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C'est pas mon idée !

jeudi 14 février 2019

Peut-on transformer la banque avec IBM ?

IBM
Depuis le début de l'année 2019, 3 des plus importantes banques européennes ont annoncé la signature avec IBM de partenariats pluri-annuels, pour des montants se comptant en centaines de millions d'euros. À chaque fois, la transformation « digitale » est invoquée pour justifier ces accords. Mais ne serait-ce pas plutôt une fuite en avant ?

La série a commencé, doucement, avec Nordea et son contrat d'externalisation des opérations de ses grands systèmes (« mainframes »). BNP Paribas a ensuite enchaîné sur un déploiement de solutions cloud. Enfin, plus récemment, Santander s'engage, quant à elle, dans une vaste collaboration technologique. Dans tous les cas, ce sont donc d'excellents clients historiques d'IBM qui prolongent leurs relations de la sorte, aidant au passage l'entreprise à redresser ses comptes, moroses ces derniers temps.

Il n'est pas question ici de dénigrer la qualité intrinsèque des solutions retenues mais un premier point d'interrogation s'impose face aux affirmations de leur valeur pour accompagner la transformation des institutions financières. En particulier, il semblerait terriblement naïf d'imaginer que le recours au cloud ou l'accès aux technologies big data et Watson (qui mue discrètement d'informatique cognitive en intelligence artificielle), en tant que tels, sont des préalables pour mener à bien les changements nécessaires.

Faut-il encore rappeler que ce ne sont pas les outils qui définiront la banque de demain ? Que les utilisateurs (de toujours) de ses produits fassent appel à IBM pour les aider à améliorer l'efficacité de la gestion de leurs systèmes en place est légitime. En revanche, il est dangereux de mêler dans le même package ce qui concerne l'existant et ce qui relève de l'innovation : la combinaison des deux profite évidemment aux résultats de l'éditeur, mais elle deviendra une contrainte pour les futurs nouveaux projets.

IBM Cloud

Il faudrait, en outre, et surtout, se pencher attentivement sur la possible exigence de rupture qui devrait accompagner la réinvention de la banque. En effet, pour prendre le problème à rebours, peut-on envisager une modernisation de fond en comble – qui implique les processus, l'organisation, les collaborateurs, les systèmes informatiques… – en conservant intacte, d'une certaine manière, la « culture IBM » interne (qui, dans les 3 banques citées, est particulièrement enracinée) ? Cette dernière ne risque-t-elle pas alors de devenir un phare ralliant tout ce (et tous ceux) qui rejette(nt) le changement ?

En conclusion, les initiatives de Nordea, BNP Paribas et Santander ne préjugent pas nécessairement d'une transformation « digitale » mal engagée mais, à tous le moins, elles envoient des messages extraordinairement contradictoires, en mixant sans retenue une logique de continuité, rassurante, avec des prétentions de changement profond. Eu égard au conservatisme traditionnel du secteur financier, avouons qu'un soupçon d'insincérité pèse automatiquement sur la deuxième partie de leurs affirmations…

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