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C'est pas mon idée !

dimanche 2 septembre 2018

Une banque dans les nuages

Live Oak Bank
Alors que les recommandations de l'EBA pour l'usage du « cloud » public sont entrées en vigueur au début de l'été, les banques restent frileuses à son adoption. Outre sa démonstration de faisabilité, le cas de Live Oak Bank – qui vient d'être distingué par un prix de l'innovation du BAI – éclaire les multiples raisons de migrer vers ce modèle.

Les fâcheux pourront toujours arguer que l'exemple n'a que peu de valeur pour les grandes institutions financières, puisqu'il est question ici d'une petite banque directe américaine âgée de 10 ans (et spécialisée dans le crédit aux PME). Alors, certes, la transition intégrale de son système d'information vers le « cloud » Azure de Microsoft en 18 mois sera difficile à répliquer. Pourtant, ses motivations pour lancer le chantier et les bénéfices qu'elle en tire sont universels et devraient être une source d'inspiration.

Un premier constat essentiel à tirer de cette expérience est que Live Oak Bank n'a pas mis les réductions de coûts informatiques au cœur de ses critères de décision et, si elle affirme avoir réduit de 40 à 50% sa dépense globale, elle présente cette économie plutôt comme un avantage collatéral, avec la transition d'un modèle de financement requérant d'énormes investissements vers une logique de charge d'exploitation. Aujourd'hui, les seuls matériels qu'elle détient sont les PC et les smartphones de ses employés.

En réalité, ce sont donc deux facteurs distincts qui ont convaincu la banque d'abandonner ses infrastructures propriétaires au profit du « cloud ». Tout d'abord, sa situation à proximité de l'océan Atlantique la place sous la menace permanente d'ouragans qui, bien que les impacts puissent en être atténués par la mise en place de plans de secours (coûteux, la contingence budgétaire n'étant pas absente de la réflexion), induit de forts risques de perturbation des services critiques pour son fonctionnement.

BAI Global Innovation Awards 2018 – Live Oak Bank

L'autre argument mis en avant est l'ambition d'être toujours en capacité de servir les clients en toute sécurité, 24 heures sur 24, 365 jours par an, depuis n'importe quel lieu, en utilisant seulement une connexion à internet et un PC ou un smartphone. Et il s'agit d'avoir tous les services à portée de clic, afin de pouvoir répondre à toutes les questions et réaliser toutes les opérations, depuis un bureau, l'entreprise du client, une voiture, un avion (Live Oak Bank possède 3 jets, considérés comme des agences volantes)…

Naturellement, ces exigences pourraient être adressées en maintenant un centre de production interne. Cependant, l'ampleur des changements requis facilite le choix. Déjà, la banque a dû refondre entièrement ses processus et ses applications pour s'adapter aux nouvelles contraintes. Pour l'infrastructure, elle a considéré qu'il était plus simple et beaucoup plus rapide de s'appuyer sur une offre existante, répondant par essence à tous ses besoins, y compris, dans une large mesure, en matière de sécurité.

Étonnamment, la faculté du « cloud » d'absorber aisément et instantanément les pics de sollicitation des applications ainsi que d'éliminer totalement les délais de déploiement et de configuration de nouvelles machines n'était pas un objectif d'origine. Elle est cependant bien présente dans la description des retombées positives de la démarche.

Pour les institutions financières qui désirent « digitaliser » leurs processus, notamment ceux, nombreux, qui s'appuient sur des solutions datées et inadaptées aux enjeux de disponibilité de l'ère moderne, l'exemple de Live Oak Bank suggère d'envisager un autre modèle d'hébergement informatique, plus efficace. Viendra ensuite la question cruciale : alors que le modèle industriel du « cloud » atteint la maturité, les infrastructures recèlent-elles une différenciation concurrentielle suffisante pour justifier leur internalisation ?

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