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C'est pas mon idée !

vendredi 31 octobre 2014

Les idées germent à Hack (Make!) the Bank

Hack (Make!) the Bank
En moins de 2 ans, les hackathons « Hack (Make!) the Bank » organisés par l'« Open Bank Project » sont devenus un des rendez-vous incontournables de l'innovation technologique au service de la finance. La sixième édition, qui se tenait à Londres le week-end dernier, a, encore une fois, produit quelques idées attractives.

Avec sa popularité croissante, l'événement attire non seulement les développeurs mais également les partenaires. Ainsi, les habituelles APIs (« interfaces de programmation applicative ») d'accès aux services bancaires fournies par l'« Open Bank Project » étaient cette fois accompagnées de celles de 6 autres entreprises, parmi lesquelles la plus notable était certainement IBM et sa technologie Watson d'intelligence cognitive, dont il s'agissait de la première « sortie » (dans de telles circonstances) en Europe.

Grâce à une telle richesse, il n'est finalement pas surprenant que l'imagination des participants se soit révélée débordante. Les organisateurs ont même été tellement impressionnés par la qualité et l'originalité de certaines des applications proposées qu'ils encouragent sérieusement leurs créateurs à en poursuivre le développement. En ce qui me concerne, je suis plus particulièrement séduit par deux des projets présentés, dont une des caractéristiques principales est la simplicité de leur concept.

Tout d'abord, Underdraft (par opposition à « overdraft », le mot anglais pour le découvert bancaire) constitue un premier pas vers une approche prescriptive de la gestion de finances personnelles. Pour ce faire, la solution analyse le profil du solde de compte sur une longue durée – typiquement formé d'une succession de pics au versement du salaire, suivis d'une baisse continue au fil des dépenses – et apprend de la sorte à prédire un passage imminent dans le rouge. Il ne resterait plus alors qu'à suggérer à l'utilisateur de souscrire un crédit à la consommation (ou de réaliser un virement depuis son compte d'épargne ?) pour lui éviter les frais de découvert…

Présentation du projet Underdraft

Dans un registre totalement différent, Syndik8 esquisse une nouvelle vision du crédit immobilier, en y introduisant une dose de crowdfunding. La personne en recherche de financement va publier la description du logement qu'elle convoite, en tentant de convaincre la communauté de l'acquérir. Une fois le montant nécessaire collecté, la transaction est exécutée et le demandeur devra par la suite verser un loyer au collectif d'acheteurs. Les détails de fonctionnement resteraient à affiner mais le modèle retient indubitablement l'attention !

Tous les hackathons ne parviennent pas à faire émerger des idées réellement innovantes et néanmoins concrétisables (ce n'est d'ailleurs pas obligatoirement un objectif pour ce genre d'exercice). C'est donc un petit exploit que « Hack (Make!) the Bank » y parvienne régulièrement. Un succès dû, en grande partie, à son approche mixant des APIs fournies par divers acteurs, du secteur financier ou d'autres domaines. Alors, qui viendra relever le défi lors de la session à venir, à Paris, le 15 novembre prochain ?

jeudi 30 octobre 2014

Au Nigéria, le micro-crédit social est une réalité

Sterling Bank
A l'instar de quelques autres pays émergents, le Nigéria faisait déjà partie des pionniers des services bancaires sur Facebook. Désormais, il est aussi l'un des premiers (le premier ?) à voir le déploiement par une institution financière – Sterling Bank – d'une offre de micro-crédit basée sur la réputation sociale des demandeurs.

En pratique, le fonctionnement du nouveau service, baptisé Social Lender, est très simple. Tout d'abord, l'internaute doit autoriser la connexion à ses comptes Facebook et/ou Twitter. Dès lors, les informations auxquelles il donne accès (temporairement) sont analysées en détail – identité, formation, emploi, famille, collègues, amis, photos publiées, conversations et autres interactions… (au choix de l'intéressé) – afin de déterminer son score de fiabilité et décider de lui attribuer ou non le crédit qu'il sollicite.

Une importante particularité du mécanisme mis en œuvre par Sterling Bank – par comparaison avec les solutions similaires émergentes, à l'image de celle de la jeune pousse Lenddo – est que l'analyse des informations collectées est prise en charge non seulement de manière automatique, par un algorithme (propriétaire), mais également par un « responsable du crédit social », humain, à qui appartient en dernier ressort la décision d'accorder le prêt demandé.

Les opérations concernées sont de courte durée (30 jours au maximum) et de montants limités, à partir de 1 000 Naira (environ 5 euros) et jusqu'à 100 000 Naira (soit moins de 500 euros). Cette limite supérieure évolue avec le comportement de l'utilisateur : son premier emprunt ne pourra dépasser 3 000 Naira et ce n'est qu'au fil des engagements honorés que le plafond sera relevé, progressivement. Comme il est d'usage dans les modèles de ce genre, les frais facturés sont fixes (100 Naira par transaction).

Social Lender (Sterling Bank)

S'il est envisagé de l'ouvrir à tous les consommateurs, à terme, le service n'est pour l'instant proposé qu'aux clients existants. Peut-être cette restriction est-elle due (entre autres) au mode de virement des fonds, sur le compte bancaire du demandeur, et une version ultérieure permettra-t-elle un retrait immédiat sur un automate ? Cela dit, Sterling Bank offrant une procédure d'ouverture de compte intégrée à la plate-forme Facebook, la limitation ne devrait pas être gênante (elle pourrait même, au contraire, favoriser la conquête d'une nouvelle clientèle).

Le Nigéria peut paraître lointain et tellement différent de nos régions « développées », ses banques n'en sont pas moins confrontées à la même transformation numérique que les nôtres. Et les stratégies telles que celles que dessine Sterling Bank pourraient aisément leur servir de référence. Dans les mots de Kelvin Igbodo, responsable des médias sociaux pour l'institution, cela paraît pourtant simple : l'évolution des usages de ses clients impose d'adapter la banque et ses processus aux nouveaux supports et technologies disponibles.

En particulier, il estime qu'une présence de l'établissement sur les médias sociaux est absolument incontournable (et, avec presque 350 000 fans, il serait difficile de lui donner tort). Cependant, à plus grande échelle, sa vision est celle d'un monde où les services financiers s'échappent des 4 murs de l'agence et se déploient sur les espaces virtuels d'Internet, sur les téléphones mobiles… où il faut donc aller à la rencontre des clients. Or, pour ce faire, il ne suffit plus de transposer les « vieux » modèles, il faut également réinventer les produits !

Information repérée grâce à F. Bois (merci !) mais Visible Banking avait de l'avance !

mercredi 29 octobre 2014

Bank of America dialogue avec les startups

Bank of America
Les grandes entreprises sont aujourd'hui (presque) toutes conscientes de l'impératif qu'elles ont d'innover pour survivre dans un monde en profonde mutation. Beaucoup parmi elles se tournent pour cela vers les startups, à la recherche de nouveaux modèles qu'elles s'avèrent incapables de développer seules.

Alors, depuis quelques mois, la mise en place d'incubateurs, de pépinières d'entreprises, de fonds de capital risque… est devenue une véritable mode, en particulier dans les institutions financières. Ces initiatives ont généralement pour but de détecter les idées qui deviendront les services de demain, d'apprendre à travailler avec (voire à la manière de) ces petites structures à l'agilité incomparable et d'établir au plus tôt des partenariats avec elles autour des solutions émergentes qui seront bientôt au cœur des banques de nouvelle génération.

Cependant, il existe d'autres voies pour atteindre la même destination et c'est ce que souligne l'exemple de Bank of America, avec son « sommet de l'innovation technologique ». L'objectif de cette manifestation annuelle est, tout simplement, d'offrir aux entrepreneurs une opportunité d'accéder aux responsables de la banque afin de leur présenter leurs produits et services. La dernière édition a ainsi permis à ces derniers de découvrir une quarantaine de jeunes pousses, dont Plaid, Ripple Labs, Motif Investing

Plus de 700 personnes étaient conviées à l'événement, dont de nombreux représentants des différents métiers de l'institution. En conséquence, l'improvisation n'est pas de mise. Une équipe interne de « scouts » est chargée d'explorer la Silicon Valley à la recherche des pépites susceptible de participer. Ensuite, les priorités du moment sont soumises aux candidats (cette année, le développement des ventes croisées, la sensibilisation aux enjeux du numérique et l'amélioration des capacités d'analyse de données constituaient le trio de tête des préoccupations).

Depuis la première itération de l'initiative, plus de 200 startups ont eu la chance de pouvoir défendre leur dossier et une trentaine d'entre elles ont réussi à convaincre leurs interlocuteurs et devenir fournisseurs de Bank of America. Pour ce faire, elles doivent souvent adapter leurs offres aux exigences particulières de leur prestigieux client, notamment en matière de gestion des risques. De leur côté, les représentants de la banque apprécient cette occasion unique de découvrir des produits et services qui pourraient, sinon, échapper à leur attention.

La recherche des innovations qui permettront aux banques de franchir le pas de la révolution numérique ne peut se satisfaire d'une approche unique. En parallèle d'autres actions, l'organisation régulière d'événements « massifs », au cours desquels les responsables et les collaborateurs peuvent rencontrer les entrepreneurs porteurs d'idées neuves – dans un esprit ouvert, parce que l'atmosphère globale s'y prête – peut apporter une contribution importante à cet effort sans nécessiter de moyens démesurés.

Bank of America

mardi 28 octobre 2014

Révolution numérique douleureuse chez Lloyds

Lloyds Banking Group
La transformation numérique des banques ne se fera pas sans douleur. Voilà une vérité difficile à affronter, mais hélas incontournable. Lloyds Banking Group en fait la cruelle démonstration aujourd'hui avec l'annonce simultanée de la fermeture de 150 agences, de la disparition de 9 000 emplois… et d'un investissement d'1 milliard de livres.

Sans négliger le caractère opportuniste de cette communication – quelques heures après les résultats des tests de robustesse des grandes banques européennes, que le groupe britannique n'a passé que de justesse – il faut se rendre à l'évidence : les banques de réseau sont à l'aube d'un profond bouleversement, auquel la plupart ne sont pas encore préparées. Certes, les discours sur la nécessité de revoir le concept d'agence – son rôle, son organisation, son aménagement… – sont monnaie courante mais le cœur du sujet est ailleurs et va devoir être traité d'urgence.

Le cas de Lloyds est parfaitement représentatif de la situation générale et ne doit surtout pas être considéré comme spécifique au Royaume-Uni. Dans un contexte de baisse continue de la fréquentation de leurs agences – à un rythme alarmant de 10% par an, selon l'association des banques britanniques – et malgré les lourds investissements consentis en vue de leur modernisation, le modèle économique historique des banques devient insoutenable face à la montée de l'usage des canaux à distance.

Comme beaucoup de ses collègues, le directeur général de Lloyds Banking Group continue pourtant à affirmer le rôle central du réseau dans sa vision de la banque de demain, garantissant à ses clients que 90% d'entre eux auront toujours accès à un point de vente à moins de 8 km de leur domicile. Et de vanter les mérites de l'expérience multi-canal transparente qu'il souhaite développer grâce au milliard de livres sterling mis sur la table pour amener son offre numérique à l'état de l'art.

Une telle vision impose naturellement une évolution importante de la fonction des agences et justifie probablement les mesures drastiques présentées. Mais il se pourrait que ce ne soit qu'un début… Car la désaffection des clients est actuellement modérée par les limitations des outils en libre service mis à leur disposition sur le web, sur mobile, sur GAB… Comment cette tendance évoluera-t-elle si l'expérience qui leur est proposée à distance devient réellement exceptionnelle ? Auront-ils vraiment encore besoin de rendre visite (« physiquement ») à un conseiller ?

En réalité, les banques sont maintenant prises en étau, entre la baisse rapide de la rentabilité de leurs réseaux de points de vente et le retard pris dans le déploiement d'une véritable stratégie numérique, alors qu'elles restent nombreuses à ne considérer web et mobile que comme des canaux d'« appoint », dans lesquels leurs investissements sont ridiculement insuffisants. Lloyds est en passe de franchir un pas dans la bonne direction mais, même dans son cas, la transformation est loin d'être terminée…

Lloyds Banking Group

lundi 27 octobre 2014

Conseiller humain ou robot ? Les deux !

Betterment
En 2010, Betterment lançait une des première plates-formes de gestion automatique d'investissement. Aujourd'hui, la jeune pousse à conquis près de 50 000 clients particuliers, pour un encours de 875 millions de dollars, et elle vient de créer une nouvelle offre à destination des conseillers professionnels : Betterment Institutional.

Au premier abord, l'idée peut surprendre : pourquoi les tenants d'une relation client individuelle et personnalisée iraient-ils se compromettre dans l'utilisation d'une solution automatisée ? D'ailleurs, quel intérêt auraient les consommateurs à passer par un intermédiaire pour cela alors qu'ils peuvent accéder directement – à moindre coût – à la plate-forme de Betterment, dont un des principaux avantages est d'être aussi simple et transparente à mettre en œuvre que l'est le recours aux services d'un spécialiste ?

Du point de vue des conseillers traditionnels, comme dans tous les métiers de la finance, l'émergence de nouvelles approches grâce aux technologies peut être perçue comme une menace ou comme une opportunité. C'est à ceux qui penchent pour la deuxième option que s'adresse Betterment. Et la promesse qui leur est faite est de leur faciliter la gestion « courante » des portefeuilles d'investissement et, ainsi, de leur permettre de dégager du temps pour s'occuper de produits plus complexes, à forte valeur ajoutée.

La plate-forme prend donc en charge les allocations d'actifs et l'optimisation fiscale sur les instruments les plus classiques, tandis que le conseiller peut se concentrer sur la gestion du patrimoine, les spécificités familiales (les trusts, par exemple), les orientations stratégiques globales… Grâce à ce rééquilibrage de ses tâches, il devrait pouvoir abaisser les seuils d'accès à ses services et ainsi développer un nouveau marché d'accompagnement financier à mi-chemin entre sa clientèle fortunée habituelle et les consommateurs « lambda » ciblés directement par Betterment.

Page d'accueil de Betterment Institutional

Pour ambitieuse qu'elle soit, cette vision suscite la demande puisque les responsables de Betterment affirment avoir été contactés par des professionnels – adeptes de la plate-forme à titre individuel – en vue d'une utilisation dans le cadre de leur activité. Quelques-uns d'entre eux ont même pu participer à la version beta de la nouvelle solution. Et au moins une institution financière d'importance – Fidelity Institutional Wealth Services – va l'intégrer aux programmes d'information qu'elle destine à son réseau de conseillers.

Il en est de l'investissement comme de tous les autres secteurs : de nouveaux acteurs arrivent avec des modèles disruptifs et les intervenants historiques n'ont d'autre choix que d'accepter cette réalité et évoluer en conséquence. En l'occurrence, profiter de l'automatisation pour rencontrer ses clients plus souvent, mieux les écouter, chercher à comprendre leurs besoins, leur apporter un service de plus haut niveau… Voilà un air connu, déjà entendu dans la banque de détail, notamment. Les enjeux de la transition numérique sont bien les mêmes partout !

dimanche 26 octobre 2014

Petites nouvelles de l'univers bitcoin…

Bitcoin
Malgré quelques tentatives de réglementation jugées excessives (notamment la « BitLicense » à New York) et en dépit d'une actualité dominée par la volatilité de son cours, la cryptomonnaie Bitcoin et son socle technologique entrent progressivement dans la culture financière globale, prêts à déferler dans le quotidien du grand public.

L'exemple le plus frappant de cette démocratisation est incontestablement un billet publié il y a quelques jours sur le blog d'ING Direct. Sous la forme d'une bande dessinée, celui-ci présente les principales caractéristiques du Bitcoin, sans parti pris. Qu'une banque s'intéresse au sujet ne doit désormais plus surprendre : finie la période de dédain pour ce qu'elles percevaient comme un gadget de « geeks », toutes les grandes institutions financières ont aujourd'hui pris la mesure des possibles impacts (négatifs et positifs) de la monnaie virtuelle sur leurs activités.

Par ailleurs, puisqu'il est peu probable que la démarche d'ING soit entièrement spontanée, l'article en question fournit également un indicateur sur les interrogations des consommateurs à propos du Bitcoin. Que ce soit via la « rumeur » (en particulier sur les réseaux sociaux) ou à travers des questions qui lui sont posées directement, la banque est certainement de plus en plus sollicitée par ses clients sur ce thème. Et encore ne s'agit-il là que d'un mouvement naissant ! Les conseillers vont rapidement devoir apprendre à répondre à ce genre de demandes…

En parallèle, l'accès au Bitcoin – dont la complexité est justement soulignée par la BD d'ING – est lui-même en voie de simplification. Parmi une multitude d'autres initiatives, l'ouverture à tous du porte-monnaie virtuel de Circle a été saluée par la presse, en raison à la fois du profil de son fondateur et PDG, Jeremy Allaire, et de sa facilité d'utilisation. Inscription immédiate, intégration transparente avec la carte bancaire (et, donc, avec les monnaies « réelles »), gratuité, convivialité, instantanéité, assurance des dépôts…, tout est conçu pour répondre aux attentes des consommateurs numériques.

Circle

Afin d'attirer les utilisateurs, les promoteurs de la cryptomonnaie se mettent à adopter un argument percutant, alors que de nouvelles affaires de vol de données de paiement émergent presque chaque jour : la sécurité. Sans qu'il soit possible d'éliminer totalement tous les risques de fraude et de détournement (on se souviendra longtemps de l'affaire Mt.Gox), il est vrai que l'absence d'échange d'informations sensibles au cours d'une transaction est un facteur rassurant, susceptible de séduire les porteurs de carte bancaire échaudés par des alertes incessantes.

Sans surprise, les mêmes caractéristiques commencent logiquement à intéresser aussi les commerçants. Peut-être précurseur d'une tendance à venir, le responsable d'un site de vente en ligne de métaux précieux, Agora Communities, qui accepte le Bitcoin depuis 2012, a récemment décidé d'en faire son unique mode de paiement. Raison invoquée ? Outre les coûteuses commissions ainsi évitées, il pointe le taux de fraude sur les cartes bancaires, devenu beaucoup trop élevé, tandis que la cryptomonnaie est maintenant bien acceptée par ses clients.

Si l'utilisation du Bitcoin comme une monnaie de consommation émerge tout juste, les solutions de trading – favorisant la spéculation à l'origine des variations de cours extravagantes qui font les délices de la presse – continuent à se développer et s'enrichir. Pour ne citer que deux exemples, voici, d'un côté, Netagio dont les APIs permettent aux développeurs d'automatiser leurs opérations (bonjour, algo-trading !) et, de l'autre, TeraExchange qui lance une première plate-forme réglementée de produits dérivés.

Beaucoup plus intéressant, les fondations techniques de la monnaie virtuelle suscitent toujours de nouvelles idées. Ainsi, les velléités du PDG du géant de commerce en ligne Overstock de créer la bourse « peer-to-peer » du futur, en exploitant les protocoles bitcoin pour gérer les dépôts et les échanges de titres, sont en train de prendre forme. Une équipe a été recrutée, les développements techniques sont sur le point d'être lancés, les discussions avec le régulateur sont initiées… Le projet – certainement un peu fou vu de Wall Street – est bien sur les rails !

Dans un registre très différent, il faut également signaler une application originale, proposée par Sembro Development, dont la promesse est de gérer automatiquement la comptabilité des comptes Bitcoin. Point de magie là-dessous : c'est tout simplement en explorant le « blockchain » (le registre universel des transactions) à la recherche des opérations traitées avec le porte-monnaie de l'utilisateur (identifié par son adresse cryptographique) que le système peut remplir son office. La cible initiale de la startup est de faciliter les déclarations fiscales (exigées dans un nombre croissant de pays) mais le concept laisse imaginer tellement d'autres usages…

Sembro Development

Bien qu'il gagne progressivement en popularité, le Bitcoin est encore à un stade embryonnaire. Mais la visibilité qu'il acquiert lui permet d'attirer les nouvelles idées qui détermineront sa réelle influence sur le monde. Car, bien plus que le potentiel de la monnaie elle-même, ce sont toutes les opportunités offertes par son modèle – technologique, financier et économique – qui, un jour, transformeront profondément notre vision de l'argent et devraient inquiéter (ou, a tout le moins tenir en éveil) les institutions financières traditionnelles.

samedi 25 octobre 2014

Faire du neuf avec du vieux, une bonne idée ?

Dans le monde de l'innovation, il est une catégorie de créations un peu à part : ce sont celles qui, soit tentent de revitaliser un concept ancien en lui appliquant des idées nouvelles, soit essaient de transposer un mécanisme existant dans des usages différents. En simplifiant, il s'agit de faire du neuf avec du vieux. Ce peut être une excellente approche, susceptible, par exemple, de séduire des clients avec un produit inconnu, grâce à l'intégration d'éléments familiers.

Du fait de son traditionalisme (vraisemblablement), le secteur financier est particulièrement friand de ce genre de transition « douce ». Ces derniers jours, 3 exemples de ce type sont passés sous les feux des projecteurs, dans le secteur des paiements. Et la question se pose donc : ces nouvelles solutions ont-elles une vraie chance de succès ou ne sont-elles que les avatars d'imaginations sclérosées, n'arrivant pas à écarter les œillères d'une vision étriquée de la finance de demain ?

Plastc
Le premier cas en cause, dans l'ordre chronologique des annonces, est celui de Plastc, une startup qui veut remplacer toutes les cartes encombrant le portefeuille de l'américain moyen. Par une application mobile ? Pas du tout, c'est une carte à configuration dynamique qui figure au cœur de cette offre.

Il faut avouer que, du point de vue de ses caractéristiques, ce petit bout de plastique est impressionnant. Équipée d'une piste magnétique, d'une puce sécurisée et d'une interface NFC (sans contact), la carte peut en effet être utilisée en toutes circonstances, pour le paiement comme pour les retraits. Une fois la configuration des comptes effectuée, le choix de la carte assignée à une transaction se fait du bout du doigt, sur un mini écran tactile affichant toutes les données nécessaires, y compris une signature et une photo de contrôle, le cas échéant.

L'utilisation peut également s'étendre aux programmes de fidélité et autres systèmes de coupons et bons cadeaux privatifs, avec une possibilité d'afficher un code à barres (2D ou 3D) sur l'écran. Par ailleurs, la sécurité est particulièrement soignée avec, entre autres, une protection de la carte elle-même par un code PIN et une application mobile associée, permettant de la désactiver totalement, à distance (de manière temporaire, si nécessaire), ou bien de générer une alerte lorsqu'elle se retrouve hors de portée.

Avec de telles spécifications, que peut-on reprocher à Plastc ? Passons sur son coût prohibitif (155 USD pour les pré-commandes) et sur les craintes possibles pour la fragilité (matérielle) du dispositif. Il reste que, à l'heure où le paiement via mobile (qui promet de remplir exactement les mêmes fonctions, et plus) commence peut-être à décoller, développer une nouvelle carte de paiement peut difficilement passer pour une démarche visionnaire. D'autant plus que les cartes « dynamiques », sous des formes variées, existent depuis des années et n'ont jamais conquis les consommateurs…

Carte Plastc

MasterCard
Du côté de MasterCard, c'est encore une fois sur une carte de paiement que l'innovation tente de s'implanter en partenariat avec une jeune pousse, Zwipe… En l'occurrence, surfant sur l'enthousiasme que suscite dans les médias l'authentification biométrique introduite par Apple Pay, c'est un lecteur d'empreinte digitale qui y fait son apparition.

Cette idée paraît être un extraordinaire modèle de schizophrénie : alors que MasterCard est – supposément – totalement engagée dans la transition vers le paiement via mobile (notamment avec Apple), cette expérimentation (il n'est pas encore question de généralisation) résonne comme une prise de conscience soudaine, après des années de déploiements, que l'absence de toute forme d'authentification du porteur lors des paiements par carte sans contact (pour une majorité de transactions) était une erreur !

L'objectif de la technologie mise en œuvre est en effet de vérifier l'empreinte digitale de l'utilisateur au moment où il passe sa carte devant le lecteur sans contact du commerçant, sans autre changement dans le processus. Il est certainement un peu tard pour penser à la sécurité des cartes, surtout avec une solution qui risque de soulever de sérieuses questions de viabilité économique, sur un support qui devrait être considéré en voie d'extinction (même si sa disparition est encore lointaine).

Carte MasterCard avec technologie Zwipe

Sign2Pay
Le dernier exemple du jour est assez différent puisqu'il concerne le paiement dans le m-commerce, avec des perspectives de déclinaisons dans d'autres cas d'usage. Le système proposé par Sign2Pay repose sur les transferts inter-bancaires (en Europe) et sa particularité réside dans son système d'authentification.

Ainsi, au lieu d'exploiter un mot de passe, un code PIN ou un dispositif tiers (un générateur de mot de passe à usage unique, par exemple), la startup propose de vérifier l'identité de l'utilisateur par sa signature manuscrite. Plus que le résultat (qui peut être falsifié), c'est le geste de tracé – unique pour chaque personne – qui est analysé afin de garantir une sécurité optimale. Le mécanisme mis en œuvre est donc, dans un sens, d'ordre biométrique (tout en permettant un changement facile s'il est compromis un jour).

Les fondateurs de Sign2Pay considèrent, fort justement, que le commerce sur mobile ne peut décoller avec des moyens d'authentification forte conçus pour le web et non pour le téléphone (comme tous les dispositifs nécessitant un accessoire dédié). La signature leur paraît représenter une bonne solution, compatible avec tous les appareils (ou presque, car les exigences de puissance de calcul sont loin d'être négligeables) et, de surcroît, répliquant un mécanisme familier du consommateur, donc aisément acceptable.

Le raisonnement semble entièrement correct, si ce n'est qu'il tend à négliger les réalités, dont, en particulier, la difficulté pratique à tracer une signature cohérente sur un écran de téléphone. Réutiliser dans un autre contexte une technique largement répandue ailleurs est certes une excellente idée, encore faut-il que l'expérience utilisateur ne soit pas totalement déformée par la transposition opérée. Car, alors, l'avantage de familiarité risque fort de se transformer en terrible frustration

Signature Sign2Pay sur iPhone

En conclusion, j'estime que ces différentes « innovations » auront du mal à dépasser le stade expérimental, faute d'apporter des réponses réalistes à des besoins pourtant réels (et parce qu'elle sont un peu trop focalisées sur l'« exploit » technique). Cette fois, les vraies solutions devront plutôt passer par des approches entièrement nouvelles.

vendredi 24 octobre 2014

La banque est-elle soluble dans le « digital » ?

Celent
Dans de nombreuses banques, la transformation numérique en est encore à ses balbutiements, quand ce n'est pas le concept même qui peine à résonner dans l'esprit de leurs décideurs. Dans le même temps, d'innombrables startups prennent pied sur le marché et deviennent rapidement les championnes du tout « digital »… Alors, seront-elles seules à percer dans ce nouveau monde ou bien les « vieilles » institutions y parviendront-elles aussi ?

Dans un billet de blog, Juan Mazzini, analyste du cabinet Celent, ne cherche pas à directement trancher la question mais il pose toutefois quelques éléments de réflexion intéressants, sur la base des échanges qu'il a modérés lors d'une table ronde réunissant plusieurs acteurs concernés (dont un banquier et un dirigeant de startup). Partons de ses points clés issus du débat pour essayer de comprendre quels sont les facteurs de blocage (ou, a minima, de handicap) de l'indispensable transition numérique…

Sans surprise, le premier critère de décalage entre banques traditionnelles et nouveaux entrants tient au poids du patrimoine informatique : les premières doivent composer avec des systèmes datant de plusieurs décennies, donc totalement inadaptés aux exigences modernes, tandis que les seconds, partant de rien, bâtissent leurs modèles en fonction des besoins émergents. Incidemment, les jeunes pousses les plus performantes à long terme seront celles qui comprennent dès maintenant qu'elles doivent se prémunir contre le risque de créer leur propre futur « boulet » historique.

Pourtant, les grandes institutions financières ont un avantage considérable, en termes de moyens et de ressources. Elles sont en effet capables d'investir des centaines de millions (voire des milliards, pour quelques-unes) pour faire évoluer leurs infrastructures et créer les solutions qu'attendent leurs clients. Avec de telles réserves, les limitations du Système d'Information existant ne devraient pas résister longtemps et il devrait être facile de faire mieux que des jeunes pousses ayant levé quelques millions pour se lancer.

Hélas, la résistance se déplace alors à un niveau qui n'est plus celui de la technologie. C'est en effet toute la culture d'entreprise qui limite la capacité à innover – étroitement liée à la notion de révolution numérique – et à appréhender les changements à orchestrer. Il s'agit, bien évidemment, d'un sujet que ne connaissent pas les jeunes entrepreneurs, et là se fait l'essentiel de la différence entre les deux univers. Savoir oser prendre une autre direction, à tous les niveaux de l'organisation, est la clé de la transformation.

Vient ensuite la nécessaire considération des besoins réels des clients d'aujourd'hui. Ainsi, il est peut-être inutile de créer de nouveaux produits financiers alors que les consommateurs sont d'abord demandeurs de solutions les aidant à gérer leur budget et à épargner et que les responsables de PME voudraient en priorité être accompagnés dans le développement de leurs activités. Il faudra aussi comprendre comment tous utilisent les technologies et où, dans leurs parcours, peuvent s'insérer les services de la banque.

Dans le même registre, surgit inévitablement la question des clients qui n'ont pas franchi le pas du « digital » et qu'il n'est pas envisageable de laisser sur le bord de la route. Or, dans ce domaine, les acteurs historiques se frottent les mains, puisqu'ils ont un réseau d'agences pour répondre aux besoins de ces personnes, contrairement aux startups opérant exclusivement en ligne. Seul bémol, un effort de rénovation important est nécessaire afin d'adapter les points de vente aux évolutions des comportements (tiens ! les budgets ne posent pas de problèmes, dans ce cas…).

Raisonnement étrange et schizophrénique car, d'une part, le temps que les institutions achèvent leur mutation, il y a fort à parier que tous leurs clients auront déjà effectué la leur, et, surtout, les modèles d'agence (« du futur » !) qu'elles mettent en place vont à contre-sens de la stratégie déployée. En effet, la plupart de ces initiatives vise à développer les outils en libre service, à grand renfort d'écrans divers et variés. Si l'objectif est de convaincre les utilisateurs des bienfaits du « digital », il faudrait commencer par aligner l'offre sur celle des ténors (qui, à défaut, les séduiront mieux)…

Enfin, la transformation de la banque ne se fera pas « auto-magiquement », il faudra au contraire y consacrer des efforts importants, dans la durée. L'analyste de Celent cite en exemple le rachat de Simple par BBVA (un investissement significatif, certes) mais le plus difficile et le plus long sera bien de changer la culture d'entreprise. Même le premier pas, qui consiste à évaluer la situation présente et à déterminer ce qu'il est possible et raisonnable d'entreprendre, peut constituer un défi dans certaines organisations…

Transformation numérique

jeudi 23 octobre 2014

Number26, première banque startup européenne

Number26
Il fallait bien que l'exemple de Simple finisse par inspirer une déclinaison de notre côté de l'Atlantique… C'est dorénavant chose (presque) faite : la nouvelle venue s'appelle Number26 et, non contente de vouloir bousculer la banque traditionnelle comme sa cousine américaine, elle entend déployer son emprise sur l'ensemble de l'Europe !

C'est à l'occasion du récent TechCrunch Disrupt de Londres que son lancement – pour l'instant uniquement en beta privée, en Allemagne, en Autriche et en Suisse – a été officialisé. Le contenu de son offre ne réserve a priori pas de grande surprise, pour sa catégorie (il rappelle notamment le modèle de Simple à ses débuts), puisqu'elle se limite à un compte courant, une carte de débit (MasterCard) et une application mobile pour la gestion. L'ensemble est totalement gratuit, y compris pour tous les paiements et retraits d'espèces dans le monde entier.

Ce n'est donc clairement pas grâce à sa palette de produits et services financiers que la startup va changer la donne en Europe. En revanche, plus encore que par son approche « low cost », et comme il se doit au XXIème siècle, c'est essentiellement sur l'expérience utilisateur que Number26 mise pour conquérir le vieux continent. Dans cette perspective, la société met en œuvre et assemble un certain nombre de mécanismes relativement originaux (quoique non exclusifs), susceptibles de répondre directement aux attentes des consommateurs de l'ère numérique.

En premier lieu, l'ouverture de compte est largement simplifiée, par rapport aux procédures en vigueur dans la plupart des établissements traditionnels. L'opération est réalisée entièrement en ligne, sans requérir le moindre envoi de document physique. Elle se conclut par un contrôle d'identité exécuté en visioconférence (comme le teste depuis peu ING-DiBa). Point besoin de rendez-vous, ni de se déplacer, ni de perdre une heure ou deux à remplir divers formulaires, 5 minutes suffisent pour finaliser l'entrée en relation.

Par la suite, l'utilisation du service au quotidien est également soignée. Ainsi, outre la possibilité – désormais classique – de suivre les dépenses par catégorie, l'application mobile reçoit une notification immédiatement après un achat. Le mécanisme retenu pour parvenir à cet exploit sans révolutionner les réseaux de paiement existants est basique (il s'appuie sur la demande d'autorisation transmise à chaque transaction) mais il donne au client une illusion de traitement en quasi temps réel pratique et rassurante.

Produits Number26

Il faut encore noter la présence – dès cette première itération de la solution – d'options qui restent trop rares aujourd'hui, dont, par exemple, l'activation et la désactivation à la demande de la carte (sur quelques critères spécifiques), afin d'en sécuriser l'usage, ou bien les échanges d'argent entre amis par SMS et par messagerie. Et les idées ne manquent pas aux fondateurs de la startup pour continuer à enrichir l'expérience, telles que l'utilisation des fonctions de géolocalisation du téléphone pour détecter des transactions suspectes.

À plus long terme, ils envisagent de faire de Number26 une plate-forme capable d'intégrer et fédérer autour du compte courant les services financiers proposés par d'autres acteurs disruptifs de la « fintech ». Il s'agit d'ailleurs d'une des pistes retenues pour établir un modèle économique viable – en complément des commissions perçues sur les paiements par carte et des intérêts collectés sur les dépôts des clients (pris en charge par une banque partenaire) – sur lequel la société est, soit dit en passant, d'une transparence exemplaire.

En synthèse, l'offre de Number26 ne comporte aucune réelle nouveauté (en France, elle rappellera Soon), hormis peut-être la notification des dépenses en « temps réel », mais elle se distingue tout de même par un assemblage cohérent de fonctions devenant indispensables au consommateur moderne. Comme toujours avec une startup, c'est aussi une promesse d'évolutions futures qui retient l'attention et, dans ce sens, la vision de « plate-forme » est séduisante, en particulier dans une logique de personnalisation permettant au client de panacher à sa guise les produits et services dont il a besoin…

mercredi 22 octobre 2014

Quand une banque se met au crédit P2P

RBS
Entre multiplication des solutions (dans le monde entier), introduction en bourse (pour Lending Club, aux États-Unis) et mise en place d'un cadre réglementaire favorable (en France), la finance participative a le vent en poupe. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les banques traditionnelles commencent à s'intéresser de près au sujet…

Jusqu'à maintenant, les quelques établissements qui se sont lancés dans l'aventure se sont, pour la plupart, contentés de conclure un partenariat de « référencement » avec un spécialiste (souvent pour la recommandation de clients non éligibles à un crédit conventionnel). Il s'agit même du modèle sur lequel repose en grande partie le succès de l'un des leaders mondiaux du secteur (Lending Club). Or, s'il faut en croire un article récent du Financial Times, la britannique RBS a des ambitions plus précises.

En effet, selon les informations du quotidien, la banque s'apprêterait à mettre en place sa propre plate-forme de financement des PME, avant la fin de cette année. Apparemment, le socle technique devrait être fourni par un partenaire, qui sera certainement l'une des (nombreuses) startups locales du crowdfunding. Il est vrai qu'après les déboires qu'elle a connus ces derniers temps avec son cœur de système, RBS a d'autres priorités informatiques que de développer un site de crédit P2P…

Toujours est-il que l'institution veut devenir un acteur à part entière de ce marché en émergence. L'idée est pleine de bon sens, d'autant que le législateur britannique – encore une fois visionnaire – est déterminé à contraindre les banques à suggérer des solutions tierces (concurrentes, le cas échéant) aux clients dont elles rejettent les demandes de prêt. Alors, plutôt que de voir ces derniers partir vers d'autres cieux, une meilleure idée n'est-elle pas de combler leurs attentes avec une offre alternative ?

L'initiative représente aussi un moyen pour RBS de tenter de reconquérir une clientèle de PME qui subit depuis plusieurs années une contraction du crédit et se sent délaissée par les banques. Elle vient d'ailleurs compléter d'autres actions visant au même objectif, dont, par exemple, la création de 8 accélérateurs disséminés dans le pays, destinés à mettre gratuitement à la disposition des entrepreneurs des espaces de travail, des programmes de mentorat et un accompagnement dédié de support et de conseil.

Dernier aspect à ne pas négliger dans cette approche, les apporteurs de fonds sur la plate-forme de financement P2P (en grande majorité des particuliers, en principe) représentent également un enjeu important, même s'ils ne s'intègrent pas dans les circuits d'épargne classiques. En effet, les clients existants auront ainsi accès à un nouveau « produit », différent et original, possible facteur de fidélisation. En parallèle, l'offre est susceptible d'attirer une clientèle additionnelle, avec toutes ses opportunités…

Les arguments ne manquent donc pas pour légitimer un positionnement des banques sur les prêts P2P – même sans le (futur) aiguillon réglementaire spécifique au Royaume-Uni – où elles peuvent apporter la confiance qui manque encore afin de convaincre le grand public d'investir dans ce type de solutions. A l'inverse, il reste tout de même à vérifier si l'irruption des institutions financières traditionnelles sur ce marché ne sera pas perçue comme une tentative d'étouffement d'une concurrence naissante…

Demande de prêt

mardi 21 octobre 2014

InsPeer prépare une assurance P2P française

InsPeer
L'Allemagne a (de longue date) Friendsurance, le Royaume-Uni a (depuis peu) Guevara, la France aura (bientôt) insPeer. Avec une stratégie sensiblement différente de celle des deux pionnières, la jeune pousse française s'apprête en effet à introduire un peu de « peer-to-peer » (P2P) dans le paysage hexagonal de l'assurance.

Fondée au début de l'année et actuellement hébergée au sein de l'incubateur du Pôle Finance Innovation, insPeer se trouve ces jours-ci sous les feux de l'actualité car elle a été sélectionnée pour faire partie des 40 finalistes des Grands Prix de l'Innovation de la Ville de Paris 2014, dans la catégorie des services aux particuliers. Il faudra attendre encore quelques semaines (mois ?) avant que son service ne soit effectivement opérationnel, mais quelques grandes lignes en sont déjà esquissées.

Le fonctionnement repose, comme toujours, sur la constitution de communautés d'utilisateurs. En l'occurrence, et en synthèse, le candidat à l'assurance insPeer va, après son inscription sur le site, inciter sa famille et ses amis à le rejoindre, afin de constituer un groupe de couverture mutuelle. Chacun des participants va alors apporter sa contribution – pour un montant pré-déterminé – à un fonds de garantie qui interviendra dès que l'un d'entre eux subira un dommage.

À cette base standard (dans le monde émergent de l'assurance P2P), insPeer ajoute quelques particularités notables. Tout d'abord, l'établissement d'un « contrat » entre les membres d'un groupe est uniquement basé sur la confiance et aucun transfert d'argent n'est impliqué à ce stade. Ce n'est qu'en cas de sinistre que des appels de fonds sont émis, par la plate-forme, pour un montant ajusté selon les frais réels engagés. Le risque de défaut n'est pas négligeable (bitcoin pourrait apporter une solution !) mais la gratuité initiale du service est une extraordinaire clé de séduction…

InsPeer

Plus important, le modèle d'insPeer a vocation – au moins dans un premier temps – à ne s'appliquer qu'aux franchises des polices d'assurances traditionnelles : le mécanisme proposé permet seulement aux utilisateurs de bénéficier d'une option de rachat à moindre frais. L'intérêt est multiple pour la startup : les montants couverts restent limités et les garanties peuvent ainsi être mises en place indépendamment des contrats existants, sans nécessité de partenariat compliqué avec une compagnie classique et, probablement, dans un contexte réglementaire allégé.

Bien que sur un périmètre réduit (de la franchise), les promesses d'insPeer à ses (futurs) clients sont identiques à celles de ses prédécesseurs : un meilleur contrôle des dépenses, assorti d'une transparence sans égale, l'ensemble reposant sur une notion de communauté choisie, au sein de laquelle la confiance prime. Il s'agit donc d'une application au secteur de l'assurance des principes de l'économie de partage. Et on peut gager que, si le concept se développe et conquiert les français, il pourra s'étendre aisément à d'autres types de garantie…

lundi 20 octobre 2014

Nouveau « data-gate », dans une banque suisse

PostFinance
Il y a quelques mois, aux Pays-Bas, ING s'était pris les pieds dans le tapis de l'exploitation commerciale des données de ses clients. Ces derniers jours, c'était au tour d'un établissement suisse, PostFinance, de déclencher la fureur des consommateurs dans des conditions similaires. Récit d'une maladresse invraisemblable…

Tout a commencé en août dernier, lorsque, en préparation du lancement d'une toute nouvelle version de son portail de services en ligne, la banque introduisait une clause d'importance dans ses conditions d'utilisation. Selon les termes employés dans ce texte, PostFinance s'octroyait le droit de collecter et exploiter les données des transactions de ses clients, afin de leur faire bénéficier d'offres promotionnelles personnalisées en fonction de leurs habitudes de consommation ainsi décryptées.

Intégrée discrètement dans une période estivale propice à ce qu'elle passe inaperçue, la mesure n'avait alors pas fait trop de remous, d'autant que les clients existants n'étaient pas obligés d'accepter les nouvelles conditions. Las, lorsque arrive l'automne et que la banque stipule que les utilisateurs qui ne donnent pas leur accord ne pourront plus accéder à leur espace en ligne, la révolte éclate et gagne rapidement les médias (à moins qu'ils ne soient eux-mêmes responsables de son déclenchement, d'ailleurs).

Les promesses autour de la protection de la confidentialité des informations, de la garantie d'anonymat vis-à-vis des partenaires commerciaux, de la possibilité de refuser les promotions proposées… n'ont pas suffi à calmer les esprits. Au contraire, l'annonce d'une option de désinscription totale (« opt-out ») disponible seulement à partir d'avril 2015, lorsque la plate-forme publicitaire serait mise en œuvre (alors que la collecte de données débutait le 12 octobre), a été perçue comme une provocation supplémentaire.

Finalement, PostFinance a été contrainte de se rétracter et d'offrir le choix à ses clients d'accepter les nouvelles conditions avec ou sans cette clause d'analyse de données. Naturellement, après une telle vague d'indignation, il est plus que probable que le taux d'adhésion aux offres promotionnelles soit particulièrement bas… Ainsi, du fait d'une grave erreur de jugement, la banque a non seulement sérieusement écorné son image mais elle a également, en grande partie, compromis la valeur de sa future solution.

Plus encore que dans le cas d'ING (qui a été surtout victime d'une mauvaise interprétation de ses intentions, aidée en cela par une communication un peu confuse), la faute de PostFinance est impardonnable : il est absolument exclu pour une institution financière de vouloir recueillir et (potentiellement) exploiter les données confidentielles de ses clients sans leur demander leur accord préalable (« opt-in »). C'est ce que le gendarme suisse de la protection des données à rappelé sans équivoque et que toutes les banques devraient garder précieusement en mémoire…

Information repérée grâce à b3b.info (merci Marc !)

PostFinance

dimanche 19 octobre 2014

CommBank ouvre un lab d'innovation collaboratif

CommBank
Depuis plusieurs années, et « C'est pas mon idée ! » s'en fait régulièrement l'écho, CommBank (« Commonwealth Bank of Australia ») innove constamment et multiplie les initiatives originales. Alors que la banque vient d'annoncer l'ouverture d'un « Lab », l'occasion est excellente de faire un point sur ce genre de démarche.

Car l'approche adoptée par l'australienne n'est pas tout à fait celle à laquelle nous ont habitués les innombrables exemples précédents. Plus précisément, il ne s'agit pas ici de mettre en place une vitrine essentiellement technologique, plus ou moins ouverte à toutes sortes de visiteurs, et tenant plus souvent du musée que d'un véritable espace de création. Au contraire, l'ambition de CommBank est d'inventer un lieu qui réponde réellement à la définition d'un laboratoire, dans lequel de nouvelles idées seront incubées et accélérées.

Le dispositif, occupant 690 m2 dans des locaux de la banque situés au cœur de Sydney, accueillera donc clients, partenaires, startups et autres experts, non seulement pour leur présenter de nouveaux concepts mais également – et surtout – pour les inviter à participer à leur création, leur développement, leur mise au point et leur déploiement. Des équipements à l'état de l'art seront mis à disposition des « résidents » afin de stimuler la collaboration autour de solutions concrètes, destinées à la clientèle des particuliers comme des professionnels.

CommBank affirme d'ailleurs qu'elle ne fait que répondre à une demande de plus en plus pressante de la part des acteurs de son écosystème de participer plus activement à la définition des services de demain. En pratique, la mission du « Lab » sera de transformer rapidement les idées en réalisations, en étroite collaboration autant avec les participants externes qu'avec les collaborateurs de la banque, pour lesquelles le défi sera d'appréhender la révolution culturelle en cours (et ses enjeux de partage, de transparence, d'agilité, d'accélération…).

CommBank

L'ouverture du nouvel espace d'innovation s'accompagne justement (et fort judicieusement) d'une autre initiative conçue exclusivement pour les équipes internes. Le programme « Unleashing Innovation » (« débrider l'innovation ») propose ainsi à tous les employés de soumettre leurs idées (rien de très original jusque-là) et de les accompagner dans leur incubation au « Lab », lorsqu'elles sont jugées viables (ce qui représente une bonne pratique encore trop rare dans les entreprises).

Il reste à voir comment s'y prendra la banque pour convaincre ses partenaires de participer à ses efforts (les moyens ne manquent pas mais la stratégie retenue n'est pas précisée). Quoi qu'il en soit, sa volonté de faire de son « Lab » un lieu de création change des installations statiques – dont la plupart ne produisent aucune résultat tangible – auxquelles nous ont accoutumés les institutions financières. L'ensemble dénote une incontestable maturité : contrairement à ceux qui débutent par là, Commbank a attendu d'acquérir une expérience de l'innovation avant de se lancer…

samedi 18 octobre 2014

Un hedge fund algorithmique en crowdsourcing

Quantopian
Lorsque je présentais Quantopian au début de l'année, il ne s'agissait encore que d'une plate-forme technique permettant aux quants désœuvrés de mettre au point leurs algorithmes de trading. Quelques mois plus tard, la jeune pousse annonce un prochain passage à la vitesse supérieure, qui passera par la création d'un hedge fund.

Le cœur de l'offre de Quantopian reste fondamentalement inchangé depuis son lancement : tout un chacun peut créer un compte, gratuitement, et profiter ainsi d'une riche collection de données de marchés (sur actions américaines) – à la fois historiques et en temps réel – ainsi que d'un environnement de développement extrêmement complet, grâce auxquels les inscrits peuvent concevoir, programmer (en langage Python ou via des outils graphiques) et tester des stratégies algorithmiques d'investissement.

A l'issue d'une période de déploiement limité, auprès de quelques 150 utilisateurs privés, la plate-forme a été ouverte plus largement en juin dernier, quoique toujours en version beta. A cette occasion, elle était déjà passée dans un mode plus opérationnel puisque les participants avaient alors la possibilité – en option – de connecter leur compte (auprès du courtier partenaire Interactive Brokers) pour exécuter sur un portefeuille réel leurs algorithmes ou ceux des autres quants qui partagent leurs réalisations sur le site.

Quantopian

L'étape suivante sera donc la création d'un fonds de gestion alternative (hedge fund) dont les stratégies d'investissement seront exclusivement basées sur les modèles les plus efficaces des utilisateurs de Quantopian. Le lancement effectif n'interviendra qu'en 2015 mais un appel à candidatures est ouvert dès maintenant car les performances de ces futurs « gestionnaires » devront être préalablement évaluées pendant une période minimale de 6 mois, sur les résultats concrets mesurés sur leur portefeuille.

Indépendamment de leurs activités pour compte propre, qu'ils pourront continuer à mener à leur guise, ces heureux élus (au moins ceux de la première promotion) devraient se voir confier chacun (ou, plus exactement, leurs algorithmes) un million de dollars à gérer, avec, à la clé pour eux, une rémunération directe sur les gains réalisés. Selon les données partielles sur lesquelles Quantopian a aujourd'hui une visibilité (tous les utilisateurs n'intègrent pas leur portefeuille), certains des participants actuels parviennent à des performances excellentes, qui laissent entrevoir un modèle gagnant pour tous.

Bien entendu, de nombreuses inconnues subsistent encore dans l'approche de la startup, mais les fonds traditionnels ont tout de même du souci à se faire, tellement ils se trouvent menacés sous une multitude d'angles différents. En effet, Quantopian bénéficie d'une réserve de talents – en crowdsourcing – sans équivalent et offre un avantage financier significatif pour tous les intervenants (notamment grâce à l'automatisation), tout en introduisant une transparence totalement inconnue dans le secteur (sur les performances des algorithmes, voire sur leur code source)…

vendredi 17 octobre 2014

Simplifié et ludique, voici le nouveau PFM

Fidelity
Après quelques années d'euphorie, il est temps de se rendre à l'évidence : la gestion de budget à base de catégorisation des dépenses et de graphiques d'analyse n'est pas une grande réussite. Parmi diverses tentatives de renouvellement du genre, le service Cinch de Fidelity Investments a plusieurs arguments intéressants à faire valoir…

Partant du constat que les consommateurs sont réticents à adopter – dans la durée – les méthodes classiques de classement des transactions, qu'elles soient automatiques (mais alors pas adaptées à chaque cas particulier) ou manuelles (et donc chronophages), l'institution financière a simplifié au maximum son approche. Ainsi, pour démarrer avec Cinch, l'utilisateur va confirmer son niveau de revenus, le montant de ses dépenses « essentielles », et il ne lui reste plus qu'à surveiller le reste de son argent et, éventuellement, en épargner une partie.

Ces étapes initiales sont elles-mêmes rendues extrêmement faciles à appréhender puisque l'outil, connecté aux différents établissements détenteurs des comptes de l'internaute, analyse l'historique de ses opérations pour, d'une part, tenter d'identifier automatiquement le salaire et, d'autre part, en soumettre une synthèse permettant de choisir très rapidement celles qui sont incontournables et en déduire les charges « obligatoires » (notion plus personnelle, qui peut, par exemple, inclure les dépenses de logement, de transport, de nourriture, les factures de base…).

La deuxième idée inédite – et séduisante – que propose Cinch est de faire du suivi du budget un (court) moment de (léger) divertissement. En effet, chaque nouvel achat apparaissant dans les comptes comporte un seul bouton, intitulé « Not Worth It » (« ne vaut pas le coup »), qui, une fois actionné, va ajouter le montant correspondant au montant des dépenses qui auraient pu donc être évitées. La mise en évidence de ces petits et grands gaspillages à la fin du mois doit, en principe, inciter le consommateur à faire plus attention le mois suivant…

Meet Cinch

Il faut encore signaler une autre particularité de la solution de Fidelity : afin qu'elle soit réellement utile, elle est conçue pour intégrer – automatiquement – les comptes de la plupart des institutions financières américaines, grâce à la mise en œuvre des fonctions d'agrégation de Yodlee. Bien que ce choix soit beaucoup moins étonnant de la part d'un spécialiste de l'investissement que d'une banque de détail, il reste notable. D'autant plus que l'établissement profite de cette quasi-universalité de Cinch pour en ouvrir l'accès à tous, clients et non clients.

Malgré toute la valeur et l'originalité de cette nouvelle vision du PFM (ou gestion de finances personnelles), je dois avouer que la réalité du concept de « worth it » m'a tout de même laissé sur ma faim. Car, dans un élan d'imagination incontrôlé (et probablement excessif), je voyais déjà une application capable de prédire, à la seule évocation d'un achat (décrit en quelques mots ou, mieux encore, par une prise en photo de l'objet convoité) s'il vaudrait la peine d'être réalisé. A tout moment, le téléphone deviendrait ainsi le conseiller intime du shopping avisé !

Trop ambitieux ? Science-fiction ? Pourtant, une analyse des dépenses passées et des avis « not worh it » précédemment enregistrés — combinés aux mêmes données collectées auprès d'autres utilisateurs au profil proche et mâtinés de quelques recherches de goûts et préférences personnels au fil des médias sociaux et d'avis de consommateurs sur des grands sites spécialisés – pourrait peut-être permettre de se rapprocher d'une telle vision. Celle-ci rassemblerait alors une trilogie idéale de la gestion de budget : simple, ludique… et prescriptive.

Le service Cinch est actuellement distribué en version beta et Fidelity affirme vouloir l'enrichir progressivement. Une prochaine itération prendra-t-elle cette direction ? A défaut, mon rêve pourrait inspirer d'autres acteurs…

jeudi 16 octobre 2014

Demain, quels services de banque en ligne ?

La Caixa
Depuis les premiers pas des banques sur le web, il y a une petite vingtaine d'années, les usages numériques des consommateurs ont profondément évolué. Pourtant, en dehors de quelques ajouts notables (notamment autour de la gestion de budget et du « PFM »), les services proposés restent toujours sensiblement les mêmes…

Pour ne prendre qu'un exemple, la classique vue par compte, pour la consultation des soldes et des opérations enregistrées, est un vestige d'une époque où les (rares) utilisateurs de la banque en ligne se connectaient peut-être une fois par mois, dans le but unique de surveiller l'état de leurs finances. Aujourd'hui, non seulement les accès sont devenus presque quotidiens (ou plus) mais, surtout, la vie s'est accélérée et l'« homo numericus » veut désormais obtenir instantanément l'information dont il a besoin, sans avoir besoin de la rechercher (c'est le « réflexe Google »).

En attendant de satisfaire entièrement cette demande, quelques banques commencent à transformer leur vision des services en ligne afin de mieux répondre à ces nouvelles attentes de leurs clients. La Caixa, en Espagne, entre dans ce club encore fermé en lançant l'option « Vista Rápida » (« vue rapide »). A ce stade, il s'agit simplement de proposer une perspective différente, puisque l'internaute sera dorénavant accueilli par un aperçu de l'ensemble des événements qui sont intervenus sur son compte depuis sa dernière connexion.

Sans aucune action de sa part, lui sera ainsi présenté un tableau de bord complet, comprenant les listes des dernières opérations sur les comptes principaux et sur les cartes de paiement qu'il détient, les nouveaux messages échangés avec l'établissement et autres reçus d'achat dématérialisés, un suivi des points collectés grâce au programme de fidélité intégré… Naturellement (au XXIème siècle), « Vista Rápida » est déployée aussi bien au niveau de la plate-forme web que des applications mobiles de La Caixa.

Vista Rápida

La banque profite de cet ajout pour y introduire une interface dynamique, que l'utilisateur peut personnaliser à sa convenance. Sur la base du tableau de bord fourni automatiquement, il lui est ainsi possible de ré-agencer ses différents modules d'« actualités » financières, d'en configurer quelques paramètres… et d'y installer des raccourcis d'accès rapides à ses actions favorites.

Cependant, dans un premier temps (au moins), la nouvelle présentation n'intégrera la page d'accueil que pour les utilisateurs qui le demandent explicitement (les autres y accéderont par l'intermédiaire d'un menu), probablement par crainte de trop perturber de (déjà) vieilles habitudes… Alors que les évolutions ont pourtant été conçues sur la base des desiderata des clients, qui expriment eux-mêmes le besoin d'un accès rapide aux informations, les études qui ont été menées ont certainement mis également en évidence la diversité des attentes des consommateurs…

Alors, au-delà d'une réponse ponctuelle à un besoin majoritaire justifiant la mise en place de « Vista Rápida », apparaît rapidement l'exigence progressivement incontournable d'une solution ajustable à chaque besoin individuel. Ce qui est esquissé ici – à travers l'ajout d'actions favorites – et que que les Banques Populaires, entre autres, ont poussé d'un cran supplémentaire – notamment en permettant d'installer un virement pré-paramétré sur la page d'accueil de leur application pour tablette – n'est que l'embryon des services ultra-personnalisés de la banque de demain…

Information repérée grâce à Frédéric Bois (merci !)

mercredi 15 octobre 2014

Visa signe le retour des offres liées à la carte

Visa
La tendance n’est pas très nouvelle mais, malgré plusieurs tentatives (émanant généralement de startups), les « offres liées à la carte » (CLO pour l’acronyme en anglais) n’ont toujours pas réellement décollé, au moins en Europe. Deux ans après le haut de la dernière vague, Visa décide maintenant de tenter sa chance…

Le principe de fonctionnement de la future plate-forme – elle prendra les traits d’un pilote d’ici la fin de l’année, pour une généralisation en 2015, initialement au Royaume-Uni, avant une éventuelle extension au reste du continent – reste résolument classique. L’analyse des transactions passées des consommateurs permet à Visa de connaître leurs comportements d’achat et, ainsi de leur proposer des promotions parfaitement ciblées, en fonction de leurs habitudes, goûts et centres d’intérêts.

Pour l’utilisateur final, le mode opératoire ne pourrait être plus simple : il lui suffit de régler ses dépenses avec sa carte Visa pour que les offres auxquelles il est éligible – réductions et autres cadeaux – lui soient automatiquement et immédiatement appliquées. Pour les commerçants participants, les bénéfices de la personnalisation mise en œuvre sont évidents : augmentation de la satisfaction et de la fidélité de leur clientèle, conduisant directement à un meilleur retour sur investissement…

Enfin, les institutions financières partenaires de Visa, qui sont, par nécessité, les premières cibles commerciales de la nouvelle solution, trouveront dans celle-ci une opportunité de proposer à leurs clients l’expérience riche et individualisée qu’ils réclament de plus en plus dans toutes leurs interactions avec les grandes enseignes, surtout lorsqu’il s’agit de marketing et de publicité, dont les traditionnelles méthodes de communication de masse sont désormais largement rejetées.

Edo Interactive

L’immense volume de paiements que traite Visa (un tiers des échanges en livres sterling passerait par ses réseaux) et la gigantesque accumulation d’information correspondante représentent son atout principal dans la bataille autour des CLOs. En arrière-plan de cette entrée sur un marché naissant, il faut cependant certainement voir d'abord une recherche de nouvelles sources de revenus, après les attaques répétées des régulateurs sur les commissions constituant la base de son modèle économique.

Malheureusement, la marque semble assez extrêmement mal armée pour prendre une position majeure. En effet, c’est en réalité la technologie d’une jeune pousse spécialisée – edo Interactive – qu’elle s’apprête à déployer. Or cette dernière est pour l’instant implantée uniquement aux États-Unis et elle ne dispose donc actuellement d’aucun réseau de commerçants affiliés en Europe, une absence qui est justement aussi le point faible de Visa, et qui justifie le recours à un acteur tiers.

Alors pourquoi les banques iraient-elles s’associer avec Visa plutôt qu’avec les quelques entreprises locales (dont BirdBack et Cardlinkin’, en France) proposant une offre équivalente et ayant déjà établi un premier écosystème d’enseignes partenaires ?

mardi 14 octobre 2014

BNZ ouvre un réseau social de la banque

BNZ
Ce n'est certes pas la première initiative du genre dans le monde mais la plate-forme communautaire que vient de lancer [PDF] la banque néo-zélandaise BNZ à destination de ses clients est probablement l'une des plus intéressantes à ce jour. Tout en donnant des idées qui pourraient rendre son approche encore plus utile…

Ce qui (me) séduit particulièrement dans le concept de « BNZ Community » peut tenir en trois mots essentiels : simplicité, ouverture et focalisation. En effet, le cœur du site est consacré à un forum dans lequel tous les internautes qui le souhaitent – qu'ils soient clients ou non – peuvent dialoguer et interagir autour des questions de banque, et d'argent en général. La seule autre composante disponible est un blog sur les mêmes thématiques, tenu par quelques collaborateurs de l'établissement, dont la vocation est vraisemblablement de stimuler les discussions.

Au-delà de sa fonction quasi exclusive, qui sera tout de même déclinée en de multiples usages selon les intentions de ses participants (assistance, partage d'information, conversations ouvertes…), la plate-forme elle-même est très accessible. Après une procédure d'inscription rapide, l'utilisateur va immédiatement pouvoir poser ses questions et répondre à celles de ses pairs. Là encore, il n'existe qu'une option supplémentaire, consistant à attribuer des « kudos » (marques d'appréciation) aux interventions des autres membres, qui amélioreront ainsi leur réputation.

Pour autant, les participants ne sont pas totalement livrés à eux-mêmes. Une équipe interne BNZ est également présente (et fort active en cette période de lancement), afin de répondre aux questions touchant directement à la banque et d'animer les échanges. Sans qu'il soit possible de savoir si c'est le cas aujourd'hui, cet engagement des collaborateurs donne rapidement envie de voir le service s'ouvrir plus largement : pourquoi ne pas imaginer, par exemple, que tous les conseillers puissent contribuer et, de la sorte, fassent de leur entreprise un modèle communautaire ?

A l'ère où les médias sociaux publics – omni-présents – sont massivement utilisés par les consommateurs pour recueillir les optinions de leurs amis et relations sur les produits et services qu'ils convoitent, y compris (voire même surtout) dans le domaine financier, le principe d'une plate-forme dédiée peut être perçu comme anachronique. Dans le cas de « BNZ Community », ses avantages spécifiques peuvent néanmoins justifier son existence, notamment sa spécialisation et l'implication « officielle » des salariés de la banque… Il ne reste qu'à attendre de voir, à l'usage, si cela suffit à assurer le succès.

BNZ Community

lundi 13 octobre 2014

Datathon : BBVA récidive !

BBVA
Forte du succès du premier « datathon » qu'elle a organisé à l'automne 2013, BBVA lance ces jours-ci la deuxième édition de ce concours d'applications, qui reste basé sur l'ouverture aux participants d'un échantillon de transactions bancaires réelles, encore plus riche et plus complet cette année que la précédente.

Contrairement à ce que laisse entendre l'appellation de « hackathon » employée  un peu abusivement par la banque, ce nouvel « InnovaChallenge », comme toujours accessible aux développeurs du monde entier, laisse à ces derniers 6 semaines pour réaliser une application utilisant les informations qui seront à leur disposition. Les récompenses mises en jeu sont généreuses : 60 000 euros seront répartis entre 3 lauréats désignés dans chacune des deux catégories proposées (solutions pour le grand public, d'une part, et pour les entreprises, d'autre part).

Le jeu de données que livre la banque pour l'occasion, sous la forme de 4 APIs (« interfaces de programmation applicative »), comprend 6 mois de transactions des clients de BBVA dans les villes mexicaines de Mexico, Guadalajara et Monterrey. Naturellement, l'ensemble sera entièrement anonymisé : en fait, ce sont uniquement des agrégats qui seront proposés aux participants, sous de multiples dimensions, géographiques (par code postal ou par bloc), par catégorie et montant de dépense, par classe d'âge et par genre des clients…

BBVA Innova Challenge 2014 MX

Outre la plus grande richesse des informations offertes en pâture aux compétiteurs, cette itération du concours souhaite également mettre l'accent sur leurs usages combinés avec d'autres sources, à la fois pour la distinguer de la première et pour élever le niveau du défi à relever. Dans la sélection des vainqueurs, l'exploitation mixte de statistiques de dépenses et de données externes – notamment les « open data » qui prolifèrent de nos jours (par exemple celles des Nations Unies, de l'OCDE, du FMI…) – sera donc systématiquement privilégiée.

Fidèle à son habitude, BBVA vise, avec cette initiative, à développer sa culture globale d'échanges permanents avec la communauté internationale des développeurs. Cependant, à travers les quelques nouvelles règles qu'elle introduit, elle veut également ajouter ici une dimension plus marquée de créativité. L'enjeu devient alors d'imaginer les opportunités de valorisation des gisements de données qu'elle possède dans des contextes plus éloignés de son cœur de métier que lors du « datathon » précédent.

Une transition finalement logique : alors que les usages bancaires de ses propres données sont, pour la plupart, à portée d'imagination des équipes internes de BBVA (au moins en théorie), les croisements d'informations d'origines diverses – qui offriront certainement le potentiel d'innovation le plus important dans les entreprises de demain – demandent un état d'esprit plus ouvert et sont particulièrement propices à un recours aux talents du monde extérieur, non financier.