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C'est pas mon idée !

jeudi 31 janvier 2013

Un hackathon pour la communauté "FinTech"

The FinTech Hackathon
Le week-end des 6 et 7 avril prochains, la communauté des développeurs du secteur financier a rendez-vous à New York pour un "hackathon" d'envergure, organisé par "The Fintech Hackathon" et auquel se sont déjà associées une dizaine de sociétés technologiques (startups, pour la plupart), ainsi que l'incubateur local "Fintech Innovation Lab".

Pour ceux d'entre vous qui ne sont pas familiers de ce type d'événements, un hackathon consiste à rassembler des développeurs, accompagnés de graphistes, spécialistes des interfaces homme-machine, chefs de projet... pour concevoir et réaliser, dans un esprit de concours et en un temps très court (souvent 24 heures, en continu), des applications logicielles innovantes, généralement autour d'un thème pré-déterminé, plus ou moins précis.

Dans le cas du Fintech Hackathon de New York, les participants auront une certaine liberté dans la direction qu'ils souhaiteront prendre puisque, en dehors de l'exigence de cibler le secteur financier, que ce soit à destination des acteurs institutionnels ou des consommateurs, les organisateurs ne font que suggérer quelques sujets possibles, eux-mêmes extrêmement variés : gestion des risques, trading, "big data", banque de détail, conformité réglementaire, paiements mobiles, entreprise sociale...

En fait, ce hackathon est un peu particulier, dans le sens où il n'a pas seulement vocation à faire émerger des solutions originales. Il vise également à faire connaître et populariser les services, les outils et les APIs ("interfaces de programmation applicative") des partenaires de l'opération, qui seront mis à disposition des développeurs. Logiquement, ces sociétés et leurs produits ont, dans une large mesure, inspiré les thèmes évoqués : Betterment, Bloomberg, Caplin, Dwolla, Estimize, OpenGamma, StockTwits... (notons que la plupart de ces startups ont déjà été signalées dans ces colonnes).

Hackathon

Pour les organisateurs de l'événement, un des objectifs recherchés est aussi de favoriser les relations et la collaboration au sein de l'immense communauté du développement logiciel dans le secteur financier, qui a aujourd'hui peu d'occasions de se rencontrer et d'échanger autour d'idées innovantes pour ses métiers. Afin de prolonger l'ambition, cette première expérience au cœur de la finance mondiale, à New York, sera par la suite déclinée dans d'autres villes, dont, notamment, San Francisco (capitale officieuse du hacking) et Londres (autre haut lieu de la finance).

Ce Fintech Hackathon n'est pas le premier dans son genre : outre les FinAppsParties relativement "privées" de La Caixa, celui-ci ressemble fort aux SeedHacks de SeedCamp, en particulier sur le principe des "fournisseurs" d'APIs. S'il faut en croire ce précédent, les idées qui en ressortent peuvent être intéressantes, bien qu'elles semblent souffrir d'une difficulté endémique à se transformer en produits finis.

L'innovation dans les services financiers est désormais largement dominée par les entrepreneurs et les startups technologiques. Faire appel à la communauté des développeurs pour concevoir des utilisations originales de leurs solutions est donc une double capitalisation sur la créativité ! Si le modèle parvient à devenir opérationnel, les "vieilles" institutions auront du mal à suivre... A moins qu'elles ne participent elles-mêmes à ces initiatives, comme l'a fait (la pas si ancienne) Axa Banque au SeedHack Fintech 2012.

mercredi 30 janvier 2013

Wink affiche le solde du compte en situation

Wink
Dans la série des idées "dans l'air du temps", celles qui bouillonnent autour d'une présentation simplifiée du solde du compte courant sont actuellement en pleine effervescence. Après les aperçus et l'affichage du solde sans mot de passe, puis le widget de mBank, en voici une nouvelle déclinaison, en deux volets baptisés Wink et Blink.

L'objectif de la société qui les propose, IIICTech, n'est plus seulement de rendre l'accès à l'information du compte plus facile et plus rapide mais, surtout, de présenter le solde au consommateur, spontanément, au moment où cela lui sera le plus utile, c'est-à-dire lorsqu'il entre dans une boutique (en fonction de préférences qu'il aura préalablement configurées, naturellement).

Avec les technologies désormais disponibles sur tous nos smartphones, rien de plus aisé : géolocalisation et geofencing (délimitation des zones géographiques où il faut déclencher une action) permettent d'émettre une alerte au moment opportun. Les concepts dérivés de ce principe deviennent d'ailleurs relativement courants et celui de l'application mobile Wink rappelle un peu ce que la société Ekito avait présenté, avec "Map My Cost!", lors du grand prix de l'application bancaire d'Axa Banque.

Mais la startup ne s'en tient pas à cette application pour smartphone. Elle offre également un petit appareil complémentaire, Blink, dont le rôle est de synchroniser (avec le téléphone, via une interface Bluetooth) et afficher le solde du compte bancaire, sans (presque) requérir la moindre action. En effet, pour ses concepteurs, la saisie d'un identifiant et d'un mot de passe dans une application ou, même, seulement un code de déverrouillage du téléphone constituent des handicaps à la surveillance active des finances personnelles.

Blink

Dans sa communication, IIICTech est avare de détails techniques, mais pas de promesses immodérées : compatibilité avec toutes les institutions financières et tous les mobiles, gratuité totale pour l'utilisateur (elle déclare avoir un but philanthropique, en l'occurrence la réduction des frais de découvert bancaire des américains), sécurité inégalée... Je ne m'étendrais pas non plus sur ses commentaires caricaturaux sur les banques...

Malgré ces excès et en dépit de son accessoire matériel qui ne me convainc pas (s'il s'agit de simplifier la consultation, cela doit se faire sur le téléphone, pas en demandant à l'utilisateur d'emporter un deuxième appareil), l'idée originale de Wink me paraît séduisante car elle peut répondre à un cas d'usage réel, apportant une valeur directement perceptible par le consommateur.

A une "petite" nuance près, toutefois : tant que les systèmes informatiques des banques ne fonctionneront pas en "temps réel", l'information apportée reste très approximative et, donc, pratiquement inutile ! A contrario, voilà une suggestion pour les établissements engagés dans des projets de rénovation du cœur bancaire : proposer un service du genre de Wink, une fois la gestion des comptes passée au "temps réel", vous offrira une opportunité (additionnelle) de démontrer votre supériorité.

mardi 29 janvier 2013

Citi : le diable est dans les détails

Citibank
Avec un titre de "Banquière Mobile" de l'année, décerné par Bank Technology News, et la première place du classement Forrester des services de banque en ligne, Tracey Weber, responsable internet et mobile de Citigroup, peut être satisfaite de son année 2012. Dans un entretien pour la revue "American Banker", elle révèle quelques-unes de ses recettes.

Côté web, d'abord, les évolutions initiées à l'automne 2011 se sont concentrées sur deux axes principaux. D'une part, le design du site a été considérablement simplifié, de manière à rendre son utilisation plus aisée, tout en "remontant" les options les plus utilisées, afin de faciliter la navigation.

D'autre part les outils de PFM (Gestion de Finances Personnelles), qui, dans la majorité des cas, sont isolés du reste des services en ligne, sont ici directement intégrés dans le tableau de bord des comptes, y compris lorsque le client a choisi d'agréger les comptes qu'il détient dans d'autres établissements.

Voilà largement de quoi justifier une palme de la banque en ligne. Chacune de ces initiatives représente en effet une tendance qui se répand progressivement dans le secteur financier, mais Citi est résolument en pointe sur ces sujets. Et leur point commun est d'aller dans le sens de la qualité de l'expérience client, avec une interface simple à prendre en main (presque dépouillée) et des fonctions riches et utiles.

Côté mobile, les services sont là aussi mis en avant avec, notamment, le dépôt de chèque à distance (par photographie) ou le paiement P2P (de "pair à pair"), dont l'adoption croît mois après mois. Il faudra également se souvenir de l'exceptionnelle application pour iPad. Cependant, dans ce domaine, point de secret à attendre : T. Weber constate que personne ne connaît la solution parfaite. Tout au plus croit-elle aux réalités, à savoir quels appareils les clients possèdent et les usages qu'ils en font, qui guident la conception des applications de la banque.

Couverture de Bank Technology News

Au-delà de ces constats et de ces choix, la leçon la plus importante de l'expérience de Citi n'est pourtant pas celle de l'exigence de simplicité ou du développement de services innovants. Ce qui est moins visible mais encore plus critique pour la satisfaction des utilisateurs, dans la durée, est le cycle quasi-continu d'évolutions que connaissent les services en ligne ou mobiles, qui permet de les améliorer en permanence, progressivement.

De plus, parmi ces changement réguliers, certains correspondent à des optimisations locales, mais beaucoup répondent aux commentaires et critiques des clients. Et il s'avère impératif de prêter attention aux détails au sein de ces retours, comme dans l'exemple que cite T. Weber où des plaintes faisant état de l'impossibilité de voir la liste de tous les comptes étaient dues à la faible visibilité d'une barre de défilement !

Écoute des clients, soin du détail, réactivité, ce ne sont finalement que quelques conseils simples et (presque) évidents, néanmoins indispensables pour maintenir le succès, une fois la phase de création d'une expérience client optimale achevée (ce sujet ayant déjà été abordé dans un précédent billet).

lundi 28 janvier 2013

BBVA investit 100 millions de dollars pour inventer la banque de demain

BBVA
Il y a un peu plus d'un an, BBVA s'installait dans la Silicon Valley pour établir des contacts avec les startups technologiques et profiter de leur idées pour transformer son métier. Aujourd'hui, la banque espagnole franchit une nouvelle étape dans cette stratégie en annonçant la création de "BBVA Ventures", un fond de capital-risque doté de 100 millions de dollars.

Loin d'être cantonnée à une pure logique d'investissement, l'approche de BBVA se veut équilibrée. Tout d'abord, il s'agit pour la banque d'identifier des sociétés et technologies prometteuses pour ses métiers (actuels et futurs) et de capitaliser sur les idées émergentes. Elle entend ainsi privilégier les entreprises des régions où elle est elle-même présente et insiste sur son ambition d'implémenter les nouveaux produits, services, modèles d'affaires... susceptibles de s'inscrire dans sa vision stratégique.

Mais, d'un autre côté, BBVA estime également pouvoir apporter de la valeur aux jeunes pousses qu'elle soutiendra, ainsi qu'aux autres investisseurs avec qui elle interviendra. Outre sa volonté d'adopter les solutions des startups, elle souligne notamment son expérience du secteur, son important réseau de distribution et son accès à un marché immense, qui seront indiscutablement des atouts importants pour le développement rapide de nouvelles offres.

Ecran d'accueil BBVA Ventures

Les domaines dans lesquels la banque envisage d'investir, qu'elle considère donc comme critiques pour son avenir, ne réservent pas de grandes surprises, puisqu'ils correspondent précisément aux grandes tendances actuelles ou pressenties dans le monde des services financiers. On y retrouve pêle-mêle, la mobilité, la loyauté des clients, le commerce en ligne, les paiements électroniques, l'analyse de données...

Avec cette initiative, BBVA prolonge un chantier qu'elle a entrepris de longue date. Reconnaissant l'inévitable transformation qui attend les banques à court ou moyen terme, dont certaines manifestations sont déjà visibles, elle se positionne au plus près des "disrupteurs", afin d'anticiper au mieux les changements à venir. Dit autrement, elle cherche simplement à rester pertinente dans l'univers financier de demain.

dimanche 27 janvier 2013

Brèves en vrac

Moyens de paiement innovants, banque et médias sociaux, nouveautés sur les GABs, acteurs disruptifs, ce sont là les thèmes de quelques actualités récentes méritant de ne pas être totalement ignorées...


Dwolla
Bien que moins connue que les Square et autres PayPal, la jeune startup américaine Dwolla continue à révolutionner le secteur des paiements. Signe d'une crédibilité croissante indiscutable, sa solution est désormais en voie d'adoption dans le secteur public, notamment par le gouvernement de l'état d'Iowa, sa région d'origine.

Comme pour tous les commerçants, petits et grands, qui se sont déjà laissés séduire, les 2 arguments qui font la différence pour ces nouveaux "clients" sont le facteur "temps réel" et, surtout, les économies potentielles. Le fonctionnement du réseau mis en place par Dwolla permet en effet de réaliser les transferts immédiatement, facilitant ainsi la gestion des flux. Et ses coûts sont pratiquement imbattables en comparaison des systèmes existants, chèques ou virements.

Dans un contexte universel de maîtrise des dépenses publiques, et alors que les contribuables demandent toujours plus de facilité d'accès aux services gouvernementaux, il est logique que les choix se portent sur les solutions les plus efficaces, même dans les organisations les plus conservatrices. Ce devrait être une leçon pour les banques qui, dans cette même position d'institutions immobilistes, se voient désormais ravir leurs marchés par plus agiles qu'elles.


Nationwide
La personnalisation des services est une tendance majeure dans tous les secteurs d'activité. Il est ainsi souvent question de permettre à l'utilisateur de configurer ses options favorites sur les sites web, bancaires ou autres. Pour la britannique Nationwide, l'idée a aussi été déclinée sur ses GABs et les résultats qu'elle affichait récemment montrent que les consommateurs l'apprécient.

Le principe est d'une simplicité déconcertante : au fur et à mesure de ses retraits (ou autres opérations), les automates de la banque "apprennent" automatiquement quelles sont les transactions préférées de chaque client. Celles-ci peuvent alors être proposées en priorité dès l'insertion de leur carte. Naturellement, les éventuels changements d'habitude sont également pris en compte, après un temps d'adaptation.

Pour les utilisateurs, le gain de temps, même mineur, est un avantage indéniable. D'ailleurs, les 3 millions de transactions réalisées de cette manière en quelques mois, sur les 2000 distributeurs de Nationwide, tendent à confirmer l'intuition. Et, pour la banque, outre le surcroît de satisfaction des clients, il s'agit aussi d'un moyen d'améliorer la "productivité" de ses appareils...


Caisse d'Epargne
Petit à petit, toutes les banques mettent en place un service après-vente (SAV) sur les médias sociaux, en particulier sur Twitter, qui semble devenir le terrain de prédilection pour ce genre d'initiatives. La dernière arrivée est la Caisse d'Epargne, dont le compte dédié est désormais disponible pour répondre aux questions des internautes.

Rien d'exceptionnel dans cette démarche, qui reste au contraire tout à fait classique. En particulier, les petits défauts habituels sont au rendez-vous : horaires de fonctionnement limités, de 9:00 à 18:00 du lundi au vendredi (il faudra bien un jour réaliser que le web ne ferme jamais !), tendance à renvoyer les demandes vers les agences... Une assistance sur Twitter est aujourd'hui un passage obligé pour les banques mais les efforts restent encore mal adaptés aux nouveaux comportements "sociaux".

Information repérée grâce à Sémaphore Conseil (merci !)


Finansemble
Pour finir, il me reste à signaler le lancement de Finansemble, une startup faisant un peu figure d'OVNI, avec son modèle d'achat groupé pour les produits et services financiers. Son concept consiste donc à proposer à ses membres des offres promotionnelles dont les conditions deviennent d'autant plus avantageuses qu'elles ont plus de souscripteurs.

J'avoue être un peu sceptique sur cette approche, l'achat groupé en "club" me semblant plus pertinent pour des produits de la vie courante. De plus, se pose obligatoirement la question de son avantage par rapport à des courtiers ou des sites de comparaison en ligne, même si les les fondateurs de Finansemble affirment que leur indépendance et la primauté de l'intérêt de l'internaute sont leurs valeurs différenciatrices.

Néanmoins, peut-être les conseils prodigués, organisés par grands profils (étudiant, actif, senior...), et les forums d'entraide apporteront la touche d'originalité qui séduira les consommateurs...

Page d'accueil Finansemble

samedi 26 janvier 2013

La Caixa adopte les idées de ses clients

La Caixa
La banque espagnole "La Caixa" est familière des initiatives d'innovation ouverte, comme le prouve, entre autres, l'organisation annuelle de sa FinAppsParty. Aussi, quand elle se lance dans une démarche de recueil des idées de ses clients, l'expérience promet d'être instructive. Et lorsqu'elle en révèle quelques résultats, il faut bien s'y intéresser.

Le projet, baptisé "Inspíranos" ("Inspirez-nous"), a vu le jour en 2012. Sous une forme simple, il consiste en un espace web, intégré aux services de banque en ligne, où les clients sont appelés à partager leurs idées et/ou apporter leurs avis et éventuels commentaires sur celles des autres utilisateurs. L'objectif est de recueillir les suggestions de nouveaux produits et services, principalement autour des canaux à distance.

Composante indispensable de la relation de confiance que suppose ce genre de démarche, la banque promet d'étudier chaque proposition, pour en évaluer le potentiel et la faisabilité. Dans le cas où une suggestion est proche d'un service existant, la personne qui l'a émise reçoit un conseil personnalisé pour sa mise en œuvre immédiate.

Ecran d'accueil "Inspíranos"

Tout au long de l'année 2012, "Inspíranos" a reçu 41 000 visites, qui ont généré plus de 500 idées – concernant essentiellement les GABs ("Guichets Automatiques de Banque") ainsi que les services en ligne et mobile – ayant elles-mêmes recueilli plus de 10 000 votes. Cela peut sembler peu en regard des plus de 12 millions de clients de la banque, mais un chiffre relativise cette apparente mauvaise performance : près de 100 des suggestions soumises seront bientôt implémentées, attestant de la qualité de la participation.

La Caixa est avare de détails sur ces futurs développements mais elle en évoque tout de même 3, qui laissent libre cours à l'imagination : une solution originale de gestion de compte qui s'adapte automatiquement aux attentes de chaque utilisateur, un nouveau système de notifications personnalisées et l'optimisation des opérations sur les GABs. Il semblerait donc que ce ne soient pas uniquement des améliorations mineures qui sont en cours de réalisation...

En synthèse, cette initiative d'innovation ouverte constitue un exemple, dont pourraient s'inspirer tous ceux qui sont tentés par ce type d'approche. Partant d'un double objectif d'établir une relation de proximité avec ses clients et de recueillir leurs besoins afin que les services qui leur sont offerts les satisfassent, La Caixa respecte ses engagements, en donnant suite aux propositions reçues et en y mettant les moyens nécessaires. C'est là une condition sine qua non – trop souvent oubliée – de la confiance mutuelle indispensable au succès d'une telle opération.

vendredi 25 janvier 2013

Marketing et médias sociaux : prudence !

Pitney Bowes
Les entreprises sont toutes plus ou moins fascinées par les médias sociaux et leur capacité à rassembler en un "lieu" unique une immense population d'internautes. Elles se sont donc empressées de déployer des stratégies marketing pour essayer d'exploiter cette "mine d'or", souvent sans maîtriser totalement leurs approches.

Une étude commanditée par Pitney Bowes Software fait le point sur le sujet, à partir, notamment, d'une enquête réalisée auprès d'un échantillon de directeurs marketing, dans 5 pays (Allemagne, Australie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et à travers 7 secteurs d'activité (dont la banque et l'assurance). Les tendances ainsi dégagées ont été ensuite comparées avec les réactions des consommateurs vis-à-vis du marketing sur les médias sociaux.

Le premier enseignement à tirer de l'étude est la position ambigüe des banques, qui affirment, pour presque 3/4 d'entre elles, privilégier les médias sociaux pour leur communication externe mais, en parallèle, n'accroissent la part des budgets qu'elles y consacrent que dans une proportion modérée (de 16% en 2011, quand elles étaient les plus engagées, à une estimation de 22% en 2013, où elles seront largement dépassées par, entre autres, le secteur des télécommunications, qui atteindra 36%).

Encore plus significatif, à peine plus de la moitié des directeurs marketing estiment que les médias sociaux vont encore prendre de l'importance à mesure qu'ils s'enracinent dans la vie quotidienne des consommateurs. Et l'apothéose des incertitudes se retrouve dans les 31% qui considèrent leurs campagnes inefficaces, contre seulement 53% qui sont confiants dans leur valeur (seules les compagnies d'assurance sont encore plus pessimistes à 49%).

Il est vrai que l'analyse des comportements des internautes à de quoi inciter à une telle prudence. Ainsi, ils ne sont qu'environ 1 sur 4 à utiliser les réseaux sociaux pour "suivre" des entreprises, préférant logiquement les contacts avec leurs amis et leur famille, qui représentent la motivation exprimée par 78% des personnes interrogées.

Source d'espoir, les approches marketing des entreprises qu'ils suivent sont relativement bien acceptées par les consommateurs. En revanche, les messages reçus de marques avec lesquelles ils ne sont pas en contact sont une cause majeure d'irritation, voire de rejet total des produits et services des coupables de ces intrusions. Voici donc, au passage, une confirmation du constat anecdotique que je faisais récemment sur la campagne de BNP Paribas sur Facebook.

Enfin, l'étude révèle aussi des décalages étonnants entre les "habitudes" des spécialistes du marketing et les attentes des consommateurs. Par exemple, là où ces derniers sont particulièrement intéressés par des promotions et coupons de réduction, l'actualité des nouveaux produits et services, des annonces d'événements, ces thèmes sont en bas de liste pour les premiers, qui préfèrent proposer newsletters, information sur la responsabilité sociale de l'entreprise ou enquêtes de satisfaction, toutes jugées sans intérêt.

En conclusion, s'il n'est pas surprenant que, vue la jeunesse de ces nouveaux canaux de communication, les approches restent un peu approximatives et marquées par les tâtonnements, quelques tendances fortes se dégagent et devraient être prises en compte dès maintenant. Il est en effet très facile de déclencher des réactions négatives sur les médias sociaux et leurs effets peuvent être rapidement dévastateurs. Aussi est-il essentiel de reconnaître et éviter au plus tôt les pièges connus !

jeudi 24 janvier 2013

Citibank Express : le GAB sait tout faire

Citibank
Face aux coûts d'une agence, plusieurs grandes banques tentent d'inventer de nouveaux concepts de "point de vente", plus économiques mais offrant les mêmes services. Pour la géante américaine Citi, les réflexions ont abouti à la création de "Citibank Express", un GAB ("Guichet Automatique de Banque") enrichi, capable de prendre en charge (presque) tous les besoins de ses clients

Au niveau de l'appareil lui-même on retrouve l'état de l'art actuel de l'automate bancaire avec, outre le retrait d'espèces et autres options classiques, la connexion aux services en ligne, l'identification et l'authentification de l'utilisateur par un dispositif biométrique, l'accès à un conseiller en visio-conférence... Il devient ainsi possible, par exemple, d'ouvrir un compte, de commander un chèque de banque ou une carte de crédit depuis le GAB. A terme, une imprimante intégrée permettra même de délivrer immédiatement au client sa nouvelle carte.

Il faut aussi noter la présence sur le terminal de deux écrans, permettant à l'utilisateur de conduire simultanément une conversation en vidéo et une transaction en ligne. Autre aspect important, comme l'esquisse la future option d'impression de carte bancaire, Citibank Express est conçu pour être extensible, capable d'accueillir de nouvelles fonctions au fur et à mesure des développements réalisés. C'est la raison pour laquelle le dispositif est déjà équipé, notamment, d'une interface NFC (sans contact) et d'un scanner.

Citibank Express

Au-delà de la nouveauté que représente cette annonce en elle-même, Citibank suggère que sa nouvelle génération d'automate lui ouvre également la porte d'une véritable relation multi-canal, grâce à laquelle le client peut initier une transaction sur son micro-ordinateur, la poursuivre sur le GAB et la conclure sur son mobile (ou toute autre combinaison imaginable). En réalité, le distributeur deviendrait donc un terminal d'accès supplémentaire à des services de banque en ligne devenus universels.

Comme pour beaucoup des plus récentes innovations de Citibank, celle-ci est d'abord déployée en Asie, plus précisément en Malaysie, à Singapour et aux Philippines, dans des agences existantes. Une extension est d'ores et déjà planifiée dans le courant de l'année, toujours sur le continent asiatique, avec des implantations entièrement nouvelles, qui constitueront donc des "micro-agences" complétant le réseau actuel. Selon les résultats, il est probable que le concept pourra être ensuite généralisé dans d'autres régions du monde.

A ce stade, la banque affirme que ces GABs n'ont pas vocation à remplacer des agences "traditionnelles". Il ne faut cependant pas se faire d'illusions : avec la baisse de fréquentation et de rentabilité des points de vente, il devient impératif de trouver des alternatives plus économiques. A défaut de miser plus largement (voire exclusivement) sur les canaux à distance, ces automates "enrichis" offrent un bon compromis entre une présence physique et des coûts et délais d'installation réduits.

Une telle stratégie peut sembler empreinte de bon sens, au premier abord. Pourtant, à bien y réfléchir, elle soulève une grave question de pertinence : pourquoi les clients choisiraient-ils d'interagir avec leur banque sur un GAB alors que tous les services proposés sont (ou pourraient être) disponibles sur leur propre PC (ou téléphone) ? Et si l'objectif est de cibler la population non équipée, l'initiative de Citibank n'apportera pas beaucoup de valeur à long terme...

Le crowdfunding pour acheter une voiture

Dodge
Les modèles de financement alternatifs ont conquis leur public parmi les consommateurs, que ce soit pour participer à des projets (comme dans le cas de KickStarter) ou pour souscrire un emprunt à des conditions avantageuses (par exemple avec Zopa). Très opportunément, le constructeur automobile américain Dodge s'empare désormais du concept dans une approche plutôt séduisante.

Le site dédié à l'opération, "Dodge Dart Registry", propose ainsi aux amateurs de sa "Dart" de faire appel à leurs proches pour financer (une partie de) la voiture de leur rêves. Dans une pure logique de crowdfunding, le demandeur va pouvoir créer son profil, spécifier une échéance et le montant qu'il souhaite recueillir, puis solliciter ses amis et sa famille via les réseaux sociaux.

L'intégration dans l'univers de la marque automobile est particulièrement soignée : la première étape de création d'un dossier consiste à personnaliser le véhicule désiré, puis le projet de financement doit être réparti en différentes pièces (feux anti-brouillard, jantes, calandre...), qui permettent aux participants de choisir celle qu'ils veulent financer (dans une approche qui ressemble donc à celle des listes de mariage).

Dodge Dart Registry

Du point de vue du fabricant, l'opération "Dodge Dart Registry" est extrêmement intéressante, ne serait-ce que par sa capacité à faire d'un achat important un acte social. Sur le plan "financier", il faudra tout de même souligner plusieurs bémols dans l'exécution : les frais facturés par le fournisseur de la plate-forme de crowdfunding, RocketHub, sont assez dissuasifs (9% du montant "levé", au total), aucun lien direct n'est établi entre le financement et l'acquisition réelle du véhicule (les fonds peuvent en fait être utilisés à n'importe quelles fins)...

Mais laissons-là ces détails et essayons d'imaginer une "suite" à cette histoire. Ne pourrait-on envisager, par exemple, une offre de financement mixte où les acheteurs potentiels feraient appel à leur réseau pour participer à un achat et où une banque apporterait le complément, sous la forme d'un prêt classique ? Peut-être les conditions de ce prêt pourraient-elles être modulées en fonction des fonds collectés en crowdfunding ? Et le secteur automobile ne serait pas nécessairement la seule cible possible pour une telle offre...

mardi 22 janvier 2013

Discrètes innovations à la Société Générale

Société Générale
Il faut parfois un événement un peu particulier pour découvrir ce qui normalement reste invisible. C'est le cas aujourd'hui pour l'innovation dans le Groupe Société Générale, dont le secret qui l'entoure bien souvent vient d'être levé (partiellement, peut-on supposer), grâce à une opération de communication de l'équipe "SG et Vous".

Depuis quelques jours, les internautes sont en effet appelés à voter pour leurs innovations préférées parmi les 5 proposées dans chacune des 2 catégories retenues ("Responsabilité Sociale et Environnementale" et "Clients"). Fort logiquement, le vote se déroule sur le site "SG et Vous", conçu comme une plate-forme d'échanges ouverts entre la banque et le grand public.

Malgré le manque d'informations détaillées sur les idées soumises, l'opération nous donne tout de même l'occasion de survoler quelques initiatives de l'année 2012 qui sont jusqu'alors passées sous les radars. Je ne m'attarderai donc pas sur la gestion de budget de "L'Appli" mobile, ni sur les paiements mobiles en République Tchèque. Je ne reviendrai pas plus, pour les mêmes raisons et bien que le principe soit remarquable, sur les efforts consentis pour rendre la gestion de compte sur iPhone et iPad accessible aux non-voyants.

Vote du public sur SG et Vous

En revanche, la "signature électronique" en Lituanie, pour les collaborateurs de la filiale locale de crédit à la consommation, General Financing, intrigue. Selon la description, il s'agit de permettre aux employés de signer tous leurs documents administratifs dématérialisés grâce à leur carte d'identité numérique ou même leur smartphone. Outre l'exemple ainsi donné d'un gouvernement entré de plain-pied dans le monde digital, voilà peut-être aussi une idée à retenir : commencer la révolution de la signature électronique en interne, pour "apprendre", avant de la déployer auprès de la clientèle.

Tout aussi notable est la mise en œuvre d'un dispositif de retrait sans carte, avec un téléphone mobile, sur les GABs sénégalais. Le concept lui-même n'est pas particulièrement novateur, mais le cas d'usage, lui, sort (un peu) de l'ordinaire. En effet, ce type de solutions est déployé dans les pays développés principalement pour pallier à l'oubli du portefeuille. Ici, le système prend tout son sens pour une population faiblement bancarisée, qui pourra dès lors facilement accéder, sur les automates de la banque, aux fonds qui leurs sont envoyés par leurs proches depuis l'étranger.

La dernière initiative qui retient mon attention est le partenariat de Société Générale avec la jeune pousse française SPEAR (déjà évoquée dans ces colonnes), qui tente de décliner en France le modèle du crowdfunding : le consommateur choisit les projets qu'il souhaite financer avec son épargne, pré-sélectionnés par la startup pour leurs valeurs éthiques, tandis que la banque porte les transactions (épargne et prêt), et les risques associés. Un bel exemple d'association avec une jeune entreprise innovante et d'approche responsable du financement...

Société Générale a eu là une excellente idée, à la fois d'exposer ses principales innovations de 2012 et de demander aux internautes d'exprimer leurs préférences. Je regrette néanmoins qu'aucune précision ne soit fournie quant à la finalité du vote du public : j'espère que les lauréats recevront une récompense bien méritée !

lundi 21 janvier 2013

PayPal, le mobile et le paiement de proximité

PayPal
A l'occasion de la convention du commerce de détail américain (NRF 2013), PayPal a multiplié les annonces, profitant de l'occasion pour faire un état des lieux de sa position actuelle, tout en démontrant une nouvelle fois ses ambitions, encore renforcées, dans le domaine du paiement de proximité via mobile.

Pour commencer par quelques chiffres, la filiale d'eBay affirme avoir traité un volume de 14 milliards de dollars de paiements sur mobile en 2012, soit 40% de plus que son objectif initial, qui représentait pourtant déjà une multiplication par 2,5 des 4 milliards de 2011 ! Si l'année passée n'a pas été celle de l'explosion du paiement sur mobile pour tout le monde, PayPal n'est certainement pas l'acteur le plus à plaindre du secteur.

Et, pour ceux qui continuent à prétendre que la société est sur le déclin, il faudra aussi noter ses plus de 120 millions de comptes actifs dans le monde, ainsi que, encore plus important, son record de nouvelles inscriptions au cours du dernier trimestre. Les représentants de la société ne manquent pas de souligner que ce succès est dû à une stratégie focalisée sur l'expérience utilisateur, contrairement à des initiatives concurrentes qui créent de nouvelles technologies pour le plaisir de la technologie...

A ce stade, ce ne sont évidemment pas les paiements dans les boutiques "physiques" qui génèrent de tels volumes. Mais de ce côté aussi, les progrès sont rapides. Ainsi, depuis l'annonce de mai dernier, 23 chaînes de commerce de détail ont désormais été conquises et proposent à leurs clients de payer leurs achats en caisse avec leur compte PayPal. Ce nombre peut sembler modeste mais il correspond tout de même à 18 000 points de vente sur le territoire des États-Unis.

Paysage Mobile PayPal

Les avancées sont tout aussi sensibles en ce qui concerne les terminaux de paiements, qui constituent le fer de lance de la stratégie "brick and mortar" de la société. Un nouveau partenariat conclu avec NCR va ainsi amener PayPal dans les solutions du leader de l'équipement des restaurants et des stations essence en Amérique du Nord. Dans un premier temps, c'est l'application "NCR Mobile Pay" de "libre-service" à la table, intégrée avec le logiciel de point de vente de NCR, qui bénéficiera de cette option.

Enfin, la filiale d'eBay continue également à innover dans son cœur de métier (ou dans sa périphérie immédiate), afin de ne laisser aucune opportunité inexplorée. En l'occurrence, l'expérimentation réalisée par McDonald's en France l'a visiblement inspirée puisqu'une nouvelle version de son application mobile offre la même option de pré-commande, en test dans un "Jamba Juice" californien : le consommateur fait son choix et paye sur son téléphone, ce qui lui permet d'éviter de faire la queue lorsqu'il vient retirer son achat.

Depuis qu'elle a lancé sa révolution mobile, il y a un peu plus d'un an, la société n'a jamais relâché ses efforts, multipliant expérimentations, nouveaux services, partenariats... Ce qui pourrait ne paraître que gesticulation est incontestablement le seul moyen de découvrir les recettes qui feront (enfin) décoller le paiement mobile et PayPal est bien la seule à les rechercher avec autant d'énergie !

dimanche 20 janvier 2013

Brèves autour de la banque mobile

Aujourd'hui, toutes les banques sont convaincues de l'importance d'offrir une expérience mobile exceptionnelle à leurs clients. En marge de la majorité d'entre elles, qui choisit une approche "classique", quelques-unes tentent de dépasser les frontières actuelles et d'imaginer d'autres possibilités. Voici 4 exemples appartenant, à un titre ou un autre, à cette dernière catégorie...

Kaching
Le premier n'est plus tout à fait récent puisque le porte-monnaie mobile "Kaching" de CommBank a été dévoilé sur iPhone il y a plus d'un an. Cependant l'annonce de la version Android de cette application, qui suit logiquement la popularité croissante du système de Google parmi les consommateurs, donne l'occasion de mieux mesurer son succès.

La banque révèle en effet que son application a été téléchargée 750 000 fois et qu'elle a permis à ses utilisateurs de procéder à plus de 4 milliards de dollars (australiens) de paiements en 2012. Malgré une multitude d'initiatives à travers le monde, peu de porte-monnaie mobiles (en dehors de Pingit au Royaume-Uni) peuvent se vanter de tels résultats. Ceux-ci prouvent avec éclat qu'une réflexion approfondie sur les attentes des consommateurs et une réalisation soignée peuvent effectivement ébranler la suprématie des moyens de paiement traditionnels.

[Bank]Simple
Dans le cas de [Bank]Simple, la banque disruptive par excellence, la transition de l'iPhone au smartphones équipés du système Android (encore !) est l'occasion d'une magnifique démonstration de son attention aux détails et de sa manière unique d'aborder la banque mobile et l'expérience client.

Ainsi, dans la plupart des cas, la solution proposée sur Android est un simple "portage" de l'application iPhone qui l'a généralement précédée, offrant des fonctions similaires via des modes opératoires identiques. A l'inverse, chez Simple, les ingénieurs reconnaissent les différences entre les deux systèmes, certes parfois subtiles, mais qui conduisent à des habitudes distinctes des utilisateurs dans la manipulation quotidienne de leur téléphone.

La jeune banque a donc conçu et réalisé son application pour Android en repartant d'une feuille blanche, même si les fonctions "bancaires" proposées restent toujours les mêmes. Le résultat final est un produit que les clients, habitués aux standards d'interaction d'Android, prendront en main avec encore plus de facilité et de manière totalement intuitive. Sa réalisation a certainement engendré un surcoût mais la perfection dans la relation client n'a pas de prix !

Simple sur Android

mBank
J'évoquais récemment la possibilité d'ouvrir l'accès à certains services bancaires sans authentification. Parmi les cas existants, quelques applications affichent le solde du compte courant (par exemple "Mes Comptes" de BNP Paribas) ou, plus discrètement, une "météo" des comptes (notamment "L'Appli" de Société Générale), sans fournir de mot de passe.

Pour la polonaise mBank, les capacités particulières du système Android (qui est décidément sous les feux) permettent de pousser cette logique un peu plus loin. Elle propose ainsi à ses clients d'afficher directement sur leur écran d'accueil mobile, sous la forme d'un widget, le solde de leur compte ou son état général (en fonction de critères qu'ils sélectionnent). L'information devient désormais visible en permanence, sans requérir la moindre action.

Widgets mBank

Mitek
Le dernier cas de cette courte liste, assez différent des précédents, est celui de Mitek dont les solutions de dépôt de chèque par capture photographique ont révolutionné la banque mobile aux États-Unis. Malgré son succès, cette technologie n'est pas sans défauts et la société souhaite donc enrichir son offre pour la rendre plus attractive.

Les banques, de plus en plus nombreuses, qui ont adopté ce système sont en effet confrontées au risque qu'un client "dépose" le même chèque simultanément auprès de plusieurs établissements. Par prudence, chaque institution impose alors un plafond sur le montant maximal déposé. Afin de supprimer toute limitation, Mitek propose d'exploiter une base de données universelle des chèques qu'elle traite, afin de détecter d'éventuels doublons.

A bien y réfléchir, la démarche peut surprendre : nous avons ici une technologie largement répandue alors qu'elle est loin d'être totalement sécurisée, et ce n'est qu'a posteriori que des mesures complémentaires de protection sont envisagées. Cet exemple d'approche pragmatique de l'équilibre entre le risque encouru et la valeur ajoutée mériterait d'être décliné dans d'autres cas...

Conclusion

Dans toute leur diversité, ces quelques retours d'expérience montrent (une partie de) la voie à suivre pour les institutions financières. Quand on mesure l'impact qu'auront les plus d'1 milliard de consommateurs qui utiliseront la banque mobile d'ici 2017 (selon un rapport de Juniper Research), tous les efforts possibles devraient être engagés pour s'assurer de la qualité de l'expérience qui leur est offerte.

samedi 19 janvier 2013

Epargne et e-commerce font bon ménage

Depuis le lancement de l'application mobile "Impulse Saver" par WestPac au printemps 2011, l'épargne d'impulsion fait son chemin et se voit régulièrement déclinée par différents acteurs (par exemple les Banques Populaires, en France). Cette semaine, deux jeunes pousses ont dévoilé leurs propres variantes de ce concept, ciblant plus particulièrement le commerce en ligne, grâce à des extensions pour le navigateur Chrome de Google.

ImpulseSave
La première startup est ImpulseSave, déjà évoquée dans ces colonnes, dont le modèle consiste à proposer aux consommateurs un compte d'épargne sur lequel ils vont détailler leurs objectifs, qu'ils atteindront progressivement au moyen des outils mis à leur disposition, notamment sur smartphone, pour mettre de côté de petites sommes, régulièrement.

Avec sa nouvelle extension pour Chrome, ImpulseSave ne fait que décliner son mode opératoire au commerce en ligne. Ainsi, là où l'application mobile existante a vocation à stimuler l'épargne lorsque l'utilisateur s'apprête à faire une dépense (déraisonnable ?) dans un commerce "physique", ce module va suggérer de réserver un peu d'argent pour un de ses objectifs enregistrés dès que l'internaute navigue sur la page de paiement d'un site de commerce en ligne.

SmartyPig
Dans le cas de SmartyPig, qui était un précurseur de l'épargne "ciblée" (dans laquelle le client définit les objectifs concrets auxquels ils souhaite affecter ses économies), l'approche adoptée est inverse. Il n'est en effet pas question ici de mettre de l'argent de côté mais, au contraire, de spécifier de nouvelles "envies" au gré de la navigation sur le web.

Concrètement, quand le consommateur se trouve sur la page descriptive d'un produit qu'il rêve d'acquérir, un simple clic sur le bouton "SmartyPig" de son navigateur va préparer un nouvel objectif d'épargne dans son compte, intégrant automatiquement la description, la photo et le prix de l'article (extraits de la page web), et auquel il ne lui reste plus qu'à affecter une échéance, un dépôt initial et la fréquence des versements suivants.

Illustration de l'utilisation de SmartyPig sur le site Amazon

Ces deux modules représentent, chacun dans leur genre, de superbes exemples d'exploitation intelligente des capacités d'extension des navigateurs web modernes, dont il est facile d'imaginer des déclinaisons à l'infini. Quoi de plus naturel, en effet, que d'offrir des services financiers aux consommateurs sur les "lieux" de commerce ? Jusqu'à maintenant, les tentatives dans ce domaine visent plutôt les points de vente "physiques" (ne serait-ce qu'avec le crédit à la consommation). Dorénavant, le e-commerce devient encore plus facile à aborder !

vendredi 18 janvier 2013

Le gouvernement britannique choisit l'identité numérique de PayPal

PayPal
Lorsque le Canada fait appel au secteur privé pour gérer l'identité numérique de ses contribuables, le choix se porte sur les banques et leur expertise de la sécurité. Quand le gouvernement britannique se lance dans une démarche similaire, aucune banque ne figure parmi les 8 sociétés retenues. En revanche, PayPal est du lot !

Les autres participants au projet sont, pour la plupart, des spécialistes de la gestion d'identité, auxquels se joignent The Post Office (la poste britannique, qui propose, il est vrai, services financiers, assurances et autres produits divers et variés) et Verizon (opérateur de télécommunication).

PayPal était l'un des membres fondateurs de l'Open Identity Exchange (OIX), mis en place pour établir un dialogue entre le gouvernement et le secteur privé sur le sujet de l'identité numérique. Outre cet intérêt immédiat pour l'initiative, c'est aussi son incomparable expérience des transactions en ligne qui a conduit à sa sélection.

Identification PayPal

Piloté par le "GDS" ("Government Digital Service", équipe chargée de la transformation numérique du gouvernement), le projet "Digital Assurance" a pour objectif d'adopter les services de tiers pour gérer l'identité des citoyens et opérer leur identification sur les sites de l'administration. Ainsi, après avoir fait valider son identité par le fournisseur de son choix (parmi les 8 retenus), l'utilisateur pourra accéder aux services publics avec ses identifiants habituels (par exemple ceux qu'il utilise avec PayPal).

Dans un premier temps, le service des retraites et, plus particulièrement, les demandes de règlement de pension serviront de plate-forme de test. l'objectif est cependant d'étendre le système très rapidement à toutes les administrations nationales et, dans la mesure du possible, locales. Cette ambition explique d'ailleurs la relative lenteur du déploiement, car les parties prenantes veulent s'assurer d'une compatibilité maximale.

Comme dans toutes les initiatives de ce genre, le recours à des acteurs établis pour gérer l'identité des contribuables est dicté par un ensemble de critères, de la rationalisation des coûts à la simplification de l'accès aux services publics (en réduisant le nombre de mots de passe que chaque individu doit retenir). En perspective (lointaine), c'est même une vision d'identité universelle qui est esquissée.

Or, alors que les banques sont généralement associées à un tel chantier, en raison de leur maîtrise des problématiques d'identification, en ligne et sur d'autres canaux, et de leurs capacités en matière de gestion d'identité, il est extrêmement étonnant de constater leur absence ici. Qu'elles aient choisi de ne pas se porter candidates (aucune n'est membre de l'OIX) ou que leurs dossiers aient été rejetés, elles ont raté une occasion de s'introduire sur un marché où leur légitimité leur donnait un certain poids...

jeudi 17 janvier 2013

Quand la Silicon Valley "révolutionne" la banque

GoBank
A l'occasion des dernières annonces de Movenbank, j'évoquais, il y a quelques jours, l'émergence d'une nouvelle génération de banques venant menacer les positions des établissements historiques. Voici une nouvelle illustration de cette tendance avec le lancement de GoBank, présentée comme la révolution du secteur vue par la Silicon Valley.

A l'origine de ce nouveau trublion figure la société Green Dot qui, jusqu'à maintenant, se positionnait sur le marché des cartes prépayées. Grâce à une licence bancaire acquise à travers le rachat d'une autre banque (rebaptisée depuis "Green Dot Bank"), elle franchit donc désormais un nouveau pas dans ses ambitions. Dans un premier temps, GoBank opère un démarrage limité, avec quelques clients recrutés par invitation, l'ouverture globale étant prévue dans le courant de l'année.

Afin de rectifier quelques informations erronées ayant circulé ces derniers jours, précisons d'emblée ce que n'est pas GoBank (malheureusement). Il ne s'agit pas d'une banque exclusivement mobile et, en particulier, il n'est pas prévu de permettre d'ouvrir un compte avec l'application pour smartphone (au moins pour l'instant). Il reste vrai qu'elle a néanmoins été conçue pour offrir tous ses services sur mobile et, en conséquence, une fois le compte créé, le client pourra ne plus jamais revenir sur son site web.

Page d'accueil de GoBank

Côté produits, l'offre n'est pas extrêmement innovante puisqu'elle comprend, un peu comme pour toutes les "nouvelles" banques de ces derniers mois, un compte courant avec une carte de débit, le classique (aux États-Unis) dépôt de chèque via mobile (par photographie), un réseau de GAB important et une option de paiement "P2P" (de "pair à pair") via adresse mail, numéro de téléphone ou compte Facebook.

S'y ajoutent deux possibilités moins banales (mais non exclusives), une de dépôt de fonds en espèces auprès des correspondants actuels de Green Dot (dont les magasins WalMart) et l'autre d'envoi de chèque par mobile (le client fournit les informations, la banque imprime et envoie le chèque à son bénéficiaire).

L'application mobile, pour iPhone et Android, propose, quant à elle, plusieurs fonctions qui sortent un peu de l'ordinaire, outre la gestion de budget qui y est naturellement intégrée. Tout d'abord, elle permet de créer un visuel personnalisé pour la carte bancaire, éventuellement en utilisant une photo issue de Facebook. Ensuite, suivant une tendance émergente, elle permet (si l'utilisateur le souhaite) de consulter le solde du compte sans saisie du code secret.

Enfin, "Fortune Teller" ("diseuse de bonne aventure"), la plus originale, rappelle la fonction "puis-je m'offrir ?" de Meniga, en plus ludique mais moins prédictive : avant de réaliser un achat important, le client peut interroger l'application pour vérifier sa capacité financière ou sa position par rapport à son budget. En cas d'incompatibilité, c'est un message plus ou moins humoristique, choisi parmi une large sélection, qui l'informe de sa situation ("Tu te rappelles la dernière fois que tu as gagné à la loterie ? Moi non plus.").

On le voit donc GoBank apporte quelques petites idées mais la révolution n'est pas au rendez-vous dans son offre. En fait, ses arguments les plus convaincants se situent sur le terrain des coûts, qui sont à la fois faibles et transparents. Ainsi, seuls 4 types de frais sont facturés : les retraits dans les GAB "hors réseau", les achats à l'étranger, le visuel personnalisé sur la carte et un abonnement mensuel. Et encore, ce dernier est optionnel : les clients choisiront de payer entre 0 et 9 $ selon leur degré de satisfaction !

En conclusion, la banque vue par la Silicon Valley ne s'avère pas si différente de celle que l'on connaît déjà. Bien que GoBank place l'innovation dans ses valeurs essentielles, elle tend surtout à se positionner par ses prix bas. Le concept pourra certainement séduire une certaine catégorie de consommateurs, dont ceux, nombreux, qui se plaignent de l'opacité des tarifs des établissements historiques, mais il laissera sur leur faim ceux qui rêvent d'une véritable disruption dans le secteur financier...

mercredi 16 janvier 2013

Les banques britanniques convergent sur le paiement mobile

Payments Council (UK)
L'an dernier, le "Payments Council" britannique annonçait, dans l'indifférence quasi-générale, le lancement d'une initiative visant à favoriser le développement de services de paiement "P2P" (de "pair à pair") sur mobile, à l'échelle du Royaume-Uni. Le ralliement au projet de 8 banques parmi les plus importantes du pays lui donne aujourd'hui une nouvelle impulsion.

Pour mémoire, la démarche engagée consiste essentiellement à mettre en place un registre national des numéros de téléphone des particuliers, associés à leurs comptes bancaires. Dans l'esprit de ses concepteurs, ce répertoire constituerait une source de données universelle pour tous les porte-monnaie mobiles. Ainsi, lorsqu'un consommateur veut envoyer de l'argent, il n'a qu'à fournir le numéro de téléphone du bénéficiaire, les références bancaires nécessaires à la transaction (un simple virement) étant alors extraites de cette base unique.

Les 8 banques partenaires (comprenant notamment Barclays, HSBC et RBS), qui représentent plus de 90% des comptes courants de particuliers au Royaume-Uni, se sont donc engagées à mettre en place un service de paiement mobile compatible avec ce système d'ici le premier trimestre 2014. En pratique, elles proposeront d'abord à leurs clients, au sein de leurs services en ligne, d'enregistrer dans le fichier commun leur numéro de téléphone et le compte à lui associer. La deuxième étape consistera à offrir les applications mobiles permettant de réaliser les échanges d'argent.

Paiements

Techniquement, le dispositif qui est en train de se construire est presque trivial car, en dehors de la mise en place de la base de données centralisée des comptes et de quelques règles pratiques à définir (par exemple pour la sécurisation des transactions et des applications), il repose sur les infrastructures existantes dont, en particulier, le réseau LINK (utilisé pour les retraits sur DAB) et, surtout, le service interbancaire "Faster Payments", capable d'exécuter des virements de compte à compte en temps réel.

Ces fondations sont, en fait, celles qui ont déjà fait l'immense succès de Pingit, le porte-monnaie mobile de Barclays (qui participe aussi à l'initiative du "Payments Council"). Il y a donc fort à parier, sauf si les 7 autres banques impliquées ratent totalement leurs déclinaisons du service, que les consommateurs vont adopter ce mode de paiement en masse. Et, si le précédent de Pingit est représentatif, ce sont non seulement les échanges d'argent entre particuliers mais aussi les paiements aux artisans et autres professionnels itinérants qui s'en trouveront bouleversés.

Comme je le pressentais dès l'origine du projet, la mise en œuvre de cette vision du paiement mobile universel s'avère extrêmement longue (sans surprise pour une initiative d'institutions financières...). Mais comme, en parallèle, les solutions alternatives ne progressent elles-mêmes pas très rapidement, l'échéance annoncée de début 2014 (en supposant qu'elle soit respectée) offre une excellente opportunité aux banques britanniques de reprendre la main dans un domaine qui tendait à leur échapper.

En effet, elles sont seules en position de cibler collectivement la quasi-totalité des consommateurs, avec une légitimité pratiquement incontestée. Si, comme le prédit une enquête réalisée par le "Payments Council", 30% des propriétaires de smartphones adoptent ces solutions, interopérables quel que soit leur établissement teneur de compte, il ne subsistera plus beaucoup de place pour la concurrence, du moins tant que l'accès à la base de données centralisée sera réservé exclusivement aux banques.

Pour conclure, reste la question qui brûle les lèvres : si les institutions financières britanniques parviennent à s'accorder sur un socle commun, leur exemple ne serait-il pas applicable dans d'autres pays ?

mardi 15 janvier 2013

RBS lance un réseau social pour les PME

BizCrowd
RBS n'est pas la première banque à ouvrir une plate-forme communautaire ciblant les PME (voir, par exemple, le "Réseau" du Crédit Agricole). Cependant, en choisissant de combiner dans "BizCrowd" une approche de type "réseau social" avec une mini-place de marché, l'institution britannique présente une solution plus originale qu'on ne pourrait l'imaginer au premier abord.

Le service proposé reste extrêmement simple. Toute PME installée au Royaume-Uni peut s'inscrire et exposer son offre dans une fiche de profil. Ces présentations sont intégrées dans des "boards" thématiques correspondant aux activités de l'entreprise (antiquités, services informatiques...). Au sein de ces différents espaces, tous les visiteurs du site ont la possibilité d'émettre leurs demandes de produits et services ou de poser leurs questions, de manière ouverte. Les fournisseurs enregistrés peuvent alors répondre et, le cas échéant, tenter de remporter les "appels d'offre" ainsi émis.

Quelques petits plus renforcent l'efficacité potentielle du dispositif. Chaque "board" dispose de son propre compte Twitter, qui permettra aux PME intéressées de suivre aisément l'actualité autour de leurs thèmes de prédilection (avec les appels d'offres, questions, informations générales, conseils... qui y sont rattachés). Inversement, toutes les demandes émises peuvent aussi être partagées sur les réseaux sociaux publics. Autre exemple de détail utile, la présentation de chaque entreprise peut s'accompagner de toutes les options de contacts imaginables (téléphone, e-mail, profil Facebook, page Google+...).

Page d'accueil de BizCrowd

Dans le registre purement "social", les concepteurs de la plate-forme affirment que les PME référencées seront essentiellement "filtrées" par la communauté des participants (sans toutefois exclure des contrôles plus formels). Pour ce faire, les utilisateurs disposent d'un système de notation et de commentaires leur offrant l'opportunité de donner leur avis sur les entreprises avec lesquelles ils sont en contact. Naturellement, ces évaluations sont proéminentes sur les profils des entreprises.

BizCrowd s'avère donc atypique dans l'univers bancaire, étant à la fois une sorte de réseau social d'entreprises (et non d'entrepreneurs, puisque les profils sont ceux des PME) et une place de marché généraliste et plutôt sommaire (mais entièrement gratuite). Ceci étant, en pratique, cette simplicité est peut-être également son argument le plus convaincant, qui rend la plate-forme extrêmement facile à appréhender et à utiliser.

Voilà en tous cas un magnifique exemple d'une banque affirmant vouloir participer au développement du tissu de PME de son pays et qui y met des moyens concrets et originaux ! Favoriser les relations entre des entreprises qui ne se connaissent pas, que ce soit dans un but commercial (côté place de marché) ou d'échanges d'informations et de conseils (côté réseau social), BizCrowd a clairement une fonction utile à remplir en cette période difficile pour bon nombre de petites structures...

lundi 14 janvier 2013

Trading et analyse de sentiment Twitter, le retour

DCM Capital
Dans le secteur financier, l'analyse des sentiments exprimés sur les réseaux sociaux a connu son apogée au printemps 2011, avec le lancement d'une multitude d'initiatives diverses et variées. Depuis, l'excitation pour ces approches est largement retombée mais cela ne signifie pas pour autant que tous les projets aient été stoppés.

L'actualité d'un des principaux acteurs de la vague d'il y a 18 mois, DCM Capital, nous donne aujourd'hui l'occasion de faire le point sur le sujet.

Commençons par un petit rappel historique. Tout a commencé, en gros, quand une équipe de chercheurs "démontrait", en 2010, que les sentiments exprimés par les internautes sur Twitter permettaient de "prédire" les mouvements des cours de bourse avec un taux de succès significatif (plus de 80% pour l'indice Dow Jones, 3 jours à l'avance). En synthèse, la technique utilisée consiste à extraire les "tweets" en rapport avec des actions cotées, en extraire une "humeur" (acheteur, vendeur ou neutre) et en déduire, statistiquement, une tendance.

Séduite par ces résultats, la jeune société DCM Capital a acquis une licence sur les algorithmes des universitaires et a créé un "hedge fund" dont la stratégie se basait sur le sentiment des "twittos". Depuis, selon Finextra, le fond a été discrètement fermé, bien que sa performance n'ait pas été honteuse : avec une modeste progression de presque 2%, il a dépassé le marché et la moyenne de ses concurrents. La société souhaite maintenant passer à un autre modèle opérationnel, qui se traduit par le lancement d'une nouvelle plate-forme de trading en ligne, DCM Dealer.

Celle-ci est tout à fait classique dans la plupart de ses fonctions : fil d'information, alertes en temps réel, suivi de portefeuilles, graphiques avancés, passage d'ordres... Sa principale originalité est de mettre à disposition des traders son dispositif d'analyse de sentiments. Fourni initialement sous forme d'indicateur en temps réel (le "Sentiball™"), il devrait être prochainement complété d'une vue historique des évolutions d'humeur des internautes.

Sentiball™

Autre axe de développement pour la startup, la mise à disposition de tiers de sa technologie, par l'intermédiaire d'APIs ("interfaces de programmation applicative"), est également envisagée. Avec ses 350 millions de tweets analysés chaque jour, produisant un "sentiment" sur plus de 10 000 indices, valeurs, devises et autres, les informations produites peuvent en effet intéresser d'autres spécialistes du trading, des chercheurs ou même des organismes publics.

Le choix initial de DCM de lancer un fond basé sur ses algorithmes avait l'ambition de démontrer concrètement la valeur, supposée immense, de l'analyse de sentiments pour les traders. Il faut reconnaître que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, même s'ils ne constituent pas un échec dans l'absolu. Le contexte difficile pour tous les hedge funds est probablement aussi en cause mais ces conditions font partie intégrante de l'expérience. Le retour à un modèle beaucoup plus classique, de source d'information parmi d'autres, marque donc probablement la fin d'une euphorie excessive.

Ce constat ne doit cependant pas laisser penser que l'analyse de sentiments n'a aucun intérêt. D'une part, malgré ses défauts et limitations, elle peut compléter et enrichir d'autres méthodes de détection de tendances (comme dans la nouvelle offre de DCM ou, précédemment, dans celle de Bloomberg) et, d'autre part, elle est applicable à bien d'autres domaines que le trading. Il suffit pour s'en convaincre de voir, dans un secteur totalement différent, les prédictions de mode d'IBM...

dimanche 13 janvier 2013

Movenbank sur la rampe de lancement

Movenbank
Annoncée il y a 15 mois, puis inaugurée à l'été dernier avec l'ouverture au public de "CRED™", solution d'estimation de la santé de ses finances personnelles, la banque mobile de Movenbank approche de son véritable lancement et la page d'accueil qui vient d'être entièrement rénovée en présente maintenant les principales composantes.

Fidèle aux promesses d'origine, cette nouvelle banque sera donc exclusivement disponible sur mobile, avec une palette de services essentiels : échange d'argent entre amis (via Facebook), paiement sans contact (NFC), suivi "intelligent" des dépenses, alertes en temps réel, dépôt de chèque (par photo)... Et, naturellement, CRED™ permettra aux clients de bénéficier d'avantages supplémentaires au fur et à mesure des progrès de leur score.

Rien dans cette offre n'est révolutionnaire en soi, si ce n'est que les concepteurs de Movenbank considèrent que les outils mobiles sont les seuls nécessaires aux consommateurs dans le monde actuel, et que les chéquiers, cartes de paiement en plastique, agences... sont parfaitement superflus. Movenbank s'inscrit ainsi en droite ligne de la "philosophie" de son co-fondateur, Brett King, telle qu'il la présente dans son ouvrage "Bank 3.0".

La seule vraie surprise de cette offre et, probablement, le seul point qui peut soulever le scepticisme est le choix de la technologie sans contact pour le paiement. Outre les doutes que l'on peut légitimement avoir sur l'avenir de cette approche, l'implémentation de Movenbank paraît un peu artisanale, puisqu'elle consiste en un "sticker" NFC à coller sur son téléphone.

Certes, les infrastructures des réseaux de paiement (Mastercard, en l'occurence) permettent de suivre les achats en temps réels même sans intégration plus complète mais une carte plastique aurait pu rendre le même service tout en offrant une universalité d'usage qui est encore loin d'être acquise pour le "sans contact". La volonté de proposer une solution mobile sans concession s'avère peut-être un peu excessive...

Movenbank

En ce sens, Movenbank, contrairement à l'initiative assez proche de [Bank]Simple, semble tenir plus d'une démarche expérimentale que de la création d'une véritable "banque 2.0". Ce point de vue serait d'ailleurs assez cohérent avec le fait que Brett King poursuit ses activités de consultant auprès des institutions financières historiques...

En tout état de cause, qu'il s'agisse de son objectif réel ou non, il y aura beaucoup à apprendre, pour les établissements traditionnels, de l'expérience de Movenbank. Et, parmi les leçons à retenir, la relative facilité avec laquelle il est possible de créer une banque de nos jours n'est pas des moindres. Comme le précise un billet sur le blog de la startup, il n'est pas nécessaire de détenir une licence pour ce faire, un partenariat avec une institution enregistrée est suffisant.

La compétition entre établissements se jouant désormais beaucoup plus sur les canaux d'interaction mis à disposition des clients que sur les produits financiers proposés (qui sont tous identiques, peu ou prou), il devient possible d'offrir une expérience utilisateur qui fait toute la différence, en s'appuyant sur un cœur bancaire fourni par un tiers, pourvu qu'il soit tout de même assez performant, par exemple en termes de fonctionnement "temps réel".

Finalement, Movenbank apportera à plus ou moins court terme une démonstration, certainement brillante, de la capacité qu'acquerront de plus en plus de jeunes pousses à bousculer les banques historiques et à leur prendre des parts de marché, si celles-ci ne prennent pas suffisamment au sérieux les signaux qui annoncent une révolution en cours dans les usages de leurs clients.