui devrait être disponible dans le courant du mois d'avril, ne paraît pas se contenter de ces discours lénifiants. Pour autant que je puisse en juger (n''ayant, pour l'instant, parcouru que la table des matières), les vraies questions y sont abordées, entre menaces pesant sur les modèles historiques et disruptions en cours d'émergence. Alors, mon conseil à tous ceux qui sont concernés, et surtout ceux qui ont assisté à sa présentation, est le suivant : oubliez ce que vous avez entendu, réalisez que votre métier, tel que vous le connaissez aujourd'hui, est sur le point de disparaître et lisez cet ouvrage pour créer votre avenir !

    lundi 16 mars 2015

    Un sursaut pour le paiement « automatique » ?

    Auchan
    Imaginé il y a plus de 4 ans par Square, le paiement « automatique » n'est jamais parvenu à conquérir une part de marché significative et a été plus ou moins abandonné, bien qu'une déclinaison en soit encore testée actuellement. Malgré ces déboires, une vague de solutions du même acabit semble émerger ces derniers temps.

    Ce que je qualifie de paiement « automatique » consiste en un système qui permet de régler un achat sans exiger la moindre action de la part du client. Ce dernier est identifié par le commerçant – avec l'assistance d'un logiciel – et ses dépenses sont directement imputées sur le moyen de paiement associé à son compte. Dans le cas de Square, la localisation du téléphone mobile à proximité de la boutique et une photographie – sur le terminal du marchand – étaient exploités pour la reconnaissance.

    Chez Auchan, le dispositif déployé dans 33 stations-services espagnoles – et bientôt au Portugal – repose sur une lecture de la plaque d'immatriculation du véhicule. Pour l'utilisateur, il suffit de créer un compte dans lequel il associe le numéro de sa voiture et les références de sa carte bancaire. Au passage en caisse, il ne lui reste qu'à saisir son code PIN pour finaliser la transaction (sécurisée, donc). Outre une extension géographique, des réflexions sont en cours pour appliquer le concept à d'autres circonstances dans lesquelles l'achat est réalisé depuis l'automobile : drive-in, parking…

    Un tout autre cas d'usage est celui que cible Toshiba avec son prototype de caisse en libre service, destinée aux supermarchés. D'un côté, une caméra explore le contenu du panier et en reconnaît les articles (jusqu'à une dizaine, pour l'instant), de l'autre, une autre caméra capture l'iris de l'œil du consommateur – qui sert alors à la fois d'identifiant et de moyen d'authentification – et débite le montant de ses achats de la carte associée à son profil (préalablement enregistré).

    Toshiba Touchless Commerce

    Comme je le remarquais il y a 4 ans, le principe du paiement « automatique » reste le seul, à ce jour, à offrir une expérience client plus simple que la carte. Hélas, au vu du cas de Square, cet avantage décisif n'a pas réussi (seul) à générer le niveau d'adoption espéré. Peut-être est-ce dû, au moins pour partie, au statut spécifique de la startup mais il est probablement d'autres enseignements à tirer de son expérience. N'y aurait-il pas une réticence fondamentale de la part des consommateurs à payer « passivement » ?

    Certes, les 20 000 utilisateurs revendiqués par Auchan peuvent paraître un bon début. Cependant, si ce nombre devait stagner, l'échec serait identique à celui de Square. Encore le distributeur a-t-il conservé une saisie de code PIN permettant de limiter les risques de fraude et, surtout, la perception qu'en a le client, ce qui constitue un facteur de confiance important. Mais, plus profondément, c'est la psychologie de l'acte de paiement qui peut créer le vrai blocage : les individus ne semblent pas prêts à abandonner le contrôle actif, même symbolique, de leur porte-monnaie.

    dimanche 15 mars 2015

    Zenefits, courtier d'assurance nouveau style

    Zenefits
    Est-ce un courtier d'assurances ? Est-ce un comparateur en ligne ? Est-ce un éditeur de logiciels dans le « cloud » ? En réalité, la plate-forme de Zenefits est un peu tout cela à la fois et la combinaison de ces différentes facettes s'accompagne d'une véritable révolution dans les modèles économiques appliqués à chacune d'entre elles.

    Au premier abord, c'est dans son rôle de fournisseur de solution de gestion des ressources humaines que la startup se distingue particulièrement. En effet, l'ensemble de ses services est entièrement gratuit, sans aucune limitation de temps ou de fonctions. Et n'allez pas croire qu'il s'agit d'une offre au rabais, sa richesse est au contraire étonnante : gestion des employés et des prestataires externes, des congés, de la paye, des déclarations réglementaires… rien ne manque à l'appel. L'entreprise cliente peut aussi choisir de connecter ses propres logiciels, si elle est déjà équipée.

    Naturellement, la prise en charge des « avantages » sociaux (« benefits » en anglais) figure également au menu : assurance santé, plan d'épargne retraite, frais de transports, stock options… Là encore, Zenefits propose d'intégrer les fournisseurs existants, auquel cas la plate-forme devient une interface de pilotage centralisée, tout autant pour l'employeur que pour le collaborateur, ce dernier disposant d'un espace personnel pour consulter et gérer les informations qui le concernent.

    Cependant, dans ce registre, la jeune pousse est aussi en mesure de prendre sa casquette de courtier (dûment accrédité dans la plupart des états américains). Dans cette position, elle met à disposition des entreprises qui le souhaitent les produits de ses partenaires. Cette partie de son activité est justement celle qui lui procure ses revenus (des commissions de courtage classiques) et qui lui permet, incidemment, de mettre en compétition les différentes compagnies avec lesquelles elle est en relation.

    Tableau de bord Zenefits

    Le coup est dur à encaisser pour les intermédiaires traditionnels de l'assurance – presque plus encore que pour les fournisseurs de logiciels – qui n'ont aucun argument à opposer à l'offre complète de Zenefits. Les courtiers ont d'ailleurs été prompts à essayer de museler le nouveau venu, en intentant quelques actions en concurrence déloyale (qui ne semblent pas très concluantes). De leur côté, sans être directement menacés, les assureurs n'en sont pas moins impactés, ne serait-ce que par l'exigence de prendre en compte un acteur supplémentaire – original – dans leur écosystème.

    En à peine plus de 2 ans d'existence, Zenefits a conquis 10 000 PME, pour lesquelles elle gère plus de 100 000 employés. Apparemment, une proportion significative de ces utilisateurs a adopté ses produits d'assurance, validant ainsi son approche globale. La recette est finalement simple (!) : il « suffit » de délivrer une solution intégrée, facilitant la gestion à 360° des ressources humaines pour les entrepreneurs, et le tour est joué. À partir de là, l'étendue de l'offre permet d'imaginer des modèles économiques totalement inédits. Voilà probablement une idée à développer…

    samedi 14 mars 2015

    Tips n'Tricks, par le Crédit Mutuel Arkéa

    Tips n'Tricks
    L'initiative n'est pas toute nouvelle puisqu'elle a été lancée [PDF] en septembre dernier, mais il n'est pas trop tard pour revenir sur « Tips n'Tricks », l'espace pédagogique et communautaire que le Crédit Mutuel Arkéa a mis en place afin d'accompagner les jeunes actifs dans leurs premières expériences d'autonomie, financière ou autre.

    Ouvert à tous, clients ou non, le site a vocation à répondre aux questions que peuvent se poser les 18-29 ans qui abordent leur premier emploi, quittent le domicile de leurs parents et s'installent, ouvrent un compte bancaire et commencent à gérer un « vrai » budget… Pour ce faire, ses animateurs publient régulièrement des billets d'experts et des vidéos offrant des conseils pratiques, tandis qu'une boîte à outils met à disposition des utilisateurs quelques simulateurs, lettres types et autres fiches techniques.

    Les thèmes abordés sont variés, de ceux qui sont directement liés à l'argent – calculette de gestion de budget ou guide de la sécurité des achats en ligne, par exemple – jusqu'à des préoccupations du quotidien ou existentielles – idées de décoration, trouver un colocataire, rechercher un emploi à l'étranger… – en passant par des sujets d'actualité – comprendre le scrutin départemental, choisir la meilleure place pour un détecteur de fumée… Après 6 mois de fonctionnement, la « médiathèque » est déjà fort riche, d'une cinquantaine d'outils, d'une dizaine de vidéos et de plus de 70 articles.

    Par ailleurs, cible jeune oblige, une composante communautaire tient également une place centrale dans le dispositif, même si tous les contenus sont en accès libre, sans aucune inscription préalable. Sans parler de l'inévitable présence de « Tips n'Tricks » sur les médias sociaux, les membres enregistrés disposent ainsi d'un forum de discussion, dans lequel ils peuvent échanger avec leurs pairs, sur toutes les questions qui les taraudent ou simplement pour partager leurs idées et leurs bons plans.

    Tips n'Tricks

    Sans être exceptionnellement original, l'espace communautaire du Crédit Mutuel Arkéa n'a pas à rougir de la comparaison avec d'autres initiatives similaires (telles que BNZ Community en Nouvelle-Zélande ou SG et Vous, plus près de nous). Examinons donc ses « résultats » (à ce jour), en termes d'animation : 744 membres actifs et une centaine de discussions ouvertes. Difficile avec ces chiffres de considérer que le succès est au rendez-vous… Alors, mauvais concept ou défauts dans l'exécution ?

    L'idée de départ ne semble pas devoir être remise en cause : les jeunes sont certainement à la recherche d'aide dans les questions de vie qu'ils abordent pour la première fois. Ensuite, qu'ils consultent leur banque (voire leur banquier) pour celles qui touchent à l'argent est logique – et l'accès libre aux contenus du site doit d'ailleurs faire relativiser le faible engagement reflété par les statistiques d'activité. Mais, clairement, d'autres canaux sont désormais utilisés pour ce même objectif et « Tips n'Tricks » ne parvient vraisemblablement pas à capter ces nouveaux usages.

    En réalité, les véritables sources alternatives d'information et de conseil sur la finance (et sur bien d'autres sujets) sont les réseaux d'amis et de relations constitués sur les médias sociaux. Aujourd'hui, le principe d'un espace spécialisé ne fait plus le poids face à la richesse et à la diversité (toujours croissante) des plates-formes généralistes, sur lesquels les jeunes passent une majorité de leur existence en ligne. A priori, la seule solution viable pour la banque est alors de s'infiltrer dans les conversations qui se tiennent sur ces sites. Mais est-ce seulement possible, réellement ?

    vendredi 13 mars 2015

    La banque qui mesure votre bien-être financier

    KeyBank
    L'intuition le suggère et les études le confirment : les consommateurs sont nombreux à vouloir épargner mais, outre leur difficulté à se projeter dans l'avenir, ils reconnaissent ne pas être confiants dans leur capacité à mettre en œuvre les plans nécessaires. Une banque et une startup américaines conjuguent leurs efforts pour les aider à progresser.

    Les acteurs en question sont l'établissement régional (mais de taille néanmoins respectable) KeyBank et HelloWallet, le spécialiste du PFM « socio-psychologique » (déjà évoqué dans ces colonnes). Tous deux ont pu mesurer – à travers de vastes enquêtes indépendantes – à quel point leurs clients sont désarmés dans la concrétisation de leurs envies de mettre de l'argent de côté, que ce soit pour pouvoir surmonter un événement imprévu ou pour préparer leur retraite.

    Afin de lutter contre ce phénomène, le dispositif qui sera déployé progressivement aura pour ambition de donner aux utilisateurs une vision transparente et objective de leur situation et de les guider effectivement et aussi simplement que possible dans l'atteinte de leurs objectifs. Ainsi, dans un premier temps, un petit questionnaire – rempli en 3 minutes, promet la banque – sur leur situation et leurs habitudes financières leur permettra d'obtenir un aperçu de leur « score de bien-être » personnel.

    Le principal atout de ce dernier réside dans une présentation très facile à appréhender : une jauge donne un aperçu de la santé économique estimée de l'internaute, de manière globale et sur quelques critères importants (dépenses inférieures aux revenus, niveau des réserves d'urgence…). Dans un coin de l'écran, apparaît également une comparaison avec le score moyen des autres utilisateurs au profil similaire, susceptible, le cas échéant, de renforcer les messages portés et d'inciter à l'action.

    Wellness Score de KeyBank

    Car le système ne se contente pas d'établir un état des lieux. Pour chacun des thèmes couverts, une analyse détaillée des points forts et des points faibles de la situation est proposée et s'accompagne de recommandations pratiques et opérationnelles. Par exemple, un niveau insuffisant d'épargne de « secours » va se traduire par la suggestion d'un montant « idéal » à y consacrer et du plan complet permettant de l'atteindre, avec le budget mensuel qui (peut et) devra être consacré à sa constitution.

    Là ressort toute la valeur du partenariat de HelloWallet avec une banque : outre l'accélération de la collecte d'information initiale (une partie étant déjà disponible dans l'institution), avec une intégration aboutie, les conseils de la startup pourront être mis en œuvre en un clic, les rendant d'autant plus accessibles pour les utilisateurs. Dans un premier temps, le service reste autonome mais il est sous-entendu qu'il pourrait un jour être inclus dans les outils de banque à distance, ouvrant la porte à une telle perspective.

    En synthèse, le concept développé par les deux partenaires combine 3 tendances majeures de la gestion de finances personnelles : la simplicité, dans la présentation tant de l'information que des solutions préconisées, la personnalisation, chaque cas étant traité (presque) individuellement, et l'assistance active, qui prolonge utilement le diagnostic. Dans un sens, comme l'exprime un article de la revue American Banker, c'est encore un pan du rôle historique du conseiller bancaire qui s'automatise…

    jeudi 12 mars 2015

    Le Village de NAB séduit les entrepreneurs

    NAB
    Alors que la mode de l'agence bancaire transformée en espace de co-travail commence à se répandre à travers le monde entier (voir l'exemple récent du Idea Hub), un prix de l'innovation remporté par l'initiative de NAB nous donne l'occasion de faire un point sur ses premiers résultats, un peu plus d'un an après son ouverture officielle.

    Le « Village », situé au cœur de Melbourne, est organisé et aménagé comme beaucoup de concepts similaires. Dans un environnement agréable et ouvert de 500 m2, les visiteurs – recrutés parmi la clientèle d'entreprises de l'établissement – disposent gratuitement de positions de travail individuelles, d'un accès à un réseau WiFi performant, de quelques salles de réunions à réserver (capables d'accueillir jusqu'à 20 personnes)… En parallèle de cette offre, le lieu a également une vocation pédagogique, à travers la tenue de conférences – à un rythme soutenu, presque quotidien – sur différents thèmes susceptibles d'intéresser directement les entrepreneurs.

    Le dispositif mis en place par NAB comporte tout de même une petite originalité. En effet, le volet « physique » du Village s'accompagne d'une plate-forme d'échanges en ligne (hébergée sur la solution Yammer de Microsoft), sur laquelle les participants peuvent prolonger leur expérience. Ainsi, l'ensemble prend une dimension complémentaire de réseau social professionnel mixte – à la fois réel et virtuel – qui contribue à la mise en relation, l'entraide, le partage de connaissance… entre les clients de la banque et fait ainsi de celle-ci un catalyseur de leur développement.

    NAB The Village

    Cet aspect est d'ailleurs particulièrement mis en valeur dans la communication de l'institution, à la fois par le succès qu'il rencontre auprès des 1 400 membres du Village (dont les bénéfices qu'ils retirent de leurs interactions seraient très visibles) et par la pertinence d'un modèle fondé sur les échanges en face à face dans un monde numérique. En forçant légèrement le trait, la vision proposée est que l'agence n'a plus de rôle à jouer dans la relation bancaire traditionnelle mais qu'elle peut désormais devenir un atout stratégique dans l'instauration de collaborations fructueuses entre clients.

    La perspective qu'ouvre cette réflexion mérite de s'y attarder, puisqu'elle dessinerait un avenir dans lequel la banque serait un acteur majeur du dynamisme de l'économie, en permettant l'accélération du développement des entreprises, non seulement grâce à ses solutions de financements, comme aujourd'hui, mais aussi par la mise en œuvre d'approches radicalement nouvelles, éloignées de ses métiers historiques. Si sa connaissance intime de ses clients lui donne une certaine légitimité dans cette orientation, l'exécution est plus délicate… Il semble que NAB réussisse dans l'exercice : de quoi inspirer de futures déclinaisons ?


    NAB The Village

    NAB The Village

    NAB The Village

    NAB The Village