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C'est pas mon idée !

vendredi 31 janvier 2014

Quelle assurance pour l'économie du partage ?

Assurance
Tout autour de nous, une nouvelle économie du partage se développe, dans tous les domaines, grâce (entre autres) à l'ubiquité d'internet. Or, les services tels que Blablacar, Uber, Sejourning, AirBnb…, qui prolifèrent dans le monde entier, commencent à soulever de sérieuses questions pour les compagnies d'assurance.

Un article de la revue Insurance & Technology fait le point sur le sujet à l'heure où la responsabilité de la société Uber se trouve engagée dans un dramatique accident de la route. Tout commence par un constat simple : les adeptes des services partagés (sous toutes leurs formes) sont ignorés par les assureurs. Ils n'ont le choix qu'entre leur police personnelle – qui ne couvre probablement pas ces usages – et des contrats professionnels inadaptés, en particulier en termes financiers.

Il reste donc à inventer les produits qui permettront à ces nouveaux modes de consommation de bénéficier des mêmes garanties et protections que l'économie traditionnelle, voire, comme dans le secteur du transport de personnes, de s'inscrire dans un cadre légal. Les compagnies d'assurance ne pourront continuer longtemps à prétendre que ces cas n'existent pas : elles ont le devoir de répondre aux attentes de leurs clients ! Il y aura alors matière à insuffler de la créativité dans les offres, en profitant des technologies pour ce faire…

A titre d'exemple, l'auteur s'attarde sur l'assurance automobile pour les services de « VTC » (voiture de tourisme avec chauffeur), en prenant l'hypothèse que les contrats annuels traditionnels ne sont peut-être pas la bonne réponse à ce besoin. A la place, pourquoi ne pas plutôt imaginer un principe de « couverture à la course », qui pourrait être intégrée à l'application mobile présente au cœur du modèle de ces nouveaux acteurs, et suivrait en temps réel le parcours et le comportement du conducteur, afin de calculer au plus juste la prime due ?

Il ne fait aucun doute que des innovations de ce genre sont déjà en gestation, sinon chez des assureurs, du moins dans les entreprises concernées (pour qui il pourrait s'agir d'une question de survie ou, a minima, de différenciation concurrentielle). La culture de partage est en forte expansion, sans aucune perspective de ralentissement à court terme : les compagnies qui sauront profiter rapidement des opportunités qui s'ouvrent actuellement ont autant à gagner que les startups qu'elles serviront…

Uber

jeudi 30 janvier 2014

Elliptic assure les bitcoins

Elliptic
Bien que la monnaie virtuelle bitcoin soit encore toute jeune (son introduction date d'à peine plus de 5 ans), elle adopte rapidement les techniques de ses aînées « réelles » pour tenter d'atteindre la respectabilité. Dans ce registre, la dernière innovation en date est une assurance sur les dépôts, conçue par la jeune pousse Elliptic.

Fondamentalement, et comme quelques autres acteurs de sa catégorie, le modèle de la startup britannique consiste à mettre à la disposition des détenteurs de bitcoins l'équivalent en ligne d'un véritable « coffre-fort », dans lequel ils peuvent conserver en toute confiance leurs précieuses économies, sans les risques de détournement et de piratage qui peuvent atteindre les porte-monnaie virtuels classiques (et dont les exemples se multiplient à travers le monde).

L'originalité de l'offre d'Elliptic est d'assortir ce service d'une garantie formelle, un peu à l'image de celle qui couvre les comptes bancaires traditionnels (via le Fonds de Garantie des Dépôts, en France). Ainsi, outre son engagement en matière de sécurité de ses infrastructures et, plus précisément, de protection des bitcoins qui lui sont confiés, la société intègre une assurance qui prend en charge le remboursement du préjudice subi en cas de défaillance du stockage (qu'elle soit due à une négligence, un vol ou un incident technique).

Elliptic Vault

A ce stade du développement de la monnaie virtuelle, le concept proposé par Elliptic peut certes sembler anecdotique. Son implémentation est d'ailleurs encore assez « approximative » puisque les garanties restent exprimées en livres sterling et non directement en bitcoins (les remboursements éventuels impliquant donc des conversions de devises aux cours en vigueur). Pourtant, un petit détail attire l'attention : c'est la prestigieuse Lloyd's de Londres qui fournit l'assurance du service.

Il est vrai que, pour la compagnie, le risque couvert est plus ou moins équivalent à celui d'une police de responsabilité civile professionnelle habituelle (notamment en comparaison de ce qui existe déjà dans le secteur technologique et autour de la protection de données). Il est tout de même encourageant de voir une vénérable institution saisir l'occasion de prendre pied dans un domaine aussi innovant (et incertain) que les monnaies virtuelles, lui offrant de fait (quoiqu'indirectement) une certaine forme de reconnaissance officielle.

Information repérée grâce à la revue American Banker et B. Reutzel (merci !)

mercredi 29 janvier 2014

Dilizi, l'encaissement sur mobile par BPCE

BPCE
Avec son positionnement de « première banque des PME et artisans » en France, le Groupe BPCE ne pouvait ignorer longtemps la mode des terminaux de paiement sur mobile, lancée par Square il y a 3 ans. En conséquence, l'annonce de sa nouvelle offre, baptisée Dilizi, n'est qu'une demie surprise, qui mérite pourtant bien de s'y arrêter.

En effet, les solutions du genre sont encore rares dans l'hexagone, qu'elles émanent de startups ou des institutions financières. Alors, bien sûr, on se trouve obligé de comparer la nouvelle venue avec celle du Crédit Agricole, présentée en fin d'année dernière mais qui devrait, elle aussi, être distribuée effectivement à partir de mars ou avril. Et il est vrai que, entre les deux, les ressemblances sont plus nombreuses que les différences…

Dilizi est donc la combinaison d'une application pour smartphone et d'un petit lecteur de carte de paiement indépendant. Conformément aux règles en vigueur dans notre pays (notamment le standard EMV), celui-ci comporte un clavier pour la saisie du code PIN et il se connecte au terminal par une interface Bluetooth sécurisée. Le logiciel, quant à lui, est non seulement conçu pour traiter les paiements, il se présente plus globalement comme une véritable solution de caisse.

A ce titre, il permet au professionnel de gérer son catalogue de produits et services, de préparer les factures de ses clients, d'enregistrer les règlements (quel qu'en soit le mode : cartes, mais également chèques, espèces, S-Money), d'émettre les reçus des achats (à envoyer par mail ou par SMS), de suivre ses ventes avec des tableaux de bord graphiques… C'est d'ailleurs bien dans ces usages enrichis que l'intérêt d'une version pour tablette (qui apparaît dans la vidéo de présentation) brille particulièrement.

Dilizi sur iPhone

Dans ce paysage relativement classique, Dilizi parvient tout de même à introduire quelques pointes d'originalité par rapport à sa principale concurrente. On pensera tout d'abord au processus d'enrôlement : pour les clients existants des deux banques du groupe, il sera possible de souscrire intégralement en ligne (ceux qui le souhaitent pourront néanmoins s'adresser à leur agence). Dans tous les cas, après réception du lecteur et installation de l'application, la mise en service est instantanée.

Côté coûts, le choix a été résolument fait de la simplicité et de la transparence. Ainsi, le lecteur de carte est facturé 49 € (certainement un prix plancher) et une commission de 2% est facturée sur les transactions, sans montant minimum et sans aucun engagement. Ce taux, plus compétitif que ceux pratiqués par PayPal et Square (dans des contextes différents), peut paraître assez élevé mais il ne devrait pas, selon moi, constituer un obstacle majeur à l'adoption face à la lisibilité de l'offre.

Par ailleurs, les évolutions évoquées dès maintenant pour Dilizi laissent entrevoir la perspective de nouveaux services à forte valeur ajoutée qui devraient considérablement renforcer l'attractivité de la solution pour les petits commerçants et artisans ciblés. Il est par exemple prévu que les fonctions de CRM (« gestion de la relation client ») déjà implémentées s'enrichissent à terme d'un pilotage de programme de fidélité.

Évidemment, Dilizi a aussi le privilège exclusif d'inclure S-Money (le porte-monnaie mobile de BPCE) parmi les moyens de paiement qu'il prend en charge. En revanche, sa présence soulève la question des liens entre les deux offres : le nouveau terminal permet-il l'encaissement des transactions S-Money ou se contente-t-il d'autoriser leur enregistrement ? Ne pourrait-on imaginer à l'occasion de ce lancement une convergence des modèles ?

En conclusion, BPCE propose là une solution robuste et plutôt séduisante aux plus de 700 000 TPE françaises qui n'acceptent pas aujourd'hui les paiements par carte, dont elle compte une bonne partie parmi sa clientèle. Elle ne devrait donc pas avoir trop de difficultés à convaincre cette cible (presque) captive d'adopter Dilizi…

mardi 28 janvier 2014

L'analyse de sentiment pour repérer la fraude

Project First
Lancé en 2010 avec le soutien de l'Union Européenne, le Projet FIRST avait pour but de concevoir des solutions capables d'extraire de l'information financière utile à partir de la masse de données non structurées disponible sur internet.

B-next, l'un des participants au programme (aujourd'hui terminé), spécialiste des logiciels de lutte contre la fraude et de gestion de la conformité réglementaire, présentait récemment les résultats de sa contribution, sous la forme d'un prototype d'outil de surveillance des marchés, ciblant plus spécifiquement deux cas de malversation bien connus : les mécanismes de type « pump & dump » et « market sounding ».

Pour les non spécialistes, le premier consiste à propager de fausses rumeurs afin de susciter des vagues d'achat sur un titre (généralement « obscur ») et profiter rapidement de la montée artificielle des cours ainsi provoquée pour réaliser une forte plus-value. Le second adopte un principe de « sondage » : l'impact d'une information est d'abord mesuré « à blanc », ce qui permet d'anticiper les réactions lorsqu'elle est publiée officiellement.

Une particularité de ces deux scénarios est qu'ils s'appuient largement sur internet et les médias sociaux pour opérer, en bénéficiant de leur position de relais d'information universels et quasi-instantanés. Rechercher sur les mêmes supports les indices de ce genre de fraude s'avère donc extrêmement pertinent. De surcroît, face à la sophistication atteinte par les escrocs, la légitimité d'une analyse automatisée, exploitant des techniques d'intelligence artificielle, devient effectivement incontournable.

En pratique, le fonctionnement de la solution de b-next ne révèle pas de grandes surprises : à partir d'une analyse sémantique des données collectées sur 215 sources internet différentes (blogs financiers, forums de discussion, plates-formes de réseau social…), des modèles standards sont établis, permettant de détecter les anomalies quand elles surviennent. Elle peut pourtant offrir, potentiellement, une aide précieuse aux autorités de supervision et de régulation des marchés financiers.

En fait, on retrouve dans cette initiative les recettes à l'origine des tentatives passées de prédire les tendances de la bourse grâce à l'analyse de sentiments sur les réseaux sociaux (ce qui, au passage, donne à réfléchir sur le réel besoin d'un co-financement public). Cette fois, cependant, la technologie est mise au service d'un objectif de lutte contre la fraude, plus réaliste (et raisonnable). D'autres scénarios du même acabit pourraient certainement être envisagés au sein des institutions financières…

b-next

lundi 27 janvier 2014

Du danger d'ignorer les big data

ISACA
En dépit de l'effet de mode qui entoure les « big data », les initiatives concrètes restent encore rares, souvent par excès de prudence face aux craintes qu'elles inspirent. Mais les entreprises concernées – dont, en particulier, les institutions financières – mesurent-elles vraiment toutes les conséquences de leur choix ?

Un nouveau livre blanc de l'association internationale ISACA propose, en quelques pages, de poser objectivement les données du problème afin d'aider les organisations à prendre des décisions éclairées. L'une des principales thèses développées dans ce document est un encouragement à adopter une vision holistique du sujet, intégrant notamment une évaluation des implications que peut avoir pour la compétitivité de l'entreprise le refus des nouvelles approches de l'analyse de données.

En effet, le sujet est souvent abordé selon 2 dimensions réductrices : d'une part, les risques techniques et opérationnels associés aux « big data » et, d'autre part, les bénéfices « métier » qui peuvent en être tirés. Les premiers sont relativement faciles à mettre en évidence et les spécialistes des technologies ne manquent pas de lever moult alertes sur les dangers d'une accumulation et d'une concentration de données plus ou moins sensibles, en termes de sécurité, de gestion de réputation…

A l'opposé, la valeur potentielle est plus difficile à évaluer, surtout lorsqu'il faut constituer un dossier économique pour un projet. Si on ajoute à ces incertitudes la méfiance qu'induit naturellement le battage médiatique autour des « big data », la balance a vite fait de pencher en faveur du statu quo. C'est alors que d'autres critères doivent entrer en jeu, car, dans l'hypothèse où l'entreprise ne fait rien pendant que ses concurrentes investissent massivement, l'impact doit aussi être soigneusement étudié.

L'ISACA ne suggère pas pour autant de se précipiter sans préparation et tente au contraire d'inciter les décideurs à bien peser le pour et le contre. D'un côté, ce sont de nouvelles opportunités qui se dégagent (par exemple dans l'amélioration de l'efficacité des actions de marketing), souvent accessibles à partir d'informations disponibles dans l'entreprise (toutes les données collectées de longue date et jusque là inutilisées) et prêtes à être concrétisées par des équipes spécialisées déjà présentes.

Revers de la médaille, les obstacles ne peuvent être ignorés. Ils se répartissent sur 3 plans : les talents, les processus et les technologies. L'expertise requise pour exploiter les « big data » est aujourd'hui rare et coûteuse, tandis que les compétences de BI (Business Intelligence) actuelles ne suffisent pas toujours… Les organisations en silo et les rejets individuels sont des freins majeurs à l'extraction de valeur. Les données utilisables ne sont pas toujours faciles à identifier (surtout avec les pratiques de « Shadow IT » : mise en place de solutions informatiques locales, en dehors de toute gouvernance centralisée)…

Estimer l'impact de chacun de ces facteurs, envisager les remèdes possibles aux handicaps de l'entreprise, quantifier les bénéfices espérés, évaluer les risques opérationnels engendrés (dont il ne faut pas oublier qu'ils peuvent eux-mêmes être mieux gérés grâce aux « big data »), déterminer les conséquences d'un non engagement… voilà donc quelques-unes des tâches essentielles à réaliser avant de lancer une initiative. Qui, au final, a toutes les chances de s'avérer inévitable

Livre blanc ISACA

dimanche 26 janvier 2014

Wizzo, l'argent connecté selon BBVA

Wizzo
Dans le sillage des startups américaines Simple et Moven, et comme on a déjà pu le voir en France avec Hello Bank! et Soon, les institutions financières du monde entier cherchent à créer de nouvelles offres nativement mobiles. BBVA est la première banque espagnole à se lancer, avec une solution qui parvient encore à surprendre.

Présentée comme « l'application qui connecte l'argent à ta vie » et destinée prioritairement aux jeunes, Wizzo est, fondamentalement, un porte-monnaie mobile adossé à un compte prépayé. A ce titre, une fois chargé (jusqu'à hauteur de 2 500 € par an, pour respecter la législation anti-blanchiment), il permet de gérer les échanges d'argent entre amis (« P2P »), selon un mode opératoire résolument classique : spécification du destinataire par son numéro de téléphone ou son adresse mail, option de demande de paiement…

Un peu plus original dans ce genre de produit, Wizzo prend également en charge les règlements en ligne, grâce à un générateur intégré de cartes virtuelles (à la e-CB). S'il le souhaite, l'utilisateur peut, de surcroît, demander une « vraie » carte de paiement, en plastique, ou bien un sticker NFC (sans contact) à coller sur son téléphone, pour réaliser des achats dans les commerces physiques. Globalement, BBVA veut donc proposer une solution plus ou moins universelle pour les paiements.

Au-delà de ces fonctions principales, Wizzo est cependant bien plus qu'un porte-monnaie mobile, empruntant au passage quelques idées aux ténors de la « banque 2.0 ». Tout d'abord, il comprend un espace dédié à l'épargne, au sein duquel le client – de préférence jeune – va pouvoir définir ses projets futurs (voyage, achat important…) et choisir comment les financer dans la durée, automatiquement, le cas échéant, en fixant un montant à mettre de côté chaque mois.

Wizzo sur iPhone

La solution essaie même d'introduire une touche de réseau social dans les finances personnelles. Pour ce faire, l'utilisateur est invité à se connecter avec ses amis et sa famille. Il peut alors gérer des cagnottes, correspondant aussi bien à des dépenses partagées entre les membres d'un groupe qu'à l'argent de poche alloué périodiquement par ses parents. Et, naturellement, tous ces mouvements futurs permettent d'afficher en permanence un « reste à dépenser », plus réaliste que le solde du compte.

Terminons ce panorama en précisant que tous les services de Wizzo sont entièrement gratuits et que la création d'un compte ne prend que 5 minutes (sans requérir l'envoi du moindre courrier ni aucune visite à une agence). Voilà peut-être une recette pour un succès viral à venir ?

Comme bon nombre d'innovations, cette offre de BBVA n'invente finalement rien : toutes ses composantes existent déjà sous une forme ou une autre, y compris quelques-unes commençant à être assez répandues. Ce qui fait réellement sa valeur (potentielle, pour l'instant) est l'assemblage particulier qu'elle représente, avec une cohérence parfaite dans son objectif de séduire une population jeune, mobile et ayant, à l'occasion, besoin d'un coup de pouce pour maîtriser ses finances personnelles.

samedi 25 janvier 2014

Citi soigne l'expérience client sur ses GAB

Citi
Progressivement, les institutions financières prennent conscience de l'importance de l'expérience utilisateur dans leurs interactions avec leurs clients. Si les premiers efforts ont naturellement porté sur les services en ligne et sur mobile, les autres canaux – centres d'appel, agences, GABs – ne doivent être négligés.

Convaincue de cette exigence, Citibank annonce une refonte majeure de l'interface de ses presque 10 000 automates installés aux États-Unis, dont le déploiement sera effectif d'ici à la fin du mois de février. L'ambition de cette modernisation est de rendre l'utilisation des appareils plus intuitive, plus facile, plus fluide et plus rapide, ce qui doit contribuer à améliorer non seulement la satisfaction des clients mais également, dans une certaine mesure, la performance du réseau de GABs.

Toutes les initiatives visant à l'excellence de l'expérience utilisateur, dans quelque domaine que ce soit, s'appuient essentiellement sur des principes (étonnamment) simples et basiques, et le cas de Citibank ne fait pas exception. Il s'agit ainsi, par exemple, d'éliminer les affichages intermédiaires, les sous-menus en cascade, les invites de confirmation inutiles… ou encore de donner un accès immédiat et non intrusif aux soldes des comptes (la fonction la plus utilisée) depuis tous les écrans.

GAB Citi - Ancienne version de l'interface
GAB Citi - Ancienne version de l'interface
Nouvelle version de l'interface
GAB Citi - Nouvelle version de l'interface
Captures d'écran via Bank Technology News

Plus intéressant, le GAB selon Citibank commence également à prendre en compte le besoin de plus en plus marqué des consommateurs d'une personnalisation des services. Tous les terminaux de la banque sauront désormais automatiquement adopter la langue préférée du client ou proposer la nouvelle option de « retrait rapide » avec les paramètres qu'il a choisis (mais pourquoi donc suis-je toujours obligé, à chaque retrait, de saisir le même montant et réitérer mon souhait d'obtenir des petites coupures ?).

Citibank n'est pas la seule à se préoccuper de l'expérience utilisateur de ses distributeurs (Wells Fargo, entre autres, progresse sur ce front depuis quelques temps, déjà) mais les projets de transformation restent encore bien rares. A une époque où les applications mobiles sont au centre de l'attention, il serait pourtant intéressant de répliquer sur les autres canaux de la banque à distance les bonnes pratiques qui y sont acquises. Mais il est vrai que les organisations en silo ne favorisent pas ce genre de partage !

D'un autre point de vue, si les informations sur l'obsolescence imminente d'une grande partie du parc de GABs sont confirmées (95% des appareils fonctionneraient aujourd'hui sous Windows XP, dont la fin de support arrive dans quelques mois), voilà une excellente opportunité de moderniser les interfaces en parallèle du remplacement à venir des socles logiciels (et, pour une large part, des matériels)…

vendredi 24 janvier 2014

Quand le jeu inspire le paiement de facture

Fiserv
En principe, lorsqu'il est question de ludification, on pense plutôt à l'insertion d'éléments de psychologie du jeu dans des usages « sérieux ». Une autre facette du concept mérite tout autant l'intérêt : l'adoption des techniques des concepteurs de jeux vidéo pour implémenter une expérience client optimale.

J'ai déjà eu l'occasion d'aborder cette idée par le passé, sous un angle théorique, voici cette fois un exemple concret, simple (voire simpliste) et illustratif. L'éditeur de progiciels bancaires Fiserv vient en effet d'annoncer une nouvelle version de sa solution de paiement électronique de factures, CheckFree RXP, dont l'interface utilisateur retient, en particulier, 3 grands principes, universels dans les jeux mais (presque) jamais vus dans une application de sa catégorie.

Rien de bien extraordinaire, pourtant, dans cette intégration qui se résume à 1) une barre de progression montrant l'avancement dans le processus de paiement (et mettant en évidence sa rapidité, avec une exécution en 3 étapes), 2) des bulles explicatives accompagnant l'utilisateur tout au long de la démarche et 3) des options évoluées qui ne sont déverrouillées et rendues visibles qu'après une période d'apprentissage des fonctions de base, favorisant une prise en main progressive du service.

Paiement de facture CheckFree RXP (Fiserv)

Fiserv a initié cette petite révolution à l'issue d'un constat simple : tandis qu'une majorité de ménages américains sont adeptes des services de banque en ligne, beaucoup ne profitent pas de la possibilité offerte par la plupart d'entre eux d'y payer leurs factures. Après étude, il s'avère qu'un des principaux facteurs de rejet est que les clients sont intimidés par la configuration initiale requise. Pour surmonter ce handicap, une seule solution : mettre en place une expérience utilisateur extrêmement simple et engageante.

Dans ce registre, les jeux sont évidemment exemplaires car si leur abord est trop complexe et requiert trop d'efforts pour être maîtrisés, ils sont irrémédiablement voués à l'échec commercial. Et, comme le démontre le cas de Fiserv, dont les premiers résultats confirment un impact significatif, les leçons qu'ils offrent en la matière ne sont pas nécessairement complexes et lourdes à mettre en œuvre, au contraire, quelques idées simples et efficaces remplissent déjà une bonne partie du contrat.

Aujourd'hui, dans les services déployés sur le web comme dans les applications mobiles, la qualité de l'expérience client devient un critère majeur de fidélisation et de différenciation concurrentielle. Pourtant, combien de solutions persistent à nous imposer des parcours de navigation incompréhensibles, émaillés de textes cryptiques et autres détails irritants, que seuls les plus aguerris peuvent mener à terme ? Il est temps de changer d'approche, en se projetant à la place de l'utilisateur lors de la conception. Les jeux vidéo nous montrent la voie !

jeudi 23 janvier 2014

Un conseiller virtuel pour la banque mobile

Artificial Solutions™
Alors que les assistants vocaux interactifs émergent tout juste dans les applications de banque mobile, Artificial Solutions™, spécialiste de l'interaction en langage naturel, propose déjà d'aller encore plus loin, avec un véritable conseiller virtuel, capable de mener des conversations « intelligentes » avec l'utilisateur.

La solution, qui serait en cours d'évaluation dans quelques institutions financières renommées, permet aux consommateurs de dialoguer comme avec un conseiller humain, afin, notamment, d'obtenir des informations sur leurs comptes et réaliser des transactions. Surtout, à ces fonctions désormais élémentaires, elle ajoute des capacités d'analyse du contexte, à partir desquelles elle va approfondir la connaissance du client et pouvoir recommander des produits et services complémentaires.

Un exemple de scénario imaginé par la jeune entreprise d'origine suédoise est le suivant : j'exécute régulièrement un virement vers mon compte épargne, grâce au pilotage vocal de l'application ; le conseiller d'Artificial Solutions™ me demande alors si j'ai un projet particulier ; enfin, en fonction de ma réponse, il va me suggérer de consulter les offres de crédit immobilier, d'assurance voyage… et, le cas échéant, m'accompagner dans le processus de souscription (toujours à la voix, évidemment).

Artificial Solutions™ Bank App

Aujourd'hui, les services de banque en ligne et mobiles restent largement focalisés sur les transactions. Le conseil demeure le domaine réservé de l'agence (ou du centre d'appel). Or, à l'heure où de plus en plus de consommateurs ne prennent plus le temps de rencontrer leur conseiller, il devient nécessaire d'imaginer d'autres moyens de les atteindre et de maintenir une relation étroite avec eux. Voilà donc le positionnement d'Artificial Solutions™ : substituer une solution automatisée aux interactions humaines, pour les « clients numériques ».

Naturellement, une telle perspective peut inquiéter, mais elle semble inéluctable : IBM en a déjà fait la démonstration avec sa technologie Watson (entre autres chez DBS Bank et ANZ) : la machine sera bientôt parfaitement à même de délivrer des recommandations optimales, adaptées aux habitudes et au contexte individuels de chaque client. Et, en dépit de ses craintes initiales, ce dernier finira certainement par apprécier ces conseils, prodigués toujours au bon moment et correspondant exactement à ses besoins.

mercredi 22 janvier 2014

Numérique dans l'assurance, pour quelle valeur ?

Celent
Depuis que la technologie existe, la tentation a toujours été forte de l'employer pour elle-même et non pour un bénéfice réel. Aujourd'hui, la révolution numérique continue à amplifier ce défaut. Il n'est donc pas inutile de rappeler quelques recommandations pour s'en prémunir, comme le fait Mike Fitzgerald (analyste chez Celent) à destination des compagnies d'assurance.

En effet, le secteur est, comme tous les autres, largement incité à réaliser une mutation, notamment sur mobile. Hélas, pour bon nombre d'acteurs en mal d'inspiration, les initiatives ne sont bien souvent que des implémentations techniques à la recherche de cas d'usage. Elles s'avèrent évidemment décevantes pour les clients (ou les utilisateurs internes) et justifient pour une bonne part la prédiction de Gartner de l'abandon par les assureurs de 40% de leurs applications pour smartphone d'ici 2015.

L'idée que propose M. Fitzgerald dans son billet pour atteindre un objectif vertueux dans le numérique est de développer une démarche de sensibilisation (« awareness ») auprès de la clientèle. Concrètement, il s'agirait de mieux faire prendre conscience aux assurés des risques qu'ils prennent, en contexte, et, le cas échéant, avec des conseils pour les limiter. Naturellement, la technologie est indispensable pour exécuter une telle stratégie mais elle est bien, ici, au service du « métier ».

Deux exemples illustrent cette suggestion. Il s'agit d'abord de l'histoire d'Axa UK, qui, pendant les émeutes londoniennes de 2011, déterminait chaque matin les zones où les échauffourées de la nuit passée étaient les plus susceptibles d'avoir affecté ses clients. La compagnie prenait alors l'initiative de contacter ceux qui ne s'étaient pas déjà manifestés pour confirmer qu'ils n'avaient pas été impactés ou, dans le cas contraire, les aider dans leurs démarches de déclaration de dommages.

Le second est celui de Tokio Marine, avec son dispositif d'alerte géolocalisée : celui-ci identifie les situations inhabituelles dans lesquelles se trouvent ses clients, profitant alors de la circonstance pour souligner les risques possibles et proposer un de ses contrats à court terme (la compagnie offre toute une gamme de produits « pour un jour ») pour les couvrir – assurance voyage en cas de présence dans un aéroport, protection contre les accidents de ski à l'arrivée dans une station de sports d'hiver…

Les technologies modernes d'analyse de données (voire « big data ») permettent désormais d'envisager le déploiement effectif de ce genre de solutions. Il est possible de décliner ces concepts sur une multitude de scénarios pratiques, toujours directement au service des clients – grâce à la dimension de prévention et de conseil apporté – tout en offrant à l'assureur des opportunités de développer ses ventes. N'approcherait-on pas là du rêve de toute entreprise normalement constituée ?

Il est vrai que sa réalisation ne sera pas toujours simple : entre la maîtrise des outils nécessaires (ce qui n'est pas le plus difficile), la capture des informations utiles, les précautions à prendre vis-à-vis de la sensibilité des consommateurs à l'utilisation de leurs données personnelles, la mise en œuvre de modèles prédictifs performants et quelques autres disciplines indispensables, la tâche peut sembler insurmontable. Mais ce n'est qu'à ce prix que la technologie apportera une réelle valeur aux clients.

Incendie lors des émeutes de Londres en 2011
Crédit photo : Andy Armstrong

Société Générale : la taxe carbone, ça marche !

Société Générale
En juin dernier, Société Générale présentait son dispositif de « taxe carbone interne » destiné à la fois à sensibiliser toutes les entités du Groupe à l'indispensable maîtrise de leurs émissions de gaz à effet de serre (« GES ») et à soutenir – financièrement – des actions concrètes participant à la réduction de l'impact environnemental du groupe.

Sept mois plus tard, la banque tient l'une de ses promesses en annonçant la distribution des 2,6 millions d'euros collectés et réengagés dans l'opération. Ces fonds sont donc alloués à 28 projets différents, couvrant des domaines extrêmement variés, de l'immobilier à l'informatique en passant par les transports. Globalement, ces initiatives engendrent une réduction des émissions annuelles de GES de plus de 2 500 tonnes d'équivalent CO2, soit 0,8% du total déclaré par le groupe.

Encore plus intéressant, cette baisse se traduit également par des économies sur la facture énergétique de l'entreprise, évaluées à 2,5 millions d'euros par an. Autrement dit, l'investissement exceptionnel consenti pour mettre en place quelques bonnes pratiques est remboursé en à peine plus d'un an ! La démonstration est ainsi clairement faite du double avantage – environnemental et financier – d'une politique active de maîtrise des émissions de GES.

L'exemple que donne Société Générale est encore plus admirable quand on découvre que les actions engagées sont finalement simples à mettre en œuvre : des équipements de détection des excès de consommation d'eau et d'électricité dans les agences, la couverture des besoins énergétiques de la filiale polynésienne par l'énergie solaire, des imprimantes intelligentes (en nombre réduit et à badge individuel), des bornes de rechargement de véhicules électriques…

Les promoteurs du développement durable en entreprise le répètent depuis longtemps : dépenser pour la réduction des émissions de GES participe aussi à la réduction des coûts et des modèles d'auto-financement sont souvent possibles. Après son premier succès, Société Générale commence à le comprendre : elle reconduit son effort en 2014, avec une enveloppe en forte hausse (à 3,2 millions d'euros) et un enthousiasme marqué des collaborateurs impliqués.

Taxe Carbone Interne Société Générale

lundi 20 janvier 2014

Le bitcoin aura bientôt sa carte de paiement

SmartMetric
Audition au Sénat, émission sur France Inter, consultation d'experts dans une grande banque américaine (le tout en une seule semaine)… Décidément, la monnaie virtuelle bitcoin continue d'agiter l'actualité et les esprits.

Au-delà de la perspective d'une disruption de mécanismes économiques et financiers séculaires (qui reste tout de même hypothétique, à ce stade), elle constitue également un indiscutable stimulant pour nombre de sociétés, jeunes et moins jeunes, qui rivalisent d'idées pour son utilisation. C'est le cas notamment de SmartMetric, dont la carte de paiement bitcoin qu'elle vient de dévoiler met l'intégralité de son savoir-faire au service de la cryptomonnaie.

L'objet est avant conçu comme un espace de stockage « offline » (hors connexion réseau) des avoirs de son propriétaire. Cette sorte de coffre-fort de poche, qui héberge aussi un micro-ordinateur complet (avec processeur ARM et 8 à 128 Go de mémoire), dispose d'interfaces aux standards des cartes de paiement, avec ou sans contact (EMV et NFC), et est protégée par un dispositif biométrique intégré qui en verrouille l'accès tant que l'empreinte digitale de l'utilisateur n'a pas été vérifiée.

Reliée à un PC ou à un smartphone via un connecteur USB ou une liaison NFC, la carte permet de gérer les bitcoins qu'elle contient et, par exemple, les transférer à travers le monde. En mode autonome, elle prendra en charge les échanges d'argent entre particuliers (« P2P »), grâce à sa puce sans contact. Ses concepteurs imaginent ainsi une utilisation dans le commerce de proximité, voire, dans une vision futuriste, le retrait d'espèces (et autres opérations) sur les GAB (« Guichets Automatiques Bancaires »).

Carte de paiement SmartMetric

Comme beaucoup d'autres, l'annonce de SmartMetric est essentiellement opportuniste : elle cherche à profiter de l'effet de halo du bitcoin pour mettre en avant une technologie qui peine certainement à convaincre sa cible prioritaire (les institutions financières). Elle a tout de même le mérite de présenter un cas d'usage intéressant, bien qu'il reste toujours surprenant de voir adapter à une innovation 100% numérique un concept historique (et probablement voué à disparaître un jour) tel que la carte de paiement.

dimanche 19 janvier 2014

Mobile Banking Factory, c'est parti !

CA Store
Annoncée depuis plus d'un mois, la Mobile Banking Factory du CA Store a désormais officiellement démarré et les 18 équipes inscrites ont pu affiner leurs concepts et commencer leurs premiers développements ces deux derniers jours. Petit retour sur la soirée de lancement, vendredi soir, dans les locaux de l'IESA Multimédia.

Les participants étaient donc accueillis par l'équipe BeMyApp dans cette école logée près du Palais Royal à Paris. Après quelques mots d'introduction, nous entrons dans le vif du sujet : présentation du CA Store et des objectifs de la compétition – il s'agira de développer des applications pour l'AppStore du Crédit Agricole en un mois – suivie d'une rapide description des APIs (interfaces de programmation applicative) d'accès aux comptes et aux virements proposées par la banque.

Afin de stimuler l'imagination des développeurs, les services mis à leur disposition sont complétés par l'ensemble des données ouvertes de la SNCF ainsi que par le kit de développement JabberGuest de Cisco, permettant d'intégrer des fonctions de visiophonie dans les applications web et mobiles. Il n'est cependant pas très clair si l'utilisation de ces dernières pour le concours pourra déboucher sur un déploiement « réel » (pourra-t-on vraiment contacter les conseillers du Crédit Agricole en vidéo ?).

Dans la salle, plus de 60 personnes étaient rassemblées pour assister à ce lancement. Dès la fin des présentations des organisateurs, qu'elles ont suivies très attentivement, 13 équipes (dont certaines en germe et auxquelles sont ensuite venues s'ajouter celles dont les représentants n'ont pu faire le déplacement pour la soirée) étaient prêtes à exposer et défendre les projets qu'elles avaient imaginés. Et la créativité était incontestablement au rendez-vous !

Lancement de la Mobile Banking Factory

Parmi les idées envisagées, beaucoup sont relativement simples mais dénotent clairement un besoin aujourd'hui non satisfait. C'est le cas par exemple pour le projet « Credit Card Voodoo », qui veut simplement émettre des alertes sur l'atteinte des différents plafonds associés à une carte bancaire, ou encore du service « Social€rt », gestionnaire d'alertes multi-comptes, multi-critères et multi-destinataires, reposant sur des messages Facebook.

D'autres propositions sont nettement plus ambitieuses : « NoMoney », plate-forme de paiement entre personnes (P2P) fonctionnant sur un mécanisme de compensation interne et donc sans échanges d'argent (ou presque), « Epargno », qui a rencontré un grand succès avec sa promesse d'optimiser l'atteinte des objectifs d'épargne, ou encore « Piggybank » pour réinventer l'épargne en mixant anticipation des dépenses et accompagnement du consommateur.

Enfin, quelques concepts ne ressemblent à rien de connu et méritent ne serait-ce que pour cette seule raison d'être mentionnés : « CA Dating » veut aider ses utilisateurs à rencontrer l'âme sœur grâce à une détection des affinités à travers les transactions bancaires, « CleverTaxes » pour déterminer le montant réel des impôts payés (impôts directs, TVA…) et (rêvons un peu avec son concepteur !) en choisir la destination dans un modèle citoyen participatif…

Conclusion, quand on prend la peine de les rechercher, les idées originales d'utilisation des APIs bancaires ne manquent pas, même si certaines valent d'être encore travaillées (ce qui devrait être le cas d'ici la fin du concours). Malheureusement, quelques-unes vont être difficiles à transformer en applications pour le CA Store car elles sont incompatibles avec les limitations imposées par le Crédit Agricole, notamment en matière d'anonymat des données traitées… Voilà peut-être une clé pour démultiplier la valeur de cette initiative ?

samedi 18 janvier 2014

Brèves du paiement : Visa, Flashiz, Sixdots…

L'actualité des paiements se fait plus rare dans ces colonnes mais il ne faudrait pas pour autant en déduire qu'elle faiblit ! Pour preuve, voici quelques-unes des annonces les plus notables (à mon avis) parmi celles de ces dernières semaines.

V.me
Dans la foulée de Paylib, distribué par BNP Paribas, Société Générale et La Banque Postale, un autre groupe de banques, mené par BPCE et LCL, fait le choix du partenariat avec Visa pour le lancement d'une nouvelle solution de paiement en ligne.

A ce stade, V.me,  qui nous est présenté comme un « porte-monnaie numérique universel et pan-européen » (sic !) n'offre qu'une seule fonction, basique : le paiement sécurisé (et garanti) sur les sites de e-commerce, sans requérir la transmission des données de la carte bancaire. Il dispose malgré tout de quelques avantages par rapport à son concurrent direct, dont notamment un nombre significatif de marchands enrôlés et, à terme, une possible couverture de l'Europe entière.

Pour BPCE, cette nouvelle initiative pourrait être complémentaire de son propre porte-monnaie mobile S-Money (dont on n'entend plus parler, son déploiement n'ayant apparemment pas beaucoup progressé depuis 1 an) : la première ciblerait les paiements sur internet tandis que le second serait plutôt destiné au commerce de proximité et aux échanges d'argent entre particuliers (P2P). En guise de pont entre les 2, les utilisateurs de V.me pourront définir leur porte-monnaie S-Money comme l'un des moyens de paiement liés.


Flashiz
Pendant ce temps, les acteurs français de la grande distribution poursuivent leurs expérimentations, sans attendre les solutions des banques. Auchan avait lancé la sienne (flash'N pay) à la fin de 2012, E.Leclerc vient de lui emboîter le pas, via un partenariat avec la jeune pousse luxembourgeoise Flashiz.

Son application mobile, disponible pour iOS et Android, consiste en un porte-monnaie virtuel, lié à la carte bancaire. Lors de son passage en caisse, le client capture, avec son téléphone, le QR code qui lui est présenté, il n'a plus alors qu'à valider la transaction pour finaliser son règlement. Le dispositif, sélectionné pour sa facilité de mise en œuvre, est aujourd'hui en test dans 4 grandes surfaces du groupe et il pourrait être généralisé dès le premier semestre 2014.


Sixdots
En Belgique, la situation est bien différente de celle de l'hexagone et la révolution du paiement par mobile est peut-être en train de s'y dérouler, discrètement. En effet, la plate-forme « Sixdots » (Belgian Mobile Wallet), lancée initialement par BNP Paribas Fortis et Belgacom, semble en voie de conquérir [PDF] le marché national.

Ainsi, ce sont 9 banques et 3 opérateurs de télécommunications qui sont désormais rassemblés autour de ce porte-monnaie universel, combinant moyens de paiement, cartes de fidélité, bons de réduction, tickets et billets divers… et utilisable aussi bien en boutique que sur le commerce en ligne ou mobile. Seul bémol à l'euphorie que pourrait déclencher cette annonce : la solution n'est pas encore opérationnelle, un projet pilote doit être déployé fin janvier et la distribution commerciale est promise pour le printemps.

Les banques belges (ainsi que MasterCard, qui fournit sa technologie MasterPass pour les fonctions de paiement) parviendront-elles réellement à respecter ce planning ambitieux ? Cela représenterait un exploit digne d'être inscrit dans les annales de l'agilité des grandes entreprises !

Sixdots


O2 Wallet
Tempérons d'ailleurs les espérances avec l'un des rares cas (que je connaisse) où le réalisme finit par prendre le dessus : l'opérateur de téléphonie britannique O2 annonce l'arrêt de son « Wallet » mobile, 18 mois après son lancement et en dépit de l'investissement colossal qu'il paraissait représenter alors.

L'échec est donc avéré (publiquement) et confirme, sans réelle surprise, que l'entrée sur le marché des paiements pour les opérateurs n'était pas aussi évident qu'ils pouvaient le croire il y a quelques années. Beaucoup poursuivent pourtant la chimère d'une prise de position dans le secteur, qui a en réalité de moins en moins de chances de se produire, surtout tant que les stratégies ne changent pas radicalement…


Apple Store
Enfin, une autre mode immuable est celle des rumeurs autour d'un hypothétique porte-monnaie mobile conçu par Apple. Comme toujours, c'est un brevet déposé aux États-Unis qui alimente les spéculations, décrivant par le menu une solution complète de paiements, prête à implémenter sur l'iPhone.

Sans revenir sur la probabilité d'un passage de l'idée à un produit (à laquelle, pour ma part, je ne crois pas beaucoup), il est intéressant de découvrir comment les réflexions sur les paiements par mobile évoluent, avec cet exemple reprenant la plupart des principes apparus ces derniers mois : connexion sans fil à courte distance pour l'échange d'informations sur la transaction (avec le terminal), liaison internet pour l'exécution du paiement (côté serveurs), anonymisation des données de paiement, élément de sécurité du processeur pour stocker les informations sensibles…

En dépit de la présence de l'acronyme « NFC » dans les schémas, une des seules certitudes qui pourraient ressortir de ce brevet est que la technologie de paiement sans contact, telle qu'on la connaît actuellement, n'est résolument pas dans les plans d'Apple.

vendredi 17 janvier 2014

Ma Micro Épargne Solidaire et sans douleur

Ma Micro-Épargne Solidaire
Dans la foulée de l'annonce d'un cadre réglementaire (en cours d'élaboration), une bulle de la finance participative semble se former en France, avec l'éclosion d'une multitude de plate-formes en quelques mois. Parmi celles-ci, Ma Micro-Épargne Solidaire (« MMES ») parvient à faire preuve d'une certaine originalité dans son modèle.

Ainsi, que penseriez-vous d'une solution qui vous permettrait de soutenir (financièrement) des projets sans avoir à débourser le moindre centime ? Cette idée apparemment farfelue est exactement ce que propose la startup : plutôt que de faire appel aux contributions directes, elle collecte les promotions et autres réductions offertes par des e-commerçants partenaires sur des achats habituels – à travers des programmes d'affiliation tout à fait classiques – et invite leurs bénéficiaires à investir cet argent dans le « circuit » du financement participatif.

Les destinations possibles pour les fonds recueillis sont extrêmement variées, depuis des donations à des associations caritatives jusqu'aux apports directs (en « crowdfunding ») aux projets présentés sur la plate-forme de « MMES », en passant par le soutien à des programmes externes existants (notamment Babyloan). Selon les cas, les contributions peuvent être assorties de contreparties en nature, ou, par exemple avec les prêts sur Babyloan, les remboursements alimentent le compte de l'utilisateur, qui peut aussi à tout moment retirer ses avoirs disponibles.

Épargne solidaire

Dans son implémentation, le service n'est pas exempt de défauts. Le premier est commun à la plupart des plates-formes basées sur des programmes d'affiliation : le parcours client, qui impose de passer par le site de « MMES » avant de se rendre sur la boutique en ligne choisie, reste beaucoup trop contraignant. Moins graves mais néanmoins irritants (et probablement inutiles), la cotisation de 2 euros annuels prélevés sur l'épargne, les frais de gestion non précisés, la profession demandée à l'inscription, sans justification [*]

Exploiter à diverses fins les bénéfices des offres marketing que les commerçants développent afin d'attirer et fidéliser leur clientèle devient décidément une tendance de fond : Capital Koala les met de côté pour les enfants, SaverNation propose de les intégrer à l'épargne retraite, Mogl les transforme en gestes de charité, MMES les recycle dans la finance participative… L'intérêt est, évidemment, de rendre indolore l'acte associé, ce qui devrait permettre de démultiplier l'audience de ces différents modèles.

La viabilité économique de toutes ces initiatives paraît extrêmement fragile mais elles ont l'incontestable capacité, au moins dans un premier temps, à constituer un excellent tremplin pour familiariser les consommateurs avec des mécanismes sur lesquels ils n'engageraient pas spontanément leurs économies. La valeur pédagogique que peut ainsi avoir une plate-forme telle que « Ma Micro-Épargne Solidaire » mérite donc à elle seule qu'on s'y arrête…

[*] Quelques modifications ont été apportées au site depuis la rédaction de ce billet (la saisie de la profession n'est plus obligatoire, en particulier) et des réflexions sont en cours sur certains points.

jeudi 16 janvier 2014

Les big data arrivent sur le point de vente mobile

ERN Global
Les applications « big data » s'infiltrent partout dans le monde qui nous entoure, notamment pour des usages marketing. Dans cette perspective, les données de paiement des consommateurs constituent une mine d'or, déjà exploitée par quelques banques. D'autres acteurs commencent maintenant à se positionner sur le sujet…

Les premiers candidats qui viennent à l'esprit sont, naturellement, les fournisseurs de porte-monnaie mobiles, dont on peut d'ailleurs supposer qu'ils étudient la question de près (et pour un acteur tel que Google, il s'agit même du cœur du modèle économique de son Wallet). Il existe pourtant une autre catégorie d'intervenants potentiels, peut-être encore plus légitimes sur ce concept : les (désormais) innombrables sociétés (startups ou non) distribuant des solutions de terminal de paiement sur smartphone.

Le partenariat que viennent de conclure SCCP (à l'origine de Swiff, plate-forme d'encaissement sur mobile) et ERN Global (spécialiste du marketing en temps réel, avec sa technologie Looop) donne justement l'occasion de vérifier la pertinence de cette approche « big data ». En l'occurrence, l'objet de l'accord cible « simplement » l'analyse des données collectées via les terminaux de paiement sur smartphone, afin de proposer des offres hyper-personnalisées aux consommateurs.

Plate-forme Looop (ERN Global)

L'intérêt de ce modèle – renversé par rapport à ceux que l'on connaît à ce jour, généralement centrés sur les porteurs de cartes – est de prendre la perspective des commerçants (auxquels il s'adresse en priorité), ce qui le rend beaucoup plus convaincant pour ces derniers. Ainsi, les outils de suivi seront en mesure, par exemple, d'identifier les clients les plus fidèles et méritant d'être récompensés ou, au contraire, ceux qui ne sont venus qu'une fois et pourraient être incités à revenir.

Par rapport aux porte-monnaie virtuels, l'avantage principal est la couverture étendue : pour les marchands qui adoptent le point de vente sur mobile, tous les encaissements par carte sont automatiquement pris en compte, sans attendre une hypothétique généralisation d'un nouveau moyen de paiement. Le placement de promotions par rapport à la concurrence restera certes relativement peu efficace, mais cette fonction est probablement moins prioritaire pour la clientèle (de petits commerces) visée.

Avec cette initiative, Swiff change subtilement de positionnement : d'une solution comblant un manque (telle qu'imaginée à l'origine par Square, à destination des commerçants qui ne pouvaient accepter la carte), elle se transforme en alternative – à valeur ajoutée – aux offres traditionnelles. Et alors que l'intégration de la technologie EMV (avec ses contraintes de sécurité) limite son attractivité économique, elle propose un nouvel argument de séduction pour sa clientèle, en concurrence directe avec les établissements acquéreurs historiques…

mercredi 15 janvier 2014

Quantopian démocratise l'algo-trading

Quantopian
Parmi les secteurs les plus susceptibles d'être transformés par la révolution numérique, le trading reste, étonnamment, l'un des moins touchés. Selon John Fawcett, CEO de Quantopian, la situation devrait cependant évoluer : il estime que d'ici 10 ans, la part de la gestion d'actifs algorithmique passera de 5 à 50, voire même 70%.

Naturellement, il espère que la startup qu'il a co-fondée en 2011 avec Jean Bredeche participera activement à cette transition. Pour ce faire, Quantopian fournit une plate-forme permettant à tout un chacun de concevoir, tester, exécuter et, le cas échéant, commercialiser des algorithmes de trading. Encore à la recherche de son modèle économique, la société vient de procéder à un tour de financement qui devrait l'aider à poursuivre sa croissance, notamment en termes de nombre d'utilisateurs.

A ce stade, le service offert comprend un riche environnement de développement (en langage Python) et une source de données complètes sur les actions américaines, disponible à tout instant pour évaluer les stratégies mises en œuvre, autant sur les cours historiques (depuis janvier 2002) que sur les marchés « live ». La possibilité d'exécuter les ordres automatiquement – via une connexion à des plates-formes spécialisées – est actuellement en test, elle devrait être déployée plus largement dans les mois à venir.

Environnement de test de Quantopian

Complément indispensable à toute entreprise contemporaine, surtout dans le domaine de l'investissement, un espace collaboratif est ouvert aux membres de la communauté Quantopian pour discuter de leurs stratégies, poser des questions ou échanger des conseils. Plus intéressant, les concepteurs d'algorithmes peuvent également, s'ils le souhaitent, mettre leurs réalisations à disposition des autres participants – sachant qu'ils conservent toujours l'entière propriété de leurs idées et que, par défaut, la confidentialité de ces dernières est strictement garantie.

Les conseillers en patrimoine et autres gestionnaires de fonds peinant régulièrement à afficher de bonnes performances stables, leur métier est directement menacé par des automates devenant désormais capables de reproduire leurs raisonnements avec une rigueur absolue. Aujourd'hui, plusieurs startups (dont Betterment, aux États-Unis, ou Anatec, en France) promettent des rendements optimisés avec leurs modèles propriétaires. Demain, peut-être, Quantopian (ou QuantConnect, dont le modèle est très proche) démultipliera ces opportunités, en ouvrant la conception d'algorithmes de trading à la foule des internautes…

Information repérée grâce à Anatec (merci !)

mardi 14 janvier 2014

Mogl invente le « cashback » caritatif

Mogl
A l'origine (en 2010), les fondateurs de Mogl avaient l'idée de transformer l'expérience des programmes de fidélité dans la restauration, en remplaçant les classiques cartes à tamponner par une application sur smartphone. Depuis, la solution a pris une orientation caritative et elle intéresse de plus en plus les banques.

Il est vrai que le principe retenu initialement est assez traditionnel : les utilisateurs commencent par « lier » leur(s) carte(s) de crédit ou de débit au service, après quoi chaque achat dans un commerce participant fait automatiquement l'objet d'une rétrocession (« cashback ») équivalente à 10% du montant dépensé. Classiquement, les promotions sont financées par les restaurateurs et cafetiers, qui peuvent espérer de cette façon fidéliser leurs clients et en attirer de nouveaux (Mogl intègre aussi des fonctions de recherche et de découverte).

La particularité de cette implémentation est que les consommateurs peuvent choisir de distribuer tout ou partie des reversements qu'ils reçoivent à des banques alimentaires locales. L'application est résolument focalisée sur ce modèle : l'écran qui présente les gains engrangés comporte un curseur pour fixer d'un geste le montant à allouer aux associations, qui s'affiche alors sous forme du nombre de repas correspondant. Un suivi des statistiques de l'aide alimentaire dans les différentes localités couvertes est également inclus.

En complément, afin de rendre le dispositif plus ludique et donc plus addictif, chaque utilisateur peut définir son réseau d'amis et ainsi se lancer dans une sorte de compétition de la générosité. Autre élément de fidélisation (toujours par le jeu), un jackpot est organisé pour les 3 personnes ayant le plus dépensé dans chaque lieu partenaire, permettant de remporter une prime supplémentaire.

Mogl

Après une phase initiale dans laquelle la startup a conquis ses premiers utilisateurs de manière autonome (entre autres en installant des kiosques d'enrôlement dans quelques restaurants), elle commence maintenant, selon un article d'American Banker, à s'appuyer sur des partenaires pour accélérer son développement. Les institutions financières – notamment les « credit unions » – sont naturellement en première ligne pour assumer ce rôle et une dizaine d'entre elles sont déjà entrées dans l'aventure.

Leur position d'émettrices de cartes leur offre en effet l'opportunité d'être prescriptrices naturelles pour le service. L'un de ces partenaires a même décidé d'inscrire d'office ses clients au programme de Mogl (étonnamment, un seul a exprimé son désaccord). Pour ces établissements pionniers, le bénéfice de l'intégration – qui ne leur coûte rien (ou presque) – est de stimuler l'utilisation de leurs cartes (en particulier par rapport à celles d'autres institutions) et de promouvoir leur image.

Comme le démontre encore une toute récente annonce de La Caixa en Espagne (pour des micro-donations déclenchées automatiquement à chaque dépense enregistrée), les banques sont largement tentées de s'associer à des opérations caritatives en tout genre. Dans ce registre, la beauté du modèle de Mogl est de l'intégrer dans une solution de gestion de fidélité pour les commerçants (entièrement financée par eux) tout en laissant la liberté au consommateur de redistribuer l'argent collecté à des associations.

lundi 13 janvier 2014

Ces profils qui tuent l'innovation

The Jetsons
Innover dans une grande entreprise n'est jamais aisé et, parmi les principaux obstacles (humains) à franchir, quelques personnalités types figurent souvent au premier rang. Un article de la revue American Banker propose de décrypter trois de ces profils, que tout le monde a probablement rencontrés un jour ou l'autre…

Le premier, qualifié de « sniper » par l'auteur, est celui qui identifie immédiatement la ou les faiblesses de l'idée soumise ou du concept à développer. Méprisant toute la valeur potentielle de ce qui lui est présenté, il préfère placer son talent (quand toutefois il en a) au service de sa destruction, en mettant systématiquement en évidence ce qui est susceptible de constituer un facteur d'échec et la manière dont l'exécution du projet pourra virer à la catastrophe, sans jamais avancer la moindre proposition constructive.

Le compagnon de route du sniper est l'« historien ». Celui-ci a normalement derrière lui une longue carrière dans l'organisation et la mission dont il s'investit (de son propre chef) est d'éviter tout changement dans l'ordre établi. Pour ce faire, il est particulièrement apte à démontrer en quoi une nouvelle proposition est similaire à une expérience passée (malheureuse), dont l'échec ne pourra que se répéter. Un de ses défauts majeurs est d'ignorer que le contexte et l'environnement de l'entreprise évoluent.

Le dernier des profils est entièrement à l'opposé de ces deux-là. Le « Jetson » (en référence à la série animée, dans laquelle les gadgets futuristes des personnages sont sujets à des dysfonctionnements chroniques) considère que toute technologie et/ou idée nouvelle devrait être immédiatement appliquée et/ou utilisée dans son entreprise. Faisant fi d'études d'opportunités et autres formes de justification, pour lui, il faut copier tout ce que la concurrence développe (ou envisage de développer).

A l'extrême (et il est fréquent de rencontrer des cas à la limite de la caricature), ces différentes personnalités se révèlent rapidement dangereuses pour l'organisation et sa survie. Ainsi, les deux premières tendent à scléroser le progrès, en bloquant toute tentative d'innovation ou de changement, tandis que la dernière peut, inversement, inciter à disperser les efforts et les ressources, sans cohérence et sans stratégie globale, aboutissant (au mieux) à un immense gaspillage.

Pourtant, leurs traits de caractère, souvent présents chez chacun d'entre nous, sont aussi utiles pour améliorer la performance de l'innovation. Mettre à contribution l'expertise du sniper pour repérer les points faibles d'un projet et les traiter en avance de phase, utiliser la mémoire de l'historien pour éviter de reproduire des erreurs déjà commises ou encore profiter de l'appétit du Jetson pour la nouveauté dans le but de détecter les bonnes idées à creuser… Voilà autant de moyens d'exploiter les facettes positives de ces comportements.

Alors, plutôt que de râler vainement contre les « empêcheurs de tourner en rond », peut-être vaudrait-il mieux tenter de renverser la perspective et mettre leurs « qualités » au service de l'amélioration des propositions d'innovation, afin d'augmenter leurs chances de succès ?

Idée

dimanche 12 janvier 2014

Axa organise un hackathon

Axa
Lorsque j'écrivais, il y a quelques jours, qu'Axa commençait l'année en fanfare, je n'imaginais pas devoir enchaîner aussi rapidement. Pourtant, en co-organisant un hackathon avec Salesforce à la fin de ce mois de janvier, la compagnie réalise une première dans le secteur de l'assurance (au moins) en France.

L'événement se tiendra du 24 au 26 janvier prochain dans les locaux de l'École 42 (la fameuse école d'informatique fondée et financée par, entre autres, Xavier Niel). Les modalités en sont assez classiques : introduction et lancement le vendredi soir, développement d'applications en quasi-continu pendant 2 nuits et 2 jours, démonstration des résultats et désignation des vainqueurs le dimanche soir, le tout étant entrecoupé de quelques repas et autres présentations intermédiaires.

Comme il est d'usage également, le hackathon est ouvert à toutes les compétences : les porteurs d'idées, les designers… tout autant que les développeurs de logiciels, naturellement, sont bienvenus. Ils apporteront tous leur pierre à l'édifice à construire, puisque les récompenses (dont un chèque de 10 000 €) seront attribuées sur des critères à la fois d'exécution (les applications finalisées et sans bugs seront privilégiées), d'originalité du concept implémenté et de qualité de l'expérience utilisateur.

Les participants sont invités à exprimer leurs talents sur des figures imposées, autour d'un thème central – « réinventer la relation client » – illustrant les préoccupations du moment pour Axa. Il est décliné, plus précisément, en 4 sujets distincts : la ludification des forces de vente, l'accompagnement des clients VIP, l'intégration des réseaux sociaux dans le parcours client et la gestion de « pensines » (variations sur le mind mapping, pour l'organisation des idées, notamment après une interaction avec un client).

Hackathon Axa

En support, un certain nombre d'APIs (interfaces de programmation applicative) sont proposées aux développeurs. Il s'agit d'abord, bien évidemment, de celles de Salesforce, offrant des services autant dans la relation client que pour la collaboration au sein de l'entreprise. En écho à l'un des sujets de la compétition, plusieurs plates-formes de réseaux sociaux sont aussi mises à contribution (Facebook, Twitter, Fourquare, Instagram), complétées par l'offre de Google en matière de données publiques.

Si les concours d'applications (surtout mobiles) ne sont plus une nouveauté (y compris pour Axa), ce hackathon est, sauf erreur de ma part, le premier du genre organisé par une grande entreprise française dans le secteur financier. Voilà donc une occasion unique de vérifier si les bénéfices qu'en retirent ceux qui ont tenté l'expérience par ailleurs (dans d'autres domaines ou d'autres régions du monde) peuvent être répliqués dans l'hexagone.

Dans cette perspective, Axa met toutes les chances de son côté, par exemple grâce à l'implication d'acteurs rodés à cet exercice (dont, en particulier, BeMyApp). Autre facteur important, le choix d'un thème relativement universel : les idées sur la relation client (qui resteront la propriété de leur concepteurs à l'issue du hackathon) peuvent être appliquées dans de nombreux contextes. Il s'agit d'ailleurs d'une des motivations de la participation de Salesforce dans l'événement.

Information repérée grâce à A. Pommier et C. Huslin (merci !)

samedi 11 janvier 2014

Le Crédit Agricole crée une pépinière de startups

Crédit Agricole
Les travaux durent depuis plusieurs mois, les premières informations ont commencé à filtrer en octobre dernier… Désormais, le site officiel de la « Pépinière La Boétie » est ouvert et nous permet de découvrir ce que prépare le Crédit Agricole dans ce nouveau lieu, situé juste en face du siège de sa Fédération Nationale…

Comme son intitulé de « pépinière » le sous-entend, cet espace logé au cœur de Paris a vocation à accueillir de jeunes entreprises innovantes, qui y trouveront à la fois des locaux (à loyer raisonnable) et un accompagnement dédié. En régime de croisière, une centaine de startups pourront y être hébergées. La ségrégation n'est pas à l'ordre du jour dans la sélection des candidates, puisque la cible de l'initiative se veut généraliste et, en particulier, tous les secteurs d'activité sont bienvenus.

Conçue en collaboration avec la « Pépinière 27 » (elle-même lancée en 2008 par le fondateur de la revue l'Étudiant, avec le soutien de la mairie de Paris), celle de la rue de La Boétie en reprend la plupart des recettes. Ainsi, deux modes de résidence sont proposés – en bureaux fixes ou en « co-working » – et les services complémentaires comprennent salles de réunion (avec visioconférence), salons de réception, intranet collaboratif, coaching et autres actions de soutien, événements et rencontres…

Pépinière La Boétie

S'ajoutent à cette liste quelques particularités, vraisemblablement à l'initiative propre du Crédit Agricole, telles que l'accès à un mécénat de compétences (interne et avec des partenaires) ou encore la participation à des ateliers de co-construction. Nulle part le sujet n'est évoqué, mais on peut également supposer que l'implication de la banque permettra aux entrepreneurs de bénéficier d'opportunités privilégiées de financement et, au moins pour certaines, de trouver leurs premiers clients dans le groupe…

Si les startups intéressées peuvent soumettre leur candidature dès maintenant, l'ouverture effective de la pépinière n'est prévue que le 2 juin 2014 (sous réserve de finalisation des travaux). Dans l'intervalle, le Crédit Agricole précise que cette création s'inscrit dans un projet plus large, dont les détails devraient être présentés dans les jours qui viennent. Ce sera alors certainement l'occasion de mieux comprendre les motivations d'une initiative qui ne se focalise pas, contrairement aux attentes, sur des jeunes pousses opérant dans des domaines proches de la banque…

Information repérée grâce à A. Wintrebert (Marketing Banque) et B. Schaefer (merci !)